16 mai 2020 – Crises en cours – Rencontre du 11 mai avec le Préfet – Et mobilisations en cours et à venir

>> 1) CONCERNANT LA REUNION DE MARDI AVEC LE PREFET

Depuis le début de la crise, on est matraqué d’informations qui sont en fait des mots d’ordre. Ce n’est pas un phénomène nouveau mais il est particulièrement mis en lumière depuis quelques semaines. Le pouvoir en place et ses relais institutionnels ou médiatiques demandent deux choses :
– soit qu’on y croit
– soit qu’on fasse semblant d’y croire

Un des mots d’ordre utilisés à répétition est le fait que « moins de libertés conduit à plus de sécurité ». Alors que sur le terrain, on se rend compte que ce n’est pas le cas. Alors oui, peut être que moins de libertés conduit à un sentiment de sécurité pour certains. Mais le sentiment de sécurité n’est absolument pas la sécurité. On l’a vu pendant les attentats de Nice qui étaient la ville la plus vidéo-surveillée de France. Les caméras ont simplement permis de filmer l’horreur mais n’ont rien empêché.

Un autre mot d’ordre de la période est « Tous ensemble dans une unité nationale ».

Mardi 12 mai, nous avons eu une réunion téléphonée, avec Le Préfet des Alpes de Haute Provence et la directrice de la DIRECCTE, où étaient présents pour la CGT le secrétaire général de l’Union Départementale Sylvain Moretti et Cédric Volait (CGT Santé 04 et PACA), et c’est exactement ce que nous avons constaté. Il y avait un message régulier qui revenait souvent : « Tous unis, tous ensemble, nous allons gagner ce combat contre le virus. Et pour cela, il va falloir que chaque partenaire social fasse un effort en évitant au maximum les tensions et en évitant au maximum les contentieux ». Et ensuite, il y aura probablement le mot d’ordre « Tous unis dans le combat contre les difficultés financières des entreprises »… mais ça commence déjà.

Et on avait l’impression que de nombreuses organisations présentes (représentant le patronat ou représentant les salariés) étaient dans ce jeu là, c’est à dire soit d’y croire soit de faire semblant d’y croire.

Pour la CGT, nous étions dans la position inverse. C’est à dire : sortir des mots d’ordre complètement déconnectés des réalités de terrain et donc mettre en place une contre-information.

Mais ensuite, on voit que ces contre-informations ne sont pas suffisantes. Il faut transformer cette contre-information en acte de résistance puis de nouvelles conquêtes sociales. Et cet acte passe par l’organisation de luttes pour gagner une société répondant enfin aux besoins des populations. Et donc, la question c’est comment on organise la lutte dans ce contexte où on essaie de nous cantonner à un rôle de service après-vente de mesures que nous n’avons pas choisies ou que nous combattons.

Nous avons besoin de nous appuyer sur nos outils habituels mais également nous appuyer sur toutes les crispations, toutes les frustrations ou indignations accumulés depuis le début de la crise.

On voit très bien quand on creuse : derrière chaque mot d’ordre, c’est très creux, c’est très vide. C’est ce qu’on a dit à la préfecture mardi. Il y a une communication gouvernementale complètement déconnectée de la réalité de terrain :

– On nous dit qu’on peut reprendre l’école que tout va bien alors qu’on fait du bricolage et que ça ne va pas du tout. Il aurait fallu préparer la rentrée de septembre. La reprise nous semble prématurée et génère de nombreuses difficultés. Pour la CGT, la priorité est de mettre en sécurité l’ensemble des enfants et l’ensemble des personnels.

– On nous dit qu’on a le choix entre reprendre le travail ou pas alors que les conditions du chômage partiel vont être fortement dégradées à partir du 1er juin. Donc, c’est un faux choix, c’est une fausse liberté.

– On annonce des aides pour les TPE. Quand on discute avec nos contacts dans les TPE, ils se demandent où elles sont passées car ils n’ont rien vu.

– On nous explique depuis plusieurs semaines que le Covid est reconnu en maladie professionnelle, mais il n’y a aucun texte qui en définit les modalités. A cette réunion, certaines organisations syndicales et patronales se réjouissaient de cette mesure et en demandaient certaines extensions. La CGT a expliqué qu’on se réjouit de rien du tout. On ne peut pas demander une extension de quelque chose qui n’existe pas. A ce jour, aucun texte n’a été publié ajoutant le Covid-19 à la liste des pathologies pouvant être reconnues en maladie professionnelle. Nous avons rappelé qu’il est urgent que sorte ce texte mais également qu’ils soient applicables à l’ensemble des salariés. On ne va pas se disputer pour voir quel secteur doit être ajouté ou pas. Ce sont l’ensemble des salariés de l’ensemble des secteurs qui doivent être reconnus.

– Le protocole national de déconfinement prévoit certaines modalités, comme sur la question des masques. Pour la CGT, la question de la gratuité des masques est essentielle dans la période et nous avons réitérer notre demande au Préfet. L’Etat doit permettre d’éviter la mise en concurrence entre entreprises de cette gestion des masques comme entre collectivités.

– Nous avons alerté une fois de plus sur la situation catastrophique des EHPAD et sur la façon dont sont traités nos aînés en 2020 mais également dont sont traités les personnels qui sont censés les prendre en charge. Nous avons rappelé la nécessité d’un dépistage systématique, pour toutes et tous, et pas seulement quand il y a cas avéré de Covid-19. Nous avons rappelé qu’aucune discrimination liée à l’âge ne peut être tolérée en ce qui ce qui concerne l’hospitalisation des personnes âgées.

– Ensuite, concernant la prime pour les hospitaliers annoncée depuis deux mois. On ne répond pas aux revendications des personnels en matière d’effectifs, de salaires et de conditions de travail, en apportant comme réponse une prime qui sera probablement une usine à gaz apportant discriminations et incompréhensions. A ce sujet d’ailleurs le décret sur la prime est sorti ce matin et confirme nos inquiétudes ( Pour consulter le décret : CLIQUER ICI )

– Une organisation syndicale est intervenue en expliquant que ce qui l’inquiétait le plus c’était la fracture numérique. Nous, nous sommes intervenus en expliquant que ce qui nous inquiétait particulièrement c’est la fracture sociale et l’évolution actuelle de notre société notamment en termes de casse du droit du travail ainsi que de casse des libertés individuelles et collectives.

– Certaines organisations sont intervenues par rapport à l’accélération de la mise en place du télétravail, ont demandé un maintien de cette évolution après la crise et ont expliqué que cela offrait plus de libertés. Nous sommes intervenus pour expliquer que ce n’est pas forcément plus de libertés (on en gagne d’un côté, on en perd d’un autre) et qu’il fallait se poser les bonnes questions : quels sont les objectifs recherchés ? Le cadre est-il assez protecteur et sécurisé pour les salariés ? Quels sont les points de vigilances ou les risques de dérives, et comment on y répond ? De nombreuses évolutions vont très vite en utilisant des nouvelles technologies mais derrière il manque des cadres protecteurs, il manque des débats publics sur ces nouvelles questions et il y a des flous juridiques à combler.

– Ensuite, nous avons demandé la fin de cet état d’urgence sanitaire, la fin de cette casse du code du travail. Et nous avons rappelé la situation de 2015 où les mesures d’état d’urgence provisoire avaient été renouvelées plusieurs fois afin d’être entrées dans le droit commun, puis ensuite ont été détournées de leur objectif initial. Et avec ce gouvernement nous sommes particulièrement inquiets.

– Nous devons continuer à mettre la pression comme sur la mise en place des « brigades d’anges gardiens ». Là, le Conseil d’Etat vient d’annuler certaines dispositions. Maintenant, il faudrait aller vers l’annulation totale de cette mesure qui prend la forme d’un contrôle social des populations.

– Pour conclure, nous avons rappelé que toutes nos revendications d’avant crise (effectifs, rémunérations, conditions de travail, services publics, protection sociale, démocratie…) sont plus que jamais d’actualité, puisque la crise actuelle les a rendu encore plus légitimes, davantage de citoyens ont compris qu’elles étaient indispensables, et qu’il y a urgence à y répondre.

>> 2) CONCERNANT LA LUTTE AUX URGENCES DE SISTERON ET LE RASSEMBLEMENT DU 18 MAI

Nous sommes dans une phase de préparation afin d’organiser au mieux une reprise progressive de notre activité revendicative. Nous travaillons notamment sur des propositions concrètes pour l’après. Nous travaillons sur de nombreuses problématiques induites par la gestion catastrophique de la crise. Cependant nous ferons le nécessaire pour soutenir au mieux les luttes en cours.

Ainsi, dans ce cadre, nous serons présents lundi soir (18 mai) à 20h00 devant les urgences de Sisteron pour continuer d’exiger la réouverture des urgences 24h/24 et 7 jours/7.

>> 3) ACTIONS A VENIR

– Une action initiée par la CGT Santé et Action Sociale PACA est en préparation. Elle sera déclinée dans les différents départements de la région… Ce sera le mardi 26 mai. Nous invitons toutes les forces progressistes à y participer. Nous apporterons des précisions dans les prochains jours sur les modalités exactes.
Car c’est maintenant que des décisions doivent être prises pour soutenir et développer le système de santé et les salariés qui y travaillent !

– Une journée nationale devrait être organisée mi-juin, probablement le mardi 16 juin (date à confirmer).

– Une autre journée nationale devrait être organisée mi-juillet, probablement le 14 juillet, où E. Macron veut remettre des médailles aux soignants… Annonce qui ne fait qu’amplifier la colère des hospitaliers comme le fossé qui se creuse entre un pouvoir politique et un peuple.

Bon courage, Bon week-end et bonnes luttes !

>> Pour voir l’article paru dans le magazine « Viva » ainsi que sur leur site Internet lundi 11 mai : CLIQUER ICI

>> Ci-joint l’article du journal « Le Dauphiné Libéré » d’hier matin :
Article Le Dauphiné du 15 mai 2020