27 avril 2021 – Billet d’humeur de la semaine de Christophe Prudhomme « Docteur junior »

1274. Ségur de la santé Christophe Prudhomme

Billet d’humeur de la semaine

Docteur junior

Une nouvelle réforme des études médicales a allongé la période de l’internat qui s’étale maintenant sur 4 à 6 ans selon les spécialités. Cela signifie que les jeunes médecins ne peuvent vraiment exercer pleinement leur métier qu’au bout de 10 à 12 ans d’études. En fin de cursus, sous réserve d’avoir validé leur thèse de doctorat, les internes obtiennent le titre de « médecin junior » et peuvent donc travailler à l’hôpital comme médecin avec toutes les responsabilités afférentes, mais ils continuent à être payés comme internes.

En fait il s’agit de la transposition de ce qui existe dans d’autres secteurs d’activité avec les stagiaires en fin d’études qui occupent des postes de salariés à responsabilité tout en étant sous-rémunérés. Ce qui est scandaleux est que ce sont les fameux praticiens hospitalo-universitaires, c’est-à-dire les professeurs de médecine, qui ont imposé cette réforme au gouvernement qui a sauté sur l’occasion pour pouvoir faire fonctionner les hôpitaux au moindre coût en bénéficiant d’une main d’œuvre qualifiée, taillable et corvéable à merci.

La crise actuelle a mis en lumière de manière brutale ce système de surexploitation des jeunes médecins qui, restant sous tutelle et étant dans l’obligation de remplir leur service pour valider la fin de leur cursus, ont été contraints de multiplier les heures et les nuits de travail pour assurer le fonctionnement de l’hôpital dans un contexte de pénurie de praticiens hospitaliers titulaires.

En effet, il faut savoir qu’au-delà des fermetures massives de lits qui nous font cruellement défaut aujourd’hui, l’hôpital public manque dramatiquement de médecins avec 25 % des postes de titulaires vacants. Et encore ce n’est qu’une moyenne ! Dans le secteur de la réanimation, essentiel aujourd’hui, le déficit est estimé à 1 000 médecins. La solution d’avenir ne peut être de pressurer les plus jeunes au risque de les dégoûter, voire même pire avec l’augmentation du nombre de suicides chez les internes constatée ces derniers mois, très souvent dans un contexte d’épuisement professionnel.

Dr Christophe Prudhomme

24 avril 2021 – Que savons nous des nouvelles revalorisations salariales à compter d’octobre 2021 ?

Salaire fonction publique hospitalière

Le ministre de la santé a fait des annonces ces derniers jours concernant de nouvelles revalorisations salariales. Nous sommes dans une situation identique à celle de PPCR puisque nous sommes dans un reclassement comme c’est écrit dans le protocole à l’indice identique ou immédiatement supérieur.

Le calendrier initialement prévu au 1er janvier 2022 passe au 1er octobre 2021. Les agents auront une augmentation de 40 euros en moyenne, allant de 23 euros pour les catégories C à 54 euros en moyenne pour les catégories A de la fonction publique hospitalière. Et cela n’est qu’une moyenne, ce qui signifie que certains auront plus, d’autres n’auront rien.

Ces agents vont rentrer dans des nouvelles grilles avec ensuite des indices plus élevés. En toute fin de carrière, une centaine de points d’indice en plus pour les aides-soignantes mais cela leur rajoute 12 à 13 ans de carrières supplémentaires. Ce qui fait que les aides-soignants qui ont entre 40 et 50 ans aujourd’hui ont très peu de chance d’aller au bout de la carrière. Et c’est le même principe pour les autres professions concernées. On est en moyenne sur une centaine de points en fin de carrière pour les catégories soignantes et médico-tech, pour 3 ou 4 échelons supplémentaires. La grande majorité des agents ne verront jamais ces indices.

>> 500 000 gagnants / 500 000 perdants :
500 000 hospitaliers bénéficieront d’augmentations mais 500 000 autres en seront privés. Après les « oubliés » du Ségur, le gouvernement crée là les « écartés » des revalorisations salariales : les ASH, les techniques (AEQ, OP…), les administratifs, les moniteurs éducateurs… sont oubliés. Donc, ce sont surtout les plus bas salaires qui sont pénalisés.

>> Les contractuels écartés également ?
La plupart seront écartés, certains en bénéficieront.
Il y a des contractuels qui sont embauchés sur une grille valable au moment de leur recrutement. Il est alors très compliqué de les faire passer sur des nouvelles grilles, on l’a vu au moment de PPCR où de très nombreuses directions n’ont pas voulu les insérer dans les nouvelles grilles. On va avoir le même problème avec les nouvelles grilles du mois d’octobre 2021.
Et puis, il y a les contractuels recrutés sur un emploi à l’indice avec des indices parfois rocambolesques. Là aussi, cela renforce l’arbitraire. Et certaines professions pourront peut être négocier, d’autres non.

Globalement, ce sera très compliqué pour les contractuels de bénéficier des nouvelles grilles. C’est une nouvelle fois injuste. Celles et ceux qui auront le pouvoir de faire peur aux directions en les menaçant de ne pas rester auront peut être le pouvoir de faire bouger les lignes.

>> Et pour les catégories B?
Les nouvelles grilles ne sont pas encore sorties. Olivier Véran fait des annonces à la presse sans avoir donné les grilles aux syndicats. C’est atypique mais c’est assez cohérent avec leur manière de faire. Ce qu’il est dit aujourd’hui, même si nous n’avons pas les grilles c’est que les aides-soignants passeraient dans la grille B des infirmiers. Les infirmiers passeraient dans la grille des attachés d’administrations.
Donc, beaucoup d’incertitudes… Car tout cela reste être à confirmer.

Pour les personnels soignants qui sont restés en B et qui ont fait l’option de ne pas aller en A, ou les catégories A qui ne sont pas aller dans les nouveaux corps du A (comme les IADE), il a toujours été dit qu’ils auront une revalorisation à due concurrence de ce qu’à eu le même corps en A. Donc, si les infirmières en A ont 100 points de plus, le même nombre de points devrait être ajouté pour les infirmières en B. Sachant qu’entre une aide-soignante en B et une infirmière en B, il n’y aura pas une grande différence (40 à 50 points d’écart). Et ce qu’il est dit en ce moment, c’est que peut être les infirmières catégorie B n’auraient pas ces 100 points d’indice mais auraient pas possibilité d’intégrer le dispositif des catégories A.
Les plus jeunes qui étaient restés en B en 2010 avaient 35 ans. Donc, les plus jeunes aujourd’hui en B ont environ 45 ans et plus. Qu’ils intègrent le A ou le B, de toute façon, ils n’iront pas au bout des évolutions et des 100 points en plus. Donc, cela ne changera pas grand chose d’aller en A ou en B.

La revendication de la CGT, c’est de mettre tout le monde dans le corps du A en gardant la pénibilité pour ce qui l’avait, et en redonnant la pénibilité pour celles et ceux qui l’ont perdu. Et avec 300 euros de plus au moment du reclassement.

Si on regarde les chiffres donnés pour le Ségur, les 7 premières années de la carrière des aides-soignantes en C vont tous arriver dans le premier échelon de la catégorie B. Donc, c’est 7 années d’ancienneté perdu.
Une aide-soignante qui a 30 ans aujourd’hui ne verra jamais le bout de la carrière car elle va perdre son ancienneté. Pour les autres, elles n’iront pas non plus car ils créent un troisième grade dans lequel il n’y aura personne, en rajoutant 12 ou 13 ans de carrière.
Aujourd’hui, si un aide-soignant est au dernier échelon du deuxième grade d’aide-soignant au C3, il faudrait qu’il ou elle ait moins de 48 ans pour pouvoir avoir accès au futur dernier échelon qui sera proposé avant sa retraite, ce qui totalement impossible si il ou elle prend sa retraite à 60 ans.
Donc, ils créent des carrières en trompe l’œil où personne ne pourra y accéder.
Comme les simulations d’Olivier Véran de ces derniers jours, ce sont des exemples virtuels !
C’est quand même assez malhonnête !
Dans les prochaines semaines, ils vont dévoiler toutes les grilles, et à ce moment là, nous pourrons dénoncer encore plus clairement les mécanismes qui sont créés.

Une des questions centrales qui se posent : celles et ceux qui sont écartés des augmentations ne sont-ils pas ceux qu’ils veulent privatiser ?
C’est le sentiment que nous avons.

L’une des revendications de la CGT, c’est l’augmentation du point d’indice. Ces annonces viennent confirmer qu’on avait raison. Si on avait augmenté l’ensemble des personnels, et il n’y aurait pas eu d’écartés.
Dans ces annonces, la filière ouvrière n’a rien !
La filière administrative n’a rien !
La filière socio-éducative n’a rien !
Les sages-femmes et les psychologues n’ont rien ! Etc…
La moitié des personnels de la FPH écartés ! C’est inadmissible !

Les annonces du gouvernement laisserait penser que les infirmières auraient 300, 400 ou 500 euros de plus au 1er octobre 2021. Non ! Ce n’est pas juste ! Premièrement, les annonces intègrent les 183 euros. Deuxièmement à un instant T personne n’aura ces revalorisations là.

Comme à chaque fois avec ce gouvernement. Il y a une solution apportée à un problème qui entraine de nombreux autres problèmes et le tout enrobé d’un grand plan de com.
Ce gouvernement a fait des effets d’annonces sur des sommes importantes (300, 400, 500…).
Personne en octobre 2021 n’aura une augmentation de ce niveau !
Ce sera 40 euros de moyenne et certains n’auront rien !
Par contre après, il y aura des avancements d’échelon qui amèneront des sommes plus intéressantes mais ça va s’étaler sur longtemps et il faudra travailler plus longtemps pour arriver aux échelons les plus intéressants… dans un contexte où les hospitaliers sont usés de plus en plus jeunes.
La durée de vie d’une infirmière dans la FPH est de 7 ans en moyenne.
Très peu d’infirmière travaille 40 ans.
On le voit en commission de réforme, il y a des cas de plus en plus lourd, de plus en plus jeune.

Travailler plus longtemps est irréaliste !
Donc, ces grilles sont virtuelles !
La CGT et les personnels continueront de se mobiliser pour gagner de véritables augmentations salariales !

9 avril 2021 – Retour sur le rassemblement contre le projet de fusion des hôpitaux de Riez, Puimoisson et Valensole

1353. Non à la fusion des hôpitaux de Riez, Puimoisson et Valensole

Bonsoir,
Dans cette période trouble et d’incertitudes, où se multiplient les projets de restructurations tant dans le public que dans le privé, il est nécessaire de ne pas rester à la surface (là où ils veulent nous maintenir) et d’approfondir les sujets de fond. Il nous faut nous concentrer sur le factuel… Loin des slogans et de la médiocrité dans laquelle ils essaient de nous enfermer (comme dans la paresse intellectuelle et d’engagement) … En gardant comme boussole la défense de l’intérêt des personnels et des populations.

C’était le sens de la mobilisation de mercredi matin, lors du rassemblement à Riez, malgré toutes les difficultés rencontrées, où nous avons croisé des personnels et des citoyens, faisant preuve de bon sens, ayant très bien compris en quoi consistait une fusion d’hôpitaux et pourquoi il fallait se mobiliser pour ne pas qu’elle soit mise en œuvre.

Contrairement à ce qu’explique la direction du GHT 04 à la fin de l’interview de France 3, le but d’une fusion n’est pas d’améliorer le système informatique ou d’améliorer le fonctionnement de la pharmacie. On a eu l’impression d’écouter un sketch, une blague… On pourrait alors lui demander dans la suite logique : Si on veut repeindre de la même couleur les murs des 3 établissements, doit-on faire une fusion ? Peut-être qu’on nous répondra oui, afin de garder une certaine cohérence avec le reste. Ça fait quand même froid dans le dos quand on connait leur responsabilité et l’influence qu’ils peuvent avoir sur l’accès aux soins dans le département.

Pour être plus sérieux, une fusion/absorption, c’est une restructuration de très grande ampleur, lourde, technique entrainant de nombreux chamboulements, ce que Cédric Solezzi explique dans son ouvrage « Tout savoir sur une fusion hospitalière ». Et il débute son livre en expliquant « une fusion absorption entraîne le maintien de l’un des établissements, et la disparition du ou des autres (le survivant conservant son siège, son numéro FINESS, ses références bancaires…) ». Tout est dit en quelques mots.

C’est pourquoi, nous avons besoin de remettre de la démocratie à tous les étages et que chacun joue réellement son rôle de citoyens, de représentants du personnel ou d’élus locaux.

Aujourd’hui, les citoyens ont besoin de reprendre leur place, afin de ne pas laisser carte blanche à des responsables, des technocrates ne représentant que les intérêts d’une petite minorité au détriment de l’intérêt commun.

Grâce à notre réactivité et à la mobilisation qui s’en est suivie, nous avons mis un coup de projecteur sur un véritable scandale sanitaire entraînant la suspension immédiate du projet de fusion. Mais en aucun cas, il s’agit d’un retrait ferme et définitif. C’est pourquoi il faut continuer à nous mobiliser selon différentes modalités et selon notre propre calendrier pour faire échec à leurs plans mortifères et pour exiger des moyens supplémentaires pour les établissements et personnels !

On vous tiendra informé prochainement de la suite qui sera donnée à notre processus de défense et de reconquête de nos structures sanitaires, médico-sociales et sociales.

On a gagné un peu de temps pour avancer nous aussi nos pièces du puzzle !
On reste déterminés !
Et on ne lâchera rien !

>> Pour voir l’interview diffusé dans le JT de France 3 mercredi soir : CLIQUER ICI

>> Pour voir l’interview dans BFM D’ICI : CLIQUER ICI

>> Ci-joint également l’article paru dans la Provence le 8 avril :
1353. Article La Provence du 8 avril 2021

4 avril 2021 – Bien entendu que le rassemblement du 7 avril à Riez est maintenu… Et il est même renforcé !

Les batailles de la vie ne sont pas gagnées par les plus forts

Bonjour,
Hier, nous avons eu plusieurs appels de personnels des différents sites de Riez, Puimoisson et Valensole.

Il est dit aux agents : « N’allez pas au rassemblement du 7 avril parce que c’est interdit ».
Non ! Il n’y a rien d’interdit. Le rassemblement a été déclaré en Préfecture. Si la Préfecture l’interdit, on vous le dira, mais à ce jour, ce n’est absolument pas le cas.

Ensuite, il est dit aux agents : « N’allez pas au rassemblement, ça ne sert à rien, le projet de fusion ne se fera pas ».
Non ! Nous n’avons aucune certitude sur ce point. Dans le meilleur des cas, dire cela est une simple opinion, comme on peut le voir sur BFM TV, depuis 1 an, où chacun y va de son jugement. Dans le pire des cas, il s’agit d’une tromperie.

Il nous faut nous baser uniquement sur le factuel !
A ce jour, nous avons 3 éléments à prendre en compte :
1) La direction de l’ARS 04 nous a dit au téléphone qu’ils nous ont entendus et que ce projet ne se fera pas.
2) Nous avons un courrier de la direction générale de l’ARS PACA très ambigu nous expliquant qu’à ce stade, le projet ne bénéficie pas du soutien de l’ARS. Cela peut être interprété de différentes manières. Cela veut-il dire que si le projet est un peu plus ficelé, il aura le soutien de l’ARS ? Cela veut-il dire que dans 2 ou 3 mois, il pourrait avoir le soutien de l’ARS ? Cette réponse est loin d’être satisfaisante !
3) La direction du GHT 04 qui continue d’expliquer que la fusion se fera quand même.
Donc, il y a 3 sons de cloches qui tentent de brouiller les pistes, et qui démontrent clairement la nécessité pour les personnels et les citoyens de se mobiliser !

C’est pourquoi, ce rassemblement est maintenu !
Il est même renforcé puisque l’UD CGT 04, a sorti un communiqué hier pour appeler à se rassembler à Riez (voir document ci-dessous).
L’UD met notamment en avant la question de la gestion de la vaccination et des lits de réanimation.
En effet, quand on dit que nous sommes en « rouge » ou en « noir », c’est simplement lié à l’occupation des lits de réanimation. Ce n’est pas parce qu’il y a énormément de patients hospitalisés, c’est juste que nous n’avons pas assez lits de réanimation.
Donc, la question est : pourquoi ne créent-ils pas plus de lits ?
Aujourd’hui, nous avons seulement 6 vrais lits de réanimation pour 160 000 habitants ! C’est très largement insuffisant !

Voilà, il faut bien comprendre le lien entre l’accélération des projets de fusion/absorption ou des fermetures de lits… l’intransigeance pour en ouvrir de nouveaux… Et le renforcement d’une gouvernementalité par la peur afin que chacun fasse l’autruche et évite d’exiger des comptes à un Etat qui ne joue plus son rôle.
C’est pourquoi ce rassemblement est pleinement légitime… et même nécessaire dans la période !

Pour le déplacement :
Vous trouverez ci-dessous une attestation à imprimer, à remplir et à utiliser si besoin le 7 avril.

Soyons le plus nombreux possible le 7 avril pour défendre nos conditions de travail, nos établissements, notre système de santé, nos biens communs !

On luttera jusqu’à la victoire !

>> Ci-joint le tract de l’USD CGT Santé et Action Sociale 04 : CLIQUER ICI

>> Ci-joint le communiqué de l’UD CGT 04 : CLIQUER ICI

>> Ci-joint une attestation de déplacement : CLIQUER ICI