11 juin 2015 – Interview de Jean-Claude Ghennai, secrétaire général du syndicat CGT du centre hospitalier de Manosque.

Jean-Claude Ghennai a été réélu secrétaire général à l’issu du congrès du 2 juin 2015. A cette occasion nous l’avons interrogé sur le congrès et le bilan du syndicat CGT lors des 3 dernières années :

Ce congrès a été un moment de débat et de construction de notre avenir mais aussi et avant toute chose d’analyse du mandat qui s’achève.

Nous avons essayer de comprendre et de débattre sur ce qui a marché et ce qui n’a pas marché, sur nos réussites et nos échecs afin de nous tourner vers l’avenir en construisant un syndicalisme qui ressemble à nos réalités locales.

La CGT, première organisation syndicale au Centre Hospitalier de Manosque aux élections de 2011 et dans la Fonction Publique Hopitalière, porte les exigences des personnels que ce soit en matière d’emplois, de salaires, de respect et de développement des qualifications, de formation professionnelle, de conditions de vie et d’organisation du travail. C’est en s’appuyant sur ses repères revendicatifs, les revendications des personnels, sur la loi, en la faisant respecter pour maintenir les acquis tout en cherchant à gagner de nouveaux droits pour toutes et tous que la CGT construit son action avec tous les agents hospitaliers et les militants.

Au Centre Hospitalier de Manosque, cette première place a été légèrement confortée par les résultats aux dernières élections du 4 décembre 2014 qui a vu notre score au CTE progresser d’environ 1 point en nous plaçant à 52,75% des voix et obtenant la majorité absolue. Nous obtenons 6 sièges sur 10 au CTE alors que nous sommes 3 syndicats sur l’établissement. Pour les CAPL, les résultats sont plus à nuancer. Nous avons obtenu 1 siège sur 2 aux CAPL 2, 5, 7 et 9. On note un recul dans les CAPL 2 et 5. Très bon résultat pour la CAPL 8, qui est la plus importante en termes de nombre de personnels, où nous obtenons 2 sièges sur 3. A la CAPL 10 nous obtenons le seul siège disponible. Et enfin, carton plein à la CAPL 6 où nous raflons 100% des sièges, soit 2 sur 2. Soit au total 9 sièges sur 14.

Ces résultats nous ont aussi permis d’obtenir un siège supplémentaire de titulaire et un de suppléant au CHSCT ou nous disposons maintenant de 4 sièges sur 6. Nous disposons du Secrétariat du CHSCT et sommes représentants du CTE à la CME.

La CGT du Centre Hospitalier de Manosque intervient dans les Commissions Administratives Paritaires (CAPL) dans le souci de l’équité qui garantit aux agents hospitaliers de se voir traiter dans l’avancement, la note, la carrière, la titularisation… de la même façon. Nous refusons le « à la tête du client ». De nombreuses erreurs et dysfonctionnements soulevés. De nombreux cas ont pu être solutionnés dans une approche collective par des militants défendant les droits des personnels avec force et conviction. Plusieurs agents ont été accompagnés dans leur démarche pour contester le gel de leur note. Plusieurs issues favorables ont été trouvées. Grâce à l’intervention de la CGT, plusieurs agents ont pu obtenir une NBI (nouvelle bonification indiciaire) avec effet rétroactif.

De nombreux agents conseillés et accompagnés dans leur litige avec l’administration. Avec à la clé plusieurs victoires pour les salarié(e)s.

Nous avons fait face pendant cette mandature à une augmentation des demandes de soutien relatif à des souhaits de reconversion professionnelle de salariés.
Plusieurs agents ont été conseillés et accompagnés dans leur projet de reconversion professionnelle.

Lors de cette mandature, nous avons commencer à mener des réflexions sur le travail qui ont conduit à certaines actions.

Agir sur le travail, porter l’exigence de sa transformation, c’est agir pour et en prévention. Porter l’exigence du droit d’expression des salariés sur leur travail participe du nécessaire débat sur la qualité du travail et l’exigence du bien travailler.

Utiliser les CHSCT et poser les revendications sur l’organisation et le temps de travail pour combattre toutes les formes de souffrance au travail est un enjeu humain et économique. Pour la CGT de l’établissement, cette démarche est une des conditions d’un développement humain durable.

La démocratie au travail reste à construire à partir de son contenu, son organisation.
Soigner le travail, c’est répondre tant à l’interrogation sur le « pourquoi je fais » qu’à celle sur le « comment je fais ».

Depuis 2011, nous avons renforcé notre prise en compte du CHSCT (Comité d’Hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail). Nous avons mis l’accent sur la formations des membres CGT/CHSCT. Nous avons renforcé nos préparations d’instances et notre maitrise des dossiers. Nous avons mené des enquêtes, effectuer de nombreuses propositions dont certaines ont pu se concrétiser.

Nous avons également poussé en instances à de nombreuses reprises pour qu’une enquête sur les risques psycho-sociaux soit réalisée dans l’établissement par un prestataire extérieur. En effet, nous avons assisté ces dernières années à une dégradation des conditions de travail au sein de l’établissement. Un hôpital neuf ne rime pas forcément avec bonnes conditions de travail.

Le syndicat CGT se trouve malheureusement souvent seul pour dénoncer cette absence de dialogue social et cette dégradation des conditions de travail. Il a dû prendre ses responsabilité à plusieurs reprises. La CGT a organisé de nombreuses assemblées générales avec les agents pour construire des revendications collectives et pour décider ensemble des actions à mener.

Par exemple, début 2014, la direction a supprimée de manière autoritaire, et sans consultation des instances, les temps de travail à 80%. Cette mesure a généré une aggravation considérable des risques psychosociaux, déjà élevés dans l’établissement.

Face à la mobilisation opiniâtre des personnels, sur plusieurs semaines, aidés par l’argumentaire sans faille du syndicat CGT de l’hôpital de Manosque, l’administration est revenue sur sa décision de supprimer le temps de travail à 80 %. La lutte et les «vendredi de la colère» ont payé.

Une autre victoire en 2014 a porté sur la non discrimination des femmes enceintes relative à leur avancement de carrière.

On voit bien que le travail de la CGT de l’établissement ne se limite pas aux instances ou au dialogue et lorsque c’est nécessaire, nous n’hésitons pas à entrer dans l’action.
Entrer dans l’action se décide avec le personnel.

Notre syndicat se veut offensif et démocratique. On ne doit pas opposer les deux. Personnellement, je pense que les deux représentent l’essence même de notre syndicat, sont indissociables et complémentaires. Une attention particulière sera porté à la qualité de vie syndicale pour les trois prochaines années.

L’hôpital a connu 5 DRH en 5 ans, ce qui n’est pas propice à un dialogue social apaisée et constructif permettant l’amélioration des « conditions de travail » et le respect réglementaire des instances représentatives du personnel trop souvent bafouées par la direction. La CGT dénonce également un retard important dans le traitement administratif des dossiers des personnels (Accident du travail, maladie ordinaire, maladie professionnelle…).

Les salariés ont conscience du travail fourni par le syndicat CGT afin de les défendre au quotidien, et nous ont reconduit leur confiance en nous plaçant à nouveau première organisation syndicale du CH Manosque à la majorité absolue. Cela se voit également à travers l’augmentation du nombre de syndiqués : environ + 30% en 3 ans.

La dernière avancée obtenue par le syndicat CGT est la mise en place d’une commission paritaire de reclassement, lors du CHSCT du 31 mars 2015, pour les personnels réintégrant l’établissement suite à une absence pour raison de santé.

Les avancées c’est bien, mais les faire connaître c’est beaucoup mieux. C’est pour cela que nous avons renforcé ces dernières années notre politique de communication.

Le contexte actuel nous impose d’élaborer des stratégies et des luttes à la hauteur des attaques qui nous sont portées. C’est pour cela que nous avons besoin d’outils sur lesquels s’appuyer, tant sur le fonds que sur la forme.

La bataille des idées est menée par la direction, nous l’avons vu ces 3 dernières années, et nous le verrons encore dans les prochaines. Nous devons être encore plus explicatifs et présents dans les services afin de ne pas laisser le fatalisme et l’acceptation s’installer.

C’est de notre responsabilité de gagner ces batailles et de donner espoir par des luttes et des victoires aux agents.

Le personnel attend beaucoup de nous.

Et le choc va s’amplifier dans les prochains mois car l’annonce d’un plan d’économie aux directeurs des établissements de la région PACA, au mois d’avril, laisse présager des attaques violentes contre les droits des personnels, leur emploi, leur conditions de travail et leur statut.

Nous devons nous attendre à des conflits violents. Des réflexions sont et doivent s’engager au niveau départemental, régional et national. La CGT ne restera pas muette et fera ce qu’il faut pour élever le rapport de force et engager la lutte. Nous devrons avoir peut être le courage ou l’ambition d’y aller seuls car nous avons hélas pu constater l’inertie des autres organisations syndicales quand les annonces et les attaques se produisent. Nous n’avons pas une version en instance et une autre devant les salariés. Nous ne nous fourvoyons pas dans des accords dissimulés ou de la complaisance. Nous ne prétendons pas défendre les salariés tout en cédant à la moindre pression ou demande de la direction.
Il est important que nous soyons vigilants et que nous communiquions avec le personnel qui est déboussolé par ces revirements continuels.

Et je remercie encore l’ensemble des syndiqués ayant participé à la préparation et à la tenue de ce congrès.