30 juin 2015 – LE DIF a été supprimé dans le privé mais pas dans le public

Le CPF (Compte Personnel Formation) Remplace le DIF au 1er janvier 2015 dans le privé. Les heures de DIF restantes sont transférées dans le CPF et utilisables jusqu’au 1er janvier 2021.
Cependant, pour le moment, le DIF existe toujours dans le public.

Texte de référence dans la fonction publique hospitalière :
Décret n° 2008-824 du 21 août 2008 relatif à la formation professionnelle tout au long de la vie des agents de la fonction publique

Ci-joint un récapitulatif des questions qui nous sont le plus souvent posées :

1°) C’est quoi le DIF ?
Le Droit Individuel à la Formation est un acquis annuel d’heures que chaque agent peut utiliser à son initiative pour des formations selon certaines modalités. Il est mis en œuvre à l’initiative de l’agent en accord avec l’établissement.
Le DIF est un droit reconnu à chaque agent à demander une formation dans le cadre d’un contingent d’heures attribué annuellement.

2°) Qui peut bénéficier du DIF ?
Tous les agents sont concernés.
Les contractuels ainsi que les contrats aidés peuvent prétendre au D.I.F.

3°) L’établissement peut-il imposer un choix de formation à l’agent ?
Non, le DIF est effectué à la demande du salarié.

4°) Quelles formations sont concernées par le DIF ?
Le DIF concerne les actions de formation visant :
• à garantir, à maintenir ou à parfaire les connaissances et la compétence des agents en vue d’assurer leur adaptation à l’évolution prévisible des emplois (2b) ou le développement de leurs connaissances ou compétences et l’acquisition de nouvelles connaissances ou compétences (2c)
• à préparer les examens et concours (3)
• à s’inscrire pour un Bilan de Compétences (7)
• à s’inscrire pour une Validation des Acquis de l’Expérience (8)

5°) Comment se calculent nos droits au DIF ?
Les droits pouvant être acquis sont de 20h par an pour un agent à temps plein. Ils sont cumulables jusqu’à 120h et anticipables à hauteur des droits déjà acquis.
Une fois ce plafond atteint l’agent n’acquiert plus de droit mais conserve les heures acquises. En revanche, chaque heure consommée est déduite du quota, qui se reconstitue au rythme de 20 H/an et dans la limite des 120 H.

6°) Que représente le compteur DIF d’un agent au 1er janvier 2015 ?
Le DIF est entré en vigueur depuis le 1er juillet 2007.
Le compteur DIF au 1er janvier 2015 = 120 H, pour un agent à temps plein (depuis juillet 2007) : 10 H de 2007 + 20 H de 2008 + 20 H de 2009 + 20 H de 2010 + 20 H de 2011 + 20H de 2012 + 10H de 2013

7°) Quel calcul pour les temps partiel ?
Pour l’agent à temps partiel : la durée est calculée au « prorata temporis »
Exemple : pour un mi-temps, le nombre d’heures acquises sera de 20 H x 50 % = 10 H/an.

8°) Si l’agent est recruté dans l’établissement en cours d’année ?
Le quota DIF est également proratisé pour les agents recrutés en cours d’année.
Exemple : l’agent est embauché au 1er avril 2015, le nombre d’heures acquises sera de 20 H x 9/12 mois = 15 H au 31/12/2015.

9°) Peut-on dépasser notre quota d’heures DIF pour une formation ?
Oui. La différence peut être prise par anticipation si autorisée, mais l’agent s’engage à servir jusqu’à épuisement des droits acquis par anticipation.

10°) Quand peut-on utiliser son DIF ?
Le DIF est mobilisable pendant ou hors temps de travail.
La mobilisation du DIF hors temps de travail donne droit au versement d’une allocation de formation dont le montant est égal à 50 % du traitement horaire de l’agent (base des 12 mois précédant le début de la formation) correspondant au nombre d’heures du D.I.F. utilisées.

11°) Quelle est la procédure classique ?
L’agent formule une demande écrite datée et signée, mentionnant l’intitulé de l’action, sa durée en heures, le programme et les dates, au Directeur des Ressources Humaines de l’établissement, sous couvert de son supérieur hiérarchique.
Une réponse lui est adressée dans les 2 mois suivants. L’absence de réponse de l’établissement dans un délai de 2 mois vaut acceptation du choix de la formation au titre du DIF.

12°) L’employeur a-t-il une obligation d’information ?
Oui. L’employeur a l’obligation d’informer chaque salarié, par écrit et annuellement, du total des droits qu’il a acquis au titre du DIF.

13°) L’employeur peut-il refuser une formation dans le cadre du DIF ?
Oui. Mais, si au terme de 2 exercices civils consécutifs, aucun accord ne se concrétise, pour la même action, l’agent peut obtenir la prise en charge du DIF par l’ANFH qui étudie prioritairement alors la demande dans le cadre du CFP (Congé de Formation Professionnel) au regard de ses règles et priorités de prise en charge de ce congé.

14°) Les droits au DIF sont-ils transférables lorsque l’agent quitte son établissement ?
Oui. Les droits sont transférables dans le public : dans un autre établissement de santé, voire auprès d’une autre administration.

23 juin 2015 – « Lettre ouverte d’une infirmière en lutte »…Un témoignage poignant mais tellement vrai !!!

Lettre ouverte d’une infirmière en lutte

Retrouvez dans son intégralité, la lettre ouverte de Clémentine Fensch, infirmière à l’AP-HP, adressée à Martin Hirsch. Son témoignage diffusé sur le site la-bas.org a déjà été vu plus de 100 000 fois en quelques jours. Un témoignage poignant qui met en relief la difficulté des conditions de travail du personnel soignant en France.

« Lettre ouverte à Monsieur Martin Hirsch, Directeur de l’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris.

Monsieur le Directeur, cette semaine j’ai perdu mon sourire, cette semaine j’ai perdu l’espoir, cette semaine j’ai perdu mon énergie, et surtout j’ai perdu ma foi en le service public.

Je vous invite, vous et vos conseillers, à venir non pas un jour, mais une semaine au moins, examiner notre quotidien hospitalier, avec sa charge de travail, son lot de violence, d’exigences, de souffrances, de fins de vies, de soins palliatifs.

Venez à nos places tenter de réparer les vivants, passer vos journées debout à courir sans avoir le temps de manger, ni même d’uriner, terminer vos journées avec ce mal de dos, ces jambes lourdes et le cœur serré d’avoir vu la décrépitude des corps. Venez croiser le regard des mourants, trouver les mots justes pour essayer de les réconforter, eux et leurs proches. Tout cela en exerçant de gestes techniques précis, en anticipant des situations à risque vital, en exécutant toujours plus de tâches administratives, en encadrant des élèves infirmiers, tout cela avec toute notre énergie, notre bienveillance, avec nos sourires et sans jamais nous plaindre.

Comment osez-vous penser une seule seconde à raccourcir notre temps de travail quotidien, et a supprimer des jours de congés, si précieux pour nous ressourcer ?

N’avez-vous donc jamais mis les pieds plus d’une heure ou deux dans un service hospitalier. Nos jours de congés nous permettent de nous éloigner de cette masse de souffrance, de prendre soin de nous et de nos proches.

Dois-je vous rappeler que nous travaillons en général un week end sur deux, voire plus ? Que nous ne comptons pas nos heures lorsqu’il faut rester plus tard pour gérer une situation de crise ?

Nous ne sommes pas des fonctionnaires comme les autres. Je n’effectue pas des journées de sept heures trente, mais des journées de huit, voire de neuf heures, tout cela pour soigner correctement.

Vous, vous nous proposez le pire, et nous ne pouvons l’accepter. Aujourd’hui, les services hospitaliers sont au mieux en surchauffe, au pire en crise. On fait face à un nombre croissant de malades, à la découverte de nouveaux types de cancers, bref à une population de plus en plus vieillissante, et donc polypathologique et extrêmement fragile.

Vous voulez réaliser des économies sur notre dos : ce n’est ni éthique, ni moral. Nous prenons soin de vos grands-mères atteintes de Parkinson ou d’Alzheimer, de vos oncles atteints de leucémie, de vos enfants atteints de drépanocytose.

Nous sommes passablement usés, mais avec votre projet de réforme, nous sommes désabusés.

Il y a quelques années la durée de vie d’une infirmière à l’hôpital était de dix ans, aujourd’hui elle est de sept. Cela vous questionne-il ?

Vous devriez gonfler le budget hospitalier et surtout nos salaires, nous, le petit personnel, qui avons les mains dans la merdre, au sens propre comme au sens figuré.

Vous êtes en train de tuer le service public, tuer notre motivation et nos convictions. J’ai 31 ans, je travaille depuis 5 ans entant qu’infirmière pour le service public.

Après 3 années d’activité professionnelle dans un service de réanimation de 18 lits, que vous avez d’ailleurs eu l’occasion de visiter récemment, j’ai fait un burn out.

Je ne me suis jamais vraiment remise de la mort d’une patiente de 60 ans. Nous l’avons faite sortir en urgence pour accueillir un autre patient atteint d’une insuffisance rénale aigue qu’il fallait dialyser en urgence. Je me revois installer cette patiente sur un brancard, lui expliquer en deux mots qu’on la transférait dans un service plus léger. J’ai vu dans ses yeux son inquiétude, et faute de temps, je n’ai pu prendre ne serait-ce que deux minutes afin de la rassurer. Toujours plus de patients et toujours moins de temps. Cette patiente est revenue quarante minutes après sa sortie de notre service, intubée, ventilée sous catécholamine Elle avait fait un arrêt cardiaque de stress. Elle est décédée trois jours plus tard.

Et si cette femme avait été votre mère ? Que penser ? Que ressentir ? Que dire à ses deux enfants ? J’ai posé ma lettre de démission quelques jours après.

Je vous donne une piste intéressante pour réaliser des économies : les laboratoires pharmaceutiques, qui devraient être une industrie tournée vers l’humain et non le profit.

Trouvez-vous cela éthique et moral qu’ils facturent 41 000 euros trois mois de traitement par Sofosbuvir, médicament soignant l’hépatite C ? Ces entreprises pharmaceutiques dépensent seulement 12 % de leur fonds propres en recherche et développement, le reste étant financé par des fonds public. Commencez par vous servir dans l’argent que brassent ces entreprises. Et puis remettons le principal intéressé au centre de nos préoccupations : le patient.

La qualité des soins du service public passe d’abord par du temps, un bon accueil, une bonne évaluation clinique.

Vous allez faire mourir nos compétences, puisqu’on sera contraint d’en faire toujours plus avec moins de temps et c’est le patient qui va en pâtir. Le patient c’est vous demain, l’un de vos proches, votre bien aimée, vos enfants.

Mademoiselle Fensch Clémentine, infirmière à l’AP-HP. »

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12 juin 2015 – Mieux comprendre la loi santé pour mieux la combattre

Sur la loi Santé, c’est assez particulier, puisque le gouvernement commence à la mettre en œuvre avant même qu’elle soit adoptée. Sur la loi Macron, le gouvernement a choisi le passage en force par le biais de l’article 49-3. Pour la loi Santé, il a décidé la mesure d’urgence. Cela consiste en un passage dans chaque chambre, il n’y a pas de deuxième lecture, et ensuite, c’est la commission mixte paritaire, qui est composée de 7 députés et 7 sénateurs qui retravaille à partir du texte de l’assemblée, qui fait un nouveau texte, et qui est transmis pour un vote solennel, sans débat, dans les deux chambres. La procédure d’urgence, c’est une autre forme de passage en force, moins marquée que le 49-3, mais c’est tout de même une façon de limiter la possibilité de débat.
Le texte a été voté en première lecture à l’Assemblée Nationale le 14 avril. Il vient au débat au Sénat la 3ème semaine du mois de septembre et la seconde semaine du mois d’octobre. Donc vers le 15 octobre, il sera voté par le Sénat.
Ensuite, la commission mixte paritaire entre fin octobre et tout début novembre. En sachant qu’à ce moment là, nous serons en période de la loi de financement de la sécurité sociale dont le débat commence le 15 octobre et finit le 15 décembre. Et il devrait y avoir vote solennel de la loi santé dans la première quinzaine de novembre, et publication du texte fin novembre / début décembre, si on n’arrive pas à l’empêcher d’ici là.

Mais il y a déjà certains éléments de la loi qui s’applique au 31 décembre ou au 1er janvier. En tant que CGT, on ne peut pas accepter qu’une loi Santé importante soit mise en place sans qu’il y ait eu de débat. Nous devons exiger un temps de débat parlementaire mais également un temps de débat avec la population. On ne peut pas accepter que certains DG d’ARS aient déjà demandé aux directeurs d’établissements de mettre en œuvre certains aspects de cette loi, en particulier sur les éléments sur les GHT (Groupements Hospitaliers de Territoire).
Et même dans les établissements, on commence à entendre parler de la mise en commun de service informatique, la mise en commun de mission administrative, la mise en commun d’aspect logistique etc…sur le territoire, sachant que se pose la question des territoires de santé. Les GHT sont imposés pour les établissements publics dans le texte. Mais ce que peu de personnes savent c’est que les établissements privés qui ont des partenariats ou des coopérations avec des structures publiques vont être amenées dans le GHT.

Le directeur général de l’ARS aura comme mission en début 2016 de redécouper la région en territoires de santé. Il faut exiger une transparence sur la façon dont la région va être découpée. Il va falloir qu’on mette la pression en fin 2015 et début 2016 sur le DG de l’ARS sur la question : « Quel découpage de la Région en territoires de santé? »
Ce n’est pas une question mineure car la forme des territoires et leur nombre va conditionner les groupements hospitaliers de territoire.

Eux, ils parlent de répartition de l’offre de soins. En ne parlant pas des besoins, on organise une manipulation, où on donne une offre de départ (sans tenir compte d’aucun besoin) et en plus qui n’est pas discutable. Ils sont dans cette logique depuis 2009. Nous, on a intérêt à remettre au cœur la question des besoins des personnels et de la population.

La question des besoins doit être travaillée de manière pro mais également interpro. C’est comme ça qu’on va démontrer que ce qu’ils proposent ne convient pas du tout.

Dans la loi, on ne parle par de service public mais de service au public. C’est très important, les mots ont un sens. Une boulangerie réalise un service au public. Il y a une bataille à mener sur les mots.

Cette loi est vendue sur la généralisation du tiers payant qui débuterait au 1er juillet 2017. Il faut rappeler qu’au 1er semestre 2017, il y aura des élections présidentielles et législatives. Une mesure qui serait mise en place par une nouvelle majorité a tendance a atténué les effets de la mesure. Si vraiment, il y a une volonté de tenir cet engagement, pourquoi ne pas le mettre en place au 1er janvier 2017 ?

Certains socialistes ont vendu la mèche, en expliquant que les coopérations hospitalières et les groupements hospitaliers de territoires devaient générer 400 millions d’économies sur 3 ans. Ces économies viennent en plus de celles prévues. Donc, on voit bien que la raison première des GHT est de créer des économies supplémentaires.

Attention aux mots. A la CGT, nous ne sommes pas contre les coopérations. Les coopérations sont à la base de notre syndicalisme. Le « Coopérer », le « travailler ensemble » font partie de notre histoire. La différence c’est que eux ils utilisent le mot « coopérer » à la place de fusionner ou absorber. Oui, nous sommes contre les absorptions, oui, nous sommes contre le principe de fusionner. Parce que quand on fusionne, il y a 2 entités qui deviennent une.
Il ne faut pas qu’il y en a ait un qui « bouffe » l’autre ou qui spolie l’autre. A juste titre on va se battre contre ce projet de loi, à juste titre on va se battre contre les concrétisations de ce projet de loi, mais il ne faut pas que cette bataille soit, en faisant un raccourci, une opposition à la coopération. Si non, on va vite être en difficulté. Il faut qu’on porte le principe de la coopération en s’opposant au principe de la fusion. Les groupements hospitaliers de territoires, ce n’est pas coopérer, c’est faire 400 millions d’économies. Si on ne voit pas plus loin que son bout du nez, cela va créer des tensions entre syndicat CGT de différents établissements. Attention au repli sur soi, c’est surtout l’erreur à ne pas faire.

Nous devons avoir une convergence des luttes, nous sommes tous touchés, nous sommes tous citoyens et usagers du service public. Quand on fait dérailler le train, on fait dérailler la locomotive, mais les wagons suivent après.

Il faut qu’on élargisse le nombre de personnes qui comprennent ce qui se passe en leur donnant les outils. Il faut sans cesse combattre la manipulation, la désinformation, le manque de débat, l’utilisation incorrecte des mots (comme client au lieu de patient par exemple).

Le projet de loi santé en cours veut développer considérablement l’ambulatoire.
Sur l’ambulatoire, il faut à la fois combattre les projets qui se mettent en place et à la fois être compris pour pouvoir rassembler. Si on fait un sondage auprès d’usagers qui viennent à l’hôpital en chirurgie et qu’on leur demande s’il préfère rentrer chez eux ou s’ils préfèrent passer une nuit à l’hôpital, la réponse au sondage va être très massive. Evidemment que la réponse va être de dire : si je peux dormir chez moi, autant dormir chez moi. Poser comme ça, la question parait évidente.

Mais si on revient à ce qui se passe dans l’ambulatoire, la personne sort par exemple, à 18 / 19h00. En général, elle a dû confirmer qu’elle n’était pas toute seule chez elle. Ce qui, au passage, montre que ce n’est pas si simple que ça. De plus, en disant ça, elle décharge la responsabilité de l’établissement. Et elle fait porter la responsabilisé sur la personne qui est avec elle. Petit détail dont on ne parle pas tant qu’il n’y a pas de problème. Mais surtout, elle rentre, elle fait un détour par la pharmacie où elle va payer une franchise sur chaque boîte de médicament. Elle va avoir un certains nombres de produits qui ne seront pas remboursés. Et quand elle est rentrée, elle fait le marathon au téléphone entre l’infirmière libérale, le kiné. Puis quand elle fait le point, elle se rend compte qu’elle a des restes à charge. Si on leur pose la question à ce moment là, les mêmes qui aurait dit avant « personnellement, je préfère rentrer chez moi », après on n’aura peut être pas la même réponse.

Pour faire un lien avec la loi Macron, il est prévu que les CHU soient autorisés à avoir des activités lucratives et non pas des activités rémunératrices. Quand on a une cuisine ou une blanchisserie inter hospitalière et qu’on vend sa prestation à un EHPAD par exemple, on n’est pas dans une activité lucrative. Il s’agit d’une activité rémunératrice où on ne fait pas de profits. Si la loi Macron prévoit que les CHU puissent faire du profit, c’est qu’il pourra y avoir des activités sur lesquelles il gagne de l’argent. S’ils veulent ça, c’est parce que les groupements hospitaliers de territoires vont être adossés à un CHU. Et donc, les CHU vont pouvoir avoir la possibilité d’avoir des hôtels sanitaires qui sont sur le territoire ou à proximité de l’hôpital.

Si on porte l’idée d’un service d’hospitalisation publique, on tord aussi le coup à cette idée que le soin c’est que le technique, et que l’hébergement ce n’est pas du soin.

Ils ne veulent pas privatiser la sécu dans son ensemble. Eux, ce qu’ils veulent, c’est prendre le complémentaire, et que le complémentaire soit de plus en plus large.
Que l’obligatoire, le général soit toujours assuré par la sécu, mais en étant de plus en plus restreint. Et qu’on élargisse le complémentaire afin que le monde financier soit dessus.
Maintenant, toutes les banques ont un produit qui s’appelle Crédit Santé. Et quand une banque nous fait un crédit ce n’est pas pour répondre à un besoin, mais c’est pour faire un profit. Car il y a de l’argent à gagner sur cette partie complémentaire.

La CGT porte l’idée que les centres de santé sont un échelon de proximité, sont une réponse de proximité et ambulatoire. C’est important de ne pas accepter l’idée que quand on parle ambulatoire on parle forcément d’activité libérale, on parle forcément d’infirmières libérales.

Concernant les GHT (groupements Hospitaliers de Territoire) qui remplacent les CHT, ce n’est pas un simple changement de mot. On change la nature, on vient sur de l’adhésion obligatoire. Les établissements doivent conclure avant le 31 décembre 2015 (et au plus tard le 1er juillet 2016) une convention dans le cadre des GHT, en avançant sur un programme médical commun. C’est entrain de se faire en ce moment.

Un GHT ce n’est pas une structure, c’est une appellation. Ce sera certainement un mélange de trois choses : des fusions d’établissements, des directions communes, et probablement, pour chapoter l’ensemble sur le territoire, un groupement de coopérations sanitaires. Probablement, le groupement hospitalier de territoire va être un ensemble de tout ça.
L’objectif, derrière tout ça, c’est de diminuer le nombre de centre de décision. Il y a actuellement entre 97 et 100 territoires de santé. Au plan national, on a environ 1200 hôpitaux publics et un petit millier d’EHPAD publics. Globalement on a environ 2000 structures publiques sanitaires et médico-sociales. 2000 directions, 2000 conseils de surveillance, 2000 CTE, 2000 budgets. L’objectif sera d’avoir moins de 100 groupements hospitaliers de territoires. Et donc on passe de 2000 entités, budgets etc… à moins de 100.
On passera alors à moins de 100 chefs d’établissements, moins de 100 CTE…

Ce sera plus facile pour le DG d’ARS d’avoir la main mise sur les décisions. A noter aussi le rôle important des préfets de région qui sont les présidents de conseil de surveillance des ARS. Les ARS sont les fossoyeurs de la santé dans notre pays. Quand ils nous parlent de soins, nous avons l’impression d’être à Carrefour.

A noter également que diminuer le nombre d’instances, c’est diminuer le nombre d’élus du personnel dans leur logique.

Voilà un aperçu du projet de loi santé contre lequel nous devons nous mobiliser.

POUR CONSULTER NOTRE DOSSIER COMPLET SUR LES GHT (AVEC LES DIFFERENTS ARTICLES ET TRACTS), CLIQUER ICI

11 juin 2015 – Interview de Jean-Claude Ghennai, secrétaire général du syndicat CGT du centre hospitalier de Manosque.

Jean-Claude Ghennai a été réélu secrétaire général à l’issu du congrès du 2 juin 2015. A cette occasion nous l’avons interrogé sur le congrès et le bilan du syndicat CGT lors des 3 dernières années :

Ce congrès a été un moment de débat et de construction de notre avenir mais aussi et avant toute chose d’analyse du mandat qui s’achève.

Nous avons essayer de comprendre et de débattre sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, sur nos réussites et nos échecs afin de nous tourner vers l’avenir en construisant un syndicalisme qui ressemble à nos réalités locales.

La CGT, première organisation syndicale au Centre Hospitalier de Manosque aux élections de 2011 et dans la Fonction Publique Hopitalière, porte les exigences des personnels que ce soit en matière d’emplois, de salaires, de respect et de développement des qualifications, de formation professionnelle, de conditions de vie et d’organisation du travail. C’est en s’appuyant sur ses repères revendicatifs, les revendications des personnels, sur la loi, en la faisant respecter pour maintenir les acquis tout en cherchant à gagner de nouveaux droits pour toutes et tous que la CGT construit son action avec tous les agents hospitaliers et les militants.

Au Centre Hospitalier de Manosque, cette première place a été légèrement confortée par les résultats aux dernières élections du 4 décembre 2014 qui a vu notre score au CTE progresser d’environ 1 point en nous plaçant à 52,75% des voix et obtenant la majorité absolue. Nous obtenons 6 sièges sur 10 au CTE alors que nous sommes 3 syndicats sur l’établissement. Pour les CAPL, les résultats sont plus à nuancer. Nous avons obtenu 1 siège sur 2 aux CAPL 2, 5, 7 et 9. On note un recul dans les CAPL 2 et 5. Très bon résultat pour la CAPL 8, qui est la plus importante en termes de nombre de personnels, où nous obtenons 2 sièges sur 3. A la CAPL 10 nous obtenons le seul siège disponible. Et enfin, carton plein à la CAPL 6 où nous raflons 100% des sièges, soit 2 sur 2. Soit au total 9 sièges sur 14.

Ces résultats nous ont aussi permis d’obtenir un siège supplémentaire de titulaire et un de suppléant au CHSCT ou nous disposons maintenant de 4 sièges sur 6. Nous disposons du Secrétariat du CHSCT et sommes représentants du CTE à la CME.

La CGT du Centre Hospitalier de Manosque intervient dans les Commissions Administratives Paritaires (CAPL) dans le souci de l’équité qui garantit aux agents hospitaliers de se voir traiter dans l’avancement, la note, la carrière, la titularisation… de la même façon. Nous refusons le « à la tête du client ». De nombreuses erreurs et dysfonctionnements soulevés. De nombreux cas ont pu être solutionnés dans une approche collective par des militants défendant les droits des personnels avec force et conviction. Plusieurs agents ont été accompagnés dans leur démarche pour contester le gel de leur note. Plusieurs issues favorables ont été trouvées. Grâce à l’intervention de la CGT, plusieurs agents ont pu obtenir une NBI (nouvelle bonification indiciaire) avec effet rétroactif.

De nombreux agents conseillés et accompagnés dans leur litige avec l’administration. Avec à la clé plusieurs victoires pour les salarié(e)s.

Nous avons fait face pendant cette mandature à une augmentation des demandes de soutien relatif à des souhaits de reconversion professionnelle de salariés.
Plusieurs agents ont été conseillés et accompagnés dans leur projet de reconversion professionnelle.

Lors de cette mandature, nous avons commencer à mener des réflexions sur le travail qui ont conduit à certaines actions.

Agir sur le travail, porter l’exigence de sa transformation, c’est agir pour et en prévention. Porter l’exigence du droit d’expression des salariés sur leur travail participe du nécessaire débat sur la qualité du travail et l’exigence du bien travailler.

Utiliser les CHSCT et poser les revendications sur l’organisation et le temps de travail pour combattre toutes les formes de souffrance au travail est un enjeu humain et économique. Pour la CGT de l’établissement, cette démarche est une des conditions d’un développement humain durable.

La démocratie au travail reste à construire à partir de son contenu, son organisation.
Soigner le travail, c’est répondre tant à l’interrogation sur le « pourquoi je fais » qu’à celle sur le « comment je fais ».

Depuis 2011, nous avons renforcé notre prise en compte du CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail). Nous avons mis l’accent sur la formations des membres CGT/CHSCT. Nous avons renforcé nos préparations d’instances et notre maitrise des dossiers. Nous avons mené des enquêtes, effectuer de nombreuses propositions dont certaines ont pu se concrétiser.

Nous avons également poussé en instances à de nombreuses reprises pour qu’une enquête sur les risques psycho-sociaux soit réalisée dans l’établissement par un prestataire extérieur. En effet, nous avons assisté ces dernières années à une dégradation des conditions de travail au sein de l’établissement. Un hôpital neuf ne rime pas forcément avec bonnes conditions de travail.

Le syndicat CGT se trouve malheureusement souvent seul pour dénoncer cette absence de dialogue social et cette dégradation des conditions de travail. Il a dû prendre ses responsabilité à plusieurs reprises. La CGT a organisé de nombreuses assemblées générales avec les agents pour construire des revendications collectives et pour décider ensemble des actions à mener.

Par exemple, début 2014, la direction a supprimée de manière autoritaire, et sans consultation des instances, les temps de travail à 80%. Cette mesure a généré une aggravation considérable des risques psychosociaux, déjà élevés dans l’établissement.

Face à la mobilisation opiniâtre des personnels, sur plusieurs semaines, aidés par l’argumentaire sans faille du syndicat CGT de l’hôpital de Manosque, l’administration est revenue sur sa décision de supprimer le temps de travail à 80 %. La lutte et les «vendredi de la colère» ont payé.

Une autre victoire en 2014 a porté sur la non discrimination des femmes enceintes relative à leur avancement de carrière.

On voit bien que le travail de la CGT de l’établissement ne se limite pas aux instances ou au dialogue et lorsque c’est nécessaire, nous n’hésitons pas à entrer dans l’action.
Entrer dans l’action se décide avec le personnel.

Notre syndicat se veut offensif et démocratique. On ne doit pas opposer les deux. Personnellement, je pense que les deux représentent l’essence même de notre syndicat, sont indissociables et complémentaires. Une attention particulière sera porté à la qualité de vie syndicale pour les trois prochaines années.

L’hôpital a connu 5 DRH en 5 ans, ce qui n’est pas propice à un dialogue social apaisée et constructif permettant l’amélioration des « conditions de travail » et le respect réglementaire des instances représentatives du personnel trop souvent bafouées par la direction. La CGT dénonce également un retard important dans le traitement administratif des dossiers des personnels (Accident du travail, maladie ordinaire, maladie professionnelle…).

Les salariés ont conscience du travail fourni par le syndicat CGT afin de les défendre au quotidien, et nous ont reconduit leur confiance en nous plaçant à nouveau première organisation syndicale du CH Manosque à la majorité absolue. Cela se voit également à travers l’augmentation du nombre de syndiqués : environ + 30% en 3 ans.

La dernière avancée obtenue par le syndicat CGT est la mise en place d’une commission paritaire de reclassement, lors du CHSCT du 31 mars 2015, pour les personnels réintégrant l’établissement suite à une absence pour raison de santé.

Les avancées c’est bien, mais les faire connaître c’est beaucoup mieux. C’est pour cela que nous avons renforcé ces dernières années notre politique de communication.

Le contexte actuel nous impose d’élaborer des stratégies et des luttes à la hauteur des attaques qui nous sont portées. C’est pour cela que nous avons besoin d’outils sur lesquels s’appuyer, tant sur le fonds que sur la forme.

La bataille des idées est menée par la direction, nous l’avons vu ces 3 dernières années, et nous le verrons encore dans les prochaines. Nous devons être encore plus explicatifs et présents dans les services afin de ne pas laisser le fatalisme et l’acceptation s’installer.

C’est de notre responsabilité de gagner ces batailles et de donner espoir par des luttes et des victoires aux agents.

Le personnel attend beaucoup de nous.

Et le choc va s’amplifier dans les prochains mois car l’annonce d’un plan d’économie aux directeurs des établissements de la région PACA, au mois d’avril, laisse présager des attaques violentes contre les droits des personnels, leur emploi, leur conditions de travail et leur statut.

Nous devons nous attendre à des conflits violents. Des réflexions sont et doivent s’engager au niveau départemental, régional et national. La CGT ne restera pas muette et fera ce qu’il faut pour élever le rapport de force et engager la lutte. Nous devrons avoir peut être le courage ou l’ambition d’y aller seuls car nous avons hélas pu constater l’inertie des autres organisations syndicales quand les annonces et les attaques se produisent. Nous n’avons pas une version en instance et une autre devant les salariés. Nous ne nous fourvoyons pas dans des accords dissimulés ou de la complaisance. Nous ne prétendons pas défendre les salariés tout en cédant à la moindre pression ou demande de la direction.
Il est important que nous soyons vigilants et que nous communiquions avec le personnel qui est déboussolé par ces revirements continuels.

Et je remercie encore l’ensemble des syndiqués ayant participé à la préparation et à la tenue de ce congrès.

3 juin 2015 – Intervention de Cédric Volait lors du congrès du syndicat CGT de l’hôpital de Manosque du 2 juin 2015

Face aux politiques d’austérité et aux dérives d’autoritarisme, nous avons besoin d’un syndicalisme offensif et efficace mais également de proximité, de solidarité et de convivialité.

C’est quoi la qualité de vie syndicale ?
C’est avant tout se poser un certain nombre de questions :
Les syndiqués ont-ils accès à l’information et sont-ils informés de manière équitable ?
La démocratie et la transparence sont-elles une de nos priorités permanentes ?
Avons-nous mis en place toutes les conditions afin que les syndiqués aient envie de s’impliquer ?
Les conditions sont-elles réunies pour qu’ils puissent échanger, débattre et s’impliquer ?
Est-ce que les militants prennent plaisir à se réunir et à travailler ensemble?
Tous les syndiqués ont-il accès à la formation lors de leur syndicalisation, lors de leur prise de mandat, et tout au long de la vie syndicale?
Notre communication est-elle réactive, accessible et démocratique ? Permet-elle de positiver notre travail et nos actions ?
A-t-on une politique financière de qualité et transparente ?
Maitrise-t-on assez et optimise-t-on assez le droit syndical ?

Voilà quelques uns des aspects de la qualité de vie syndicale.

Les temps difficiles, le stress du quotidien, nous en font parfois oublier l’essence même de notre syndicalisme.
De nombreux salariés sont prêts à s’investir dans un syndicalisme de conquête dès lors que notre démarche syndicale leur parait claire.
La recherche de l’amélioration de notre qualité de vie syndicale permet de réaffirmer les règles définies dans nos statuts et les orientations définies dans nos congrès confédéraux.

En effet, la qualité doit être au cœur de chacun de nos réflexes, chacune de nos analyses.
Nous devons rendre acteur chaque syndiqué, nous devons donner à chacun la possibilité de participer à l’activité syndicale.

Faire de la place aux jeunes et placer notre boussole vers demain sont au centre de la réflexion que nous devons mener sur la qualité de vie syndicale.
Nous devons également travailler à la continuité syndicale.

De plus, nous devons réunir les conditions pour que les syndiqués et les militants soient libres de s’exprimer, d’affirmer leurs positions sans avoir de pression, et sans être stigmatisé. Nous devons faire en sorte que chacun se sente bien dans le syndicat. Ce sont les bases pour s’engager sans réserve dans l’activité syndicale.

Ce ne sont pas des campagnes de syndicalisation dont nous avons besoin, mais des campagnes de qualité de vie syndicale.

3 juin 2015 – Le journal de l’UD CGT 04 du mois de mai 2015

Journal CGT UD 04 mai 2015


Sommaire :

Pages 1 : Edito du SG de l’UD CGT 04

Page 2 : Manifestation du 9 avril (suite)

Page 3 : Soirée « Coût du travail ou coût du capital? »

Page 4 : Un 1er mai festif avec comme fil conducteur la lutte à Sanofi

Page 5 : La souffrance au travail

Page 6 : Interview de Patrick Loriou sur la formation NIVEAU 1 + Formation Accueil et défense syndicale

Page 7 : Humour

Page 8 : Journée Jeunes + Journée sur le secteur de la propreté

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