24 avril 2021 – Que savons nous des nouvelles revalorisations salariales à compter d’octobre 2021 ?

Salaire fonction publique hospitalière

Le ministre de la santé a fait des annonces ces derniers jours concernant de nouvelles revalorisations salariales. Nous sommes dans une situation identique à celle de PPCR puisque nous sommes dans un reclassement comme c’est écrit dans le protocole à l’indice identique ou immédiatement supérieur.

Le calendrier initialement prévu au 1er janvier 2022 passe au 1er octobre 2021. Les agents auront une augmentation de 40 euros en moyenne, allant de 23 euros pour les catégories C à 54 euros en moyenne pour les catégories A de la fonction publique hospitalière. Et cela n’est qu’une moyenne, ce qui signifie que certains auront plus, d’autres n’auront rien.

Ces agents vont rentrer dans des nouvelles grilles avec ensuite des indices plus élevés. En toute fin de carrière, une centaine de points d’indice en plus pour les aides-soignantes mais cela leur rajoute 12 à 13 ans de carrières supplémentaires. Ce qui fait que les aides-soignants qui ont entre 40 et 50 ans aujourd’hui ont très peu de chance d’aller au bout de la carrière. Et c’est le même principe pour les autres professions concernées. On est en moyenne sur une centaine de points en fin de carrière pour les catégories soignantes et médico-tech, pour 3 ou 4 échelons supplémentaires. La grande majorité des agents ne verront jamais ces indices.

>> 500 000 gagnants / 500 000 perdants :
500 000 hospitaliers bénéficieront d’augmentations mais 500 000 autres en seront privés. Après les « oubliés » du Ségur, le gouvernement crée là les « écartés » des revalorisations salariales : les ASH, les techniques (AEQ, OP…), les administratifs, les moniteurs éducateurs… sont oubliés. Donc, ce sont surtout les plus bas salaires qui sont pénalisés.

>> Les contractuels écartés également ?
La plupart seront écartés, certains en bénéficieront.
Il y a des contractuels qui sont embauchés sur une grille valable au moment de leur recrutement. Il est alors très compliqué de les faire passer sur des nouvelles grilles, on l’a vu au moment de PPCR où de très nombreuses directions n’ont pas voulu les insérer dans les nouvelles grilles. On va avoir le même problème avec les nouvelles grilles du mois d’octobre 2021.
Et puis, il y a les contractuels recrutés sur un emploi à l’indice avec des indices parfois rocambolesques. Là aussi, cela renforce l’arbitraire. Et certaines professions pourront peut être négocier, d’autres non.

Globalement, ce sera très compliqué pour les contractuels de bénéficier des nouvelles grilles. C’est une nouvelle fois injuste. Celles et ceux qui auront le pouvoir de faire peur aux directions en les menaçant de ne pas rester auront peut être le pouvoir de faire bouger les lignes.

>> Et pour les catégories B?
Les nouvelles grilles ne sont pas encore sorties. Olivier Véran fait des annonces à la presse sans avoir donné les grilles aux syndicats. C’est atypique mais c’est assez cohérent avec leur manière de faire. Ce qu’il est dit aujourd’hui, même si nous n’avons pas les grilles c’est que les aides-soignants passeraient dans la grille B des infirmiers. Les infirmiers passeraient dans la grille des attachés d’administrations.
Donc, beaucoup d’incertitudes… Car tout cela reste être à confirmer.

Pour les personnels soignants qui sont restés en B et qui ont fait l’option de ne pas aller en A, ou les catégories A qui ne sont pas aller dans les nouveaux corps du A (comme les IADE), il a toujours été dit qu’ils auront une revalorisation à due concurrence de ce qu’à eu le même corps en A. Donc, si les infirmières en A ont 100 points de plus, le même nombre de points devrait être ajouté pour les infirmières en B. Sachant qu’entre une aide-soignante en B et une infirmière en B, il n’y aura pas une grande différence (40 à 50 points d’écart). Et ce qu’il est dit en ce moment, c’est que peut être les infirmières catégorie B n’auraient pas ces 100 points d’indice mais auraient pas possibilité d’intégrer le dispositif des catégories A.
Les plus jeunes qui étaient restés en B en 2010 avaient 35 ans. Donc, les plus jeunes aujourd’hui en B ont environ 45 ans et plus. Qu’ils intègrent le A ou le B, de toute façon, ils n’iront pas au bout des évolutions et des 100 points en plus. Donc, cela ne changera pas grand chose d’aller en A ou en B.

La revendication de la CGT, c’est de mettre tout le monde dans le corps du A en gardant la pénibilité pour ce qui l’avait, et en redonnant la pénibilité pour celles et ceux qui l’ont perdu. Et avec 300 euros de plus au moment du reclassement.

Si on regarde les chiffres donnés pour le Ségur, les 7 premières années de la carrière des aides-soignantes en C vont tous arriver dans le premier échelon de la catégorie B. Donc, c’est 7 années d’ancienneté perdu.
Une aide-soignante qui a 30 ans aujourd’hui ne verra jamais le bout de la carrière car elle va perdre son ancienneté. Pour les autres, elles n’iront pas non plus car ils créent un troisième grade dans lequel il n’y aura personne, en rajoutant 12 ou 13 ans de carrière.
Aujourd’hui, si un aide-soignant est au dernier échelon du deuxième grade d’aide-soignant au C3, il faudrait qu’il ou elle ait moins de 48 ans pour pouvoir avoir accès au futur dernier échelon qui sera proposé avant sa retraite, ce qui totalement impossible si il ou elle prend sa retraite à 60 ans.
Donc, ils créent des carrières en trompe l’œil où personne ne pourra y accéder.
Comme les simulations d’Olivier Véran de ces derniers jours, ce sont des exemples virtuels !
C’est quand même assez malhonnête !
Dans les prochaines semaines, ils vont dévoiler toutes les grilles, et à ce moment là, nous pourrons dénoncer encore plus clairement les mécanismes qui sont créés.

Une des questions centrales qui se posent : celles et ceux qui sont écartés des augmentations ne sont-ils pas ceux qu’ils veulent privatiser ?
C’est le sentiment que nous avons.

L’une des revendications de la CGT, c’est l’augmentation du point d’indice. Ces annonces viennent confirmer qu’on avait raison. Si on avait augmenté l’ensemble des personnels, et il n’y aurait pas eu d’écartés.
Dans ces annonces, la filière ouvrière n’a rien !
La filière administrative n’a rien !
La filière socio-éducative n’a rien !
Les sages-femmes et les psychologues n’ont rien ! Etc…
La moitié des personnels de la FPH écartés ! C’est inadmissible !

Les annonces du gouvernement laisserait penser que les infirmières auraient 300, 400 ou 500 euros de plus au 1er octobre 2021. Non ! Ce n’est pas juste ! Premièrement, les annonces intègrent les 183 euros. Deuxièmement à un instant T personne n’aura ces revalorisations là.

Comme à chaque fois avec ce gouvernement. Il y a une solution apportée à un problème qui entraine de nombreux autres problèmes et le tout enrobé d’un grand plan de com.
Ce gouvernement a fait des effets d’annonces sur des sommes importantes (300, 400, 500…).
Personne en octobre 2021 n’aura une augmentation de ce niveau !
Ce sera 40 euros de moyenne et certains n’auront rien !
Par contre après, il y aura des avancements d’échelon qui amèneront des sommes plus intéressantes mais ça va s’étaler sur longtemps et il faudra travailler plus longtemps pour arriver aux échelons les plus intéressants… dans un contexte où les hospitaliers sont usés de plus en plus jeunes.
La durée de vie d’une infirmière dans la FPH est de 7 ans en moyenne.
Très peu d’infirmière travaille 40 ans.
On le voit en commission de réforme, il y a des cas de plus en plus lourd, de plus en plus jeune.

Travailler plus longtemps est irréaliste !
Donc, ces grilles sont virtuelles !
La CGT et les personnels continueront de se mobiliser pour gagner de véritables augmentations salariales !