>> 1/ Un monde d’après à la carte ? Du moule à la modulation : plus de libertés en apparence, plus d’aliénation dans les faits ?
>> 2/ Action aux Urgences de Sisteron du 18 mai sous les drones
>> 3/ Initiatives du 26 mai et prochaines actions
>> 1/ UN MONDE D’APRES A LA CARTE ? DU MOULE A LA MODULATION : PLUS DE LIBERTES EN APPARENCE, PLUS D’ALIENATION DANS LES FAITS ?
La situation n’est pas facile à comprendre si on ne prend pas le temps de se poser un peu et de regarder où nous en sommes.
Nous sommes dans un système où on nous dit qu’il y a plus de libertés mais dans un cadre beaucoup plus restreint.
Nous sommes en quelque sorte des moutons enfermés dans un enclos à qui on dit « faisons tombés les barrières de cet enclos » mais par contre il y aura plus de contrôle (on veut savoir où vous êtes en permanence, ce que vous dites, ce que vous faites, ce que vous pensez…).
De plus, que ce soit au niveau des individus, des établissements, des collectivités locales, on va nous dire : vous pouvez faire ce que vous voulez mais pas contre vous aurez moins d’argent pour le faire et les contrôles invisibles et les pressions qui pèsent sur vous seront plus importants. Est-ce que c’est plus de libertés ? Si on creuse, on se rend compte qu’en fait c’est moins de libertés.
Et cette pseudo liberté est en fait une modulation où dans tous les domaines on passe du « moule » à la « modulation ». Dans le moule, il y a le principe de « tout le monde pareil » avec une recherche d’égalité de traitement. Par exemple, au niveau national, on recherche d’avoir des revalorisations salariales globales pour tout le monde. Alors que dans le processus actuel, on va vers toujours plus de primes individualisées. On l’a vu encore ces derniers jours avec la prime Covid où nous avons de nombreux appels de personnels qui ne comprennent pas : pourquoi mon collègue a une prime mais pas moi ? Pourquoi l’établissement voisin a une prime mais pas le mien ? Pourquoi ce département a une prime mais pas le mien ? Pourquoi untel a plus que moi ? Donc, cette prime est la mise en place d’une véritable usine à gaz : à la fois il y a un manque de clarté sur les critères et en même temps ils laissent la disposition aux directions d’établissement d’avoir une certaine souplesse dans l’interprétation des règles d’attribution. Mais ils laissent également la porte ouverte à de petits arrangements entre amis comme l’a dénoncé Bayrou ces derniers jours, qui ne fait plus partie des amis de Macron et qui se plaignait que les personnels de l’hôpital de Pau devraient recevoir une prime de 500 euros alors que pour ceux de l’hôpital de Bagnères-de-Bigorre ce sera 1500 euros. Il explique l’écart de prime par le fait que Bagnères-de-Bigorre est une ville où Macron a des attaches familiales et quelques amis. Nous ne savons pas si le cas ou pas, mais cette gestion à la carte est clairement propice aux arrangements, et au delà au renforcement de la corruption.
On voit cette modulation au niveau du temps de travail également avec différents services d’un même établissement ayant des temps de travail différent (7h00, 7h30, 10h00, 12h00…). On le voit au niveau des contrats de travail aussi…
Mais cette modulation s’applique à tous les niveaux et la crise actuelle ne fait que la renforcer.
C’est comme pour la tendance des formations à de plus en plus de métiers. Ils ne veulent pas qu’on soit trop pointu, trop compétent dans un domaine. L’objectif c’est d’être adaptable, interchangeable. Pour prendre un exemple concret de notre secteur d’activité, si on prend l’école des directeurs d’hôpitaux, l’objectif n’est pas de former des directeurs qui vont être très compétents en ressources humaines, d’autres qui vont être de très bons directeurs financiers… L’objectif c’est de connaitre un peu tous les domaines afin d’être interchangeable régulièrement.
L’idée c’est d’être modulable, comme une structure en préfabriqué qu’on va pouvoir déplacer d’un endroit à un autre, enlever une partie, en ajouter une autre… L’idée c’est de rendre modulable toujours plus les personnels avec ce principe là.
Ils veulent faire tomber les cadres, qu’ils disent « rigides ». Ce peut être des cadres protecteurs, ce peut être des cadres en termes de statuts… en termes de règlementations… en termes de règles de qualité… Pour eux les 35h00 constituent un cadre trop « rigide » qui ne leur permet pas de faire ce qu’ils veulent là où ils veulent.
Il s’agit aussi de rendre modulable le statut de la fonction publique qui a été créé pour répondre à l’intérêt général, en toute responsabilité, en évitant l’arbitraire, et en toute indépendance. C’est tout le sens de la Loi du 6 aout 2019 de transformation de la fonction publique où des modulations sont apportées notamment en termes de démocratie, de sanctions et sur l’usage des contractuels.
Pour aller encore plus loin, ils veulent les moyens de déroger à la loi et à son essence même. La loi c’est une norme commune, une règle juridique s’appliquant à tous.
Ainsi par exemple, il y a un texte qui est sorti le mois dernier dont on a pas ou très peu entendu parler qui entre pleinement dans ce processus de modulation. C’est le décret du 8 avril 2020 qui permet au Préfet de région ou de département de déroger à de nombreuses règles nationales. C’est en quelque sorte une mise en œuvre « à la carte ».
Enfin, pour en finir avec un exemple qui colle pleinement à l’actualité, il s’agit de l’annonce du ministre de la santé d’organiser les « Ségur » de la santé dans les prochains jours, une négociation avec les organisations syndicales, qui devrait être l’occasion d’une nouvelle propagande médiatique et dont les objectifs recherchés par le gouvernement vont probablement être de renforcer la modulation sur deux aspects. Premièrement, réduire fortement le cadre des 35h00 dans notre secteur d’activité afin de laisser davantage de marge de manœuvre aux directions. Deuxièmement, donner l’impression d’avancer vers des revalorisations salariales tout en affaiblissant toujours plus le cadre global comme l’égalité de traitement.
On voit bien qu’il y a différents objectifs recherchés : désengager l’Etat de ses responsabilités, organiser les territoires en fonction des besoins du capital, découper des activités pour mieux les marchandiser, renforcer la mise en concurrence des territoires, des établissements et des personnels, mettre en place ou renforcer les pouvoirs de petits barons locaux… Et en même temps supprimer les unes après les autres les libertés des citoyens.
C’est bien de résister et de lutter pour obtenir des avancées, il faut continuer à le faire, mais il faut aussi avoir conscience du monde dans lequel nous sommes. Car cette pseudo-liberté, on la paie cher, par la mise en place d’autres contraintes, d’autres aliénations.
On nous dit vous pouvez sortir du confinement mais ils mettent des drones partout. On l’a vu lundi soir à Sisteron.
>> 2/ ACTION AUX URGENCES DE SISTERON DU 18 MAI SOUS LES DRONES
Barrage de police à l’entrée de la ville… camions et voitures de police en grand nombre en face de l’hôpital… Drones au dessus de nos têtes quand nous parlions aux journalistes devant l’hôpital… C’est inédit dans un territoire rural comme le nôtre !
ça en dit long sur l’évolution du régime en cours ! Il y a une ambiance pesante, oppressante à tous les niveaux. On a un déconfinement également à la carte où on peut avoir 15 enfants dans la même classe, des centaines de personnes dans des rues piétonnes pour consommer, des dizaines et des dizaines de personnes dans les transports en commun pour aller travailler, mais on ne veut pas plus de 10 manifestants avec des masques et éloignés de plus d’un mètre…
Malgré tout, nos exigences n’ont pas été affaiblies par la crise sanitaire, au contraire elles ont été rendues encore plus légitimes ! Nos territoires ne sont pas modulables ! Nos vies ne sont pas modulables ! Nos urgences, nos maternités, nos réanimations, nos services publics ne sont pas modulables !
Il ne faut rien lâcher et continuer à se mobiliser partout !
Et c’est le sens des prochaines journées d’actions comme le 26 mai ou le 16 juin.
>> 3/ INITIATIVES DU MARDI 26 MAI ET PROCHAINES ACTIONS
Comme partout sur le territoire, et même au-delà des frontières, la mobilisation redémarre dans les établissements sanitaires, socio et médicaux sociaux de la région PACA. Ainsi, le mardi 26 mai sera l’occasion de diverses initiatives ayant pour objectif de rendre visible les colères et revendications des salariés du secteur : à partir de 8h00 et pour toute la journée à l’entrée de l’hôpital de Digne, à 11h00 à l’entrée de l’hôpital de Manosque, à 11h30 sur le parvis de l’hôpital de grasse, à Nice à 12h30 sur l’hôpital de Cimiez, à 13h30 sur l’hôpital l’Archet, à 11h30 sur le parvis de l’hôpital Pasteur, à l’hôpital d’Antibes, à 13h30 à Marseille devant l’hôpital de la Timone, à 16h30 devant l’hôpital de Draguignan, à 19h30 devant l’hôpital Sainte Musse à Toulon, devant l’hôpital d’Avignon…
Plus précisément sur le département :
– Le syndicat CGT de l’hôpital de Digne organise une journée de grève avec une remise de médailles en chocolat et de cacahuètes au sein de l’établissement. Initiative à l’entrée de l’hôpital de 8h00 à 17h00.
– Sur l’hôpital de Manosque, le syndicat CGT a prévu le dépôt d’une gerbe de fleur à 11h00 devant l’hôpital pour rendre hommage aux victimes du COVID (personnels et usagers) mais également pour rendre hommage à tous les personnels mobilisés pendant cette crise sanitaire et pour qui le gouvernement ne propose comme remerciements que des applaudissements, des dons de RTT de salariés d’autres secteurs, des médailles et des « primettes » qui sont de véritables usines à gaz.
– Ce ne sont pas des rassemblements : ce sont des initiatives devant rassembler pas plus de 10 personnes et en respectant les règles de protection (masques, distanciation….).
Au moment où le gouvernement se dit prêt à engager des négociations salariales, quelles que soient ses réelles intentions, il est important que la mobilisation se voie et que la colère se fasse entendre, pour pousser et accroitre le rapport de force, c’est pourquoi il est important de monter en puissance.
Bon courage et bonnes luttes !
>> Ci-joint le communiqué de presse pour les actions du 26 mai dans le département :
>> Pour voir le communiqué complet au format PDF : CLIQUER ICI
>> Ci-joint l’article du journal La Provence du 20 mai « Urgences : ils étaient là malgré l’interdiction » (cliquer sur l’image pour agrandir) :
>> Ci-joint l’article du journal Le Dauphiné du 20 mai « Un rassemblement devant les urgences malgré l’interdiction » (cliquer sur l’image pour agrandir) :
>> Pour voir l’article du journal Haute Provence Info du 19 mai « Hôpital de Sisteron : Les manifestants ont dû freiner leur action » : CLIQUER ICI
>> Pour voir l’article de DICI TV du 19 mai « Coronavirus – une quarantaine de manifestants réunis ce lundi soir à Sisteron » : CLIQUER ICI
>> Ci-joint l’article du journal Le Dauphiné du 18 mai avec une partie « A l’EHPAD de Banon, six morts mais une prime moins importante » + Une partie « Les inquiétudes de la CGT » (suite à la réunion avec le Préfet) – (cliquer sur l’image pour agrandir) :
>> Pour voir l’interview de DICI TV du 18 mai « Coronavirus – De 500 à 1 500 euros selon les cas, le flou sur la prime pour les soignants provoque la colère » : CLIQUER ICI