Bonjour,
Parce que rien n’a été réglé !
Parce que le compte n’y est pas au niveau des lits, des effectifs et des salaires !
Parce que nous avons besoin de moyens pour notre secteur d’activité pour répondre aux besoins !
Parce qu’on veut bien travailler, bien vivre et bien vieillir !
Le 17 septembre, toutes et tous en grève, dans la rue et dans l’action !
Pour ceux qui veulent aller plus loin, je partage une réflexion sur la situation actuelle et sur la manière dont les médias tentent de brouiller nos capacités de compréhension.
Nous vivons une époque très particulière. Une crise sanitaire majeure avec une pandémie mondiale. Un réchauffement climatique avec des risques d’extinction des espèces. La première puissance du monde avance doucement vers la guerre civile…
Nous sommes dans un monde de plus en plus incertain, fragile et hostile. Et en même temps, nous sommes dans un monde toujours plus complexe. Cette complexité comme les enjeux importants impliquent la nécessité d’avoir régulièrement du recul et de prendre le temps de comprendre les situations auxquelles nous sommes confrontées.
Et dans ce travail individuel et collectif d’analyse et de compréhension, nous ne sommes pas aidés par les principaux médias qui devraient être là pour nous donner simplement du factuel, c’est à dire les faits tels qu’ils sont, laissant à chacun la possibilité, le libre arbitre de se faire sa propre interprétation des faits. Pourtant, on ne nous donne pas les faits. Ils sont dans l’interprétation permanente, dans la propagande, dans le mot d’ordre à longueur de journée, où ils nous expliquent du matin au soir, non pas la réalité telle qu’est elle mais ce que nous devrions croire ou faire semblant de croire.
Vendredi, c’était encore le cas. Trois personnes m’ont envoyé des messages pour me dire qu’ils m’ont vu sur BFM TV, une le matin tôt, une le midi et une l’après-midi. Cela signifie que le petit moment où j’interviens a été diffusé en boucle dans la journée, et cela signifie également que des personnes qui critiquent BFM TV la regarde quand même. Mais chacun fait ce qu’il veut. Le soir, je décide de regarder en Replay le reportage vidéo qui a été diffusé.
>> Pour voir le reportage de BFM TV : CLIQUER ICI
On se rend compte qu’ils ont une commande avant de faire un reportage, et en fonction de cette commande, ils vont faire dire à la personne interrogée d’une manière ou d’une autre ce dont ils ont besoin soit en coupant une phrase ou soit en la sortant de son contexte pour aller dans le sens du message qu’ils veulent faire passer. Et c’est plutôt ce qui s’est passé ici.
A la base, une journaliste de BFM m’interroge sur la lutte de Sisteron : « On a vu que vous avez gagné à Sisteron la réouverture des Urgences, pouvez-vous nous en dire quelques mots ? ». Je leur explique la lutte et la victoire collective. On me dit que c’est très intéressant.
Ensuite, on glisse vers la crise sanitaire, où on me demande mon ressenti et comment cela se passe dans la région PACA. Je leur explique que c’est surmédiatisé et que les équipes soignantes ne vivent pas la réalité que montrent les médias à la TV. Il y a une légère augmentation mais il n’y a pas la situation d’affolement et de crise tel qu’elle est présentée.
Alors, il m’est répondu « oui, mais il y a peu de lits disponibles ». Je lui réponds « effectivement, mais il y avait déjà peu de lits avant la crise sanitaire. A été imposée une gestion quasi à flux tendus où toute situation exceptionnelle met en tension le système. En région PACA, nous avons une ARS (Agence Régionale de Santé qui a été très active ces dernières années en termes de fermetures de lits de réanimation à tel point que nous avons seulement 460 lits de réanimation pour une région de 5 millions d’habitants. Il nous faudrait réouvrir a minima 50% de lits supplémentaires, soit 230 lits de réanimation hors période Covid. Et je rajoute que le gouvernement connaissant le nombre faible de lits de réa, est paniqué dès qu’il faut hospitaliser quelques dizaines de personnes dans un grand département comme les Bouches du Rhône. Alors, ils vont nous parler des masques, des comportements à risque des jeunes, pointer du doigt des boucs émissaires, pour ne pas que la population s’intéresse aux sujets de fonds comme par exemple tous les lits qu’ils ont fermés ces dernières années mais également le manque d’effectifs et les faibles salaires. »
Donc, on me dit que c’est très intéressant, puis on me demande en cas de forte augmentation des cas de Covid dans la région, que se passerait-il avec si peu de lits de réanimation.
Alors je réponds qu’il y a plusieurs risques possibles :
– Abandonner les patients atteints d’autres pathologies que le Covid comme ce fut le cas pendant 2 mois et demi en début d’année.
– Mettre en place des critères très durs humainement comme on a pu le voir dans certaines régions où on voyait des consignes de limiter voire d’arrêter l’hospitalisation des plus de 70 ans en réa.
– Et troisièmement, c’est le risque d’être dans l’affolement et dans le bricolage permanent, comme l’a vu aussi, avec la mise en place de « lits de réa de guerre ».
Donc, j’explique tout cela. Et je regarde vendredi soir ce qui a été diffusé. Le seul moment qui a été gardé c’est celui sur les risques encourus :
– Ils ne parlent pas de la victoire collective aux Urgences de Sisteron
– Ils ne parlent pas du fait que c’est surmédiatisé et qu’il n’y a pas d’affolement dans les services
– Ils ne parlent pas du fait qu’on manquait déjà de lits de réa avant la Covid et de ceux qu’il faudrait réouvrir
– on ne parle pas de la sur-médiatisation qui est faite par les grands médias
Tout ce qui les intéresse ce sont les risques encourus par la population.
Du coup, c’est une phrase enlevée de son contexte afin d’entretenir une peur, un affolement…
D’autre part, ils me présentent dans le reportage comme « Urgentiste », sous-entendu « Médecin urgentiste » alors qu’à aucun moment, ils m’ont demandé quelle profession j’exerçais. Non ! Je ne suis pas médecin et je ne travaille pas dans un service d’urgences !
Donc, on voit bien qu’ils avaient une commande de départ, et qu’ils sont prêts à s’arranger avec la réalité afin de livrer leur commande : « Avoir un urgentiste de la région PACA qui explique que nous sommes en danger ».
C’est pourquoi, il y a besoin de prendre du recul en ces temps troubles pour essayer de comprendre la situation.
Nous avons besoin :
– Ne pas se laisser déborder, écraser par trop d’information
– Ne pas se laisser déborder par les émotions
– Ne pas se laisser paralyser par trop de sidération
– Ne pas se laisser endormir par une propagande diffusée en boucle (qui est un des outils des dictatures)
– Ne pas accepter une présentation prêt à l’emploi de gens qui ont réfléchi pour nous.
– Pour toute chose, se demander « C’est quoi le problème ? »
– Ce qui est important ce n’est pas une opinion ou un commentaire, mais c’est de trouver le problème de fond.
– Le problème de fond est rarement apparent. Donc pour le chercher et le trouver, il va falloir sortir de sa zone de confort. Ce n’est pas une histoire de vrai ou de faux, c’est une histoire de sens. Il nous faut donner du sens aux choses.
– Le problème peut se poser de différentes façons.
– Et ensuite, il permet de dépasser le constat pour envisager alors des solutions au travers de propositions concrètes.
Donc pour agir, il ne faut pas vouloir tout savoir, il ne faut pas avoir trop d’informations. Il faut cibler des savoirs, puis les approfondir, pour ensuite construire des actions.
Pour conclure, sachant qu’Il n’y a pas d’avancée sociale, sans un mouvement social capable de l’imposer, sachant que c’est à chacun de nous de prendre en main notre destin, il est important de se mobiliser afin d’imposer nos choix et notre modèle de société.
La crise du Covid ne doit pas être un accélérateur de processus de reculs sociaux ou de sidération des populations mais au contraire elle doit être un accélérateur de processus revendicatif !
La liberté n’est pas l’ennemi de notre sécurité comme les salaires ne sont l’ennemi de l’emploi !
Nous avons besoin de fêter dignement le 75ème anniversaire de la sécurité sociale dont la période actuelle en témoigne une fois de plus toute l’importance !
Nous avons besoin d’un plan de rupture avec les politiques menées ces dernières décennies !
Comme le montrent certaines victoires récentes, quand on maintient la pression sur la durée, on obtient des avancées !
C’est pourquoi, il est important de continuer à se mobiliser, pour faire avancer nos revendications, comme ce sera le cas le jeudi 17 septembre !
RDV à 10h30 place du Général de Gaulle à Digne !
Bonnes luttes !!!
Pour la CGT,
Cédric Volait
>> Ci-joint le tract de l’UD CGT 04 ainsi que celui de l’USD CGT Santé et Action Sociale 04 :