La direction nationale de la fédération CGT Santé et Action sociale était réunie les 27 et 28 août à Loches (Indre-et-Loire). Insatisfaite de l’état du dialogue social, sa secrétaire générale, Nathalie Gamiochipi, annonce à Hospimedia une rentrée « très revendicative » avec une journée de mobilisation le 16 octobre.
Hospimedia : « Quel était le programme de ces deux jours à Loches ?
Nathalie Gamiochipi : On a réuni notre commission exécutive de rentrée. On avait choisi d’organiser cette réunion à Loches puisqu’ici, des batailles assez importantes ont été menées à l’hôpital sur la question de l’évaluation des professionnels, avec des impacts sur leurs primes. Ces batailles qui ont duré de longs mois ont été victorieuses. C’est aussi la ville de la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Il y avait donc un double intérêt pour nous de faire notre rentrée à Loches. Cette commission exécutive a été essentiellement axée sur notre rentrée revendicative.
H. : Que prévoyez-vous justement à la rentrée ?
N.G. : On a une rentrée qui est vraiment très revendicative. La situation des hôpitaux et des établissements médico-sociaux est très tendue. Cela s’illustre par des luttes y compris pendant l’été, en témoigne Paul-Guiraud à Paris, la Timone à Marseille ou Pierre-Paul-Riquet à Toulouse. On a recensé 68 luttes depuis avril qui sont liées à des situations budgétaires critiques et qui se traduisent par des réductions d’effectifs, des restructurations, des réorganisations du travail… On a vraiment un fourmillement de combats, y compris des conflits sociaux pour la reconnaissance des qualifications. On a eu en juin la lutte des psychologues, des sages-femmes, des Iade [infirmiers anesthésistes diplômés d’État, NDLR]… S’il n’y a pas de conflits à proprement parler, les équipes n’en sont pas moins mobilisées sur des dossiers revendicatifs importants. C’est le cas en Indre-et-Loire avec le CH de Chinon et la clinique Jeanne-d’Arc, qui se bataillent pour l’avenir de l’hôpital et de la maternité.
On a enclenché une campagne que l’on a appelée « Plus d’argent pour la sécu » pour le financement de notre secteur, en lien avec les prochaines lois de finances. On a aussi en tête bien sûr la loi de Santé qui ne répond pas à nos attentes. On est donc dans la construction d’une mobilisation pour la rentrée. Il y a une date qui est déjà annoncée, le 16 octobre, qui sera une journée interprofessionnelle. Ce sera un temps fort de mobilisation pour les salariés de nos secteurs, mais aussi pour l’ensemble des salariés, puisque la question du financement de la sécu renvoie à la question des salaires et des cotisations sociales. On va par ailleurs inviter nos structures territoriales à aller rencontrer nos parlementaires pour les interpeller sur l’avenir du service public hospitalier et de l’action sociale. Sur les champs du médico-social et du conventionnel, on va aussi lancer une campagne reprenant nos propositions pour une convention collective de haut niveau. On va mettre en débat ces propositions pour que les salariés se les approprient et entrent dans la bataille pour exiger de meilleures garanties collectives.
« D’élections en élections, on sait bien que l’on a un problème de participation »
H. : Comment abordez-vous les élections professionnelles du 4 décembre prochain ?
N.G. : De manière très offensive. Notre campagne revendicative doit nourrir notre campagne électorale. Un de nos objectifs est d’aller le plus possible sur les lieux de travail, de rencontrer les salariés, de débattre avec eux de nos propositions et voir comment on porte leurs revendications. D’élections en élections, on sait bien que l’on a un problème de participation.
H. : Comment abordez-vous les futures négociations sociales dont le calendrier a été détaillé en Conseil des ministres ce 27 août ?
N.G. : On est quand même très insatisfaits de la nature du dialogue social aujourd’hui. On a beaucoup de discussions mais quelle est l’efficacité de ce dialogue ? Ce n’est qu’un affichage en fin de compte. Sur la loi de Santé, on a eu de multiples séances de discussion. On a participé à plus de 30 réunions et au final, on ne retrouve pas nos propositions. C’est une loi qui est dans la lignée de la loi HPST, qui renforce le rôle des ARS, ne met pas plus de démocratie dans les instances de décision, éloigne les salariés des centres de décision… Quant à l’Ordre national des infirmiers, on ne retrouve plus rien à son sujet dans la loi.
« On est très inquiets de tous ces allers-retours sur l’Oni »
H. : La ministre ne vous avait-elle pas annoncé fin mai que l’adhésion à l’Oni devait devenir facultative ?
N.G. : Si mais là, on ne retrouve plus rien dans le projet de loi donc on est très inquiets de tous ces allers-retours.
H. : Avez-vous obtenu le rendez-vous que vous avez sollicité auprès du Gouvernement concernant la catégorie active, certains agents étant menacés de perdre cet avantage ?
N.G. : Toujours rien. Mais je pense que l’on sera reçu. »
Source : Hospimedia – le 28/08/2014