11 février 2015 – « White Trash » de John King : descente aux enfers dans la société britannique

White Trash de John King

Dans une banlieue déshéritée de Londres, Ruby, infirmière, croise la route de Mr Jeffreys, chargé de rationaliser les coûts dans l’hôpital où elle travaille. Pétrie de bonté et de compassion, Ruby ne voit de mal nulle part, et se dévoue corps et âme à ses patients. Quant à Mr Jeffreys, du haut de la tour d’ivoire que constitue la chambre d’hôtel où il dort pendant le temps de sa mission, il incarne l’idéal du néo-conservateur qui estime que le système de l’Etat providence a fait son temps. Les tréfonds de son âme cachent cependant de bien noirs secrets…

White Trash ne se laisse pas apprivoiser facilement. White Trash est un livre âpre, rude, qui se mérite. Parce que la langue de John King se refuse à la facilité, se dérobe à un trop grand confort pour le lecteur. Deux points de vue s’alternent au fur et à mesure des chapitres : celui de Ruby, la jeune infirmière pleine de compassion, inconsolable lorsque l’un des patients avec lequel elle a tissé des liens meurt, et qui, le soir, sort en boîte avec ses amis, fume des joints et se couche aux petites heures du matin. C’est avec elle que commence le roman, et à travers ses yeux, King nous plonge dans une longue séquence aux phrases interminables et à la ponctuation rare, d’apposition en apposition. Une formidable plongée dans la conscience de son personnage, qui trouble le lecteur dès les premières pages.