4 avril 2020 – L’unité nationale contaminée et confinée

1251. Coronavirus préfet de Paris Lallement

>> Le Préfet de Paris a expliqué que les patients en réanimation sont ceux qui n’ont pas respecté le confinement (voir l’article ci-dessous d’hier).

C’est très révélateur de leur conception de l’unité nationale !!! Une unité nationale qui ne va que dans un sens est en fait une désunion nationale !!! Tous ensemble, avec le gouvernement, contre le covid, non merci !!! Ils en profitent pour déréglementer le travail… ils envoient les personnels soignants se faire dégommer sans protection… Pour une union nationale, il faudrait qu’ils fassent le maximum mais c’est loin d’être cas. Et même le minimum, qui est le respect de base, ils en sont incapables !

Quand on voit tous les contaminés en ce moment qui sont notamment des collègues qui travaillent dans les hôpitaux, les EHPAD, le commerce, le transport, la poste… on se rend compte à quel point ces gens là sont ignobles !!! Dans le département, il y a une quinzaine de collègues de la poste convoqués au tribunal… elle est où l’unité nationale ? Je crois qu’elle est aussi en Réa !!!

L’unité nationale ce n’est pas profiter de la situation pour museler toute l’opposition parlementaire et rester dans un monologue rassurant !
L’unité nationale ne doit pas simplement consister en un recul des conditions de travail, des droits des travailleurs, de toutes les protections et des libertés individuelles !
L’unité nationale ce n’est pas d’un côté quelques uns qui comptent les sous et tous les autres qui comptent les morts !

L’unité nationale doit se faire au travers d’une politique nationale cohérente et elle doit être juste envers celles et ceux qui sont en première ligne !
L’unité nationale c’est revenir à l’humilité et c’est faire confiance à l’intelligence populaire !
L’unité nationale c’est revenir à un état régulateur et planificateur (c’est d’ailleurs la première leçon à tirer de cette crise) !
L’unité nationale c’est la nationalisation des entreprises de fabrication des fournitures et matériels médicaux avec la mise en place d’un grand pôle public du médicament !
L’unité nationale c’est prendre beaucoup de recul avec toutes les recommandations et directives de l’union européenne !
L’unité nationale passe aussi par un arrêt des mensonges d’état qui sont quasi-journaliers !

Pour voir l’article d’hier matin, cliquer sur ce lien : CLIQUER ICI

>> Les derniers billets d’humeur de Christophe Prudhomme :

* Billet d’humeur du jour – Colère noire
Alors que nous nous battons face à la pénurie au quotidien pour sauver des patients, une note commandée par Emmanuel Macron à la Caisse des dépôts et consignations me met dans une colère noire. Cet outil financier de l’Etat créé par Napoléon nous propose un plan pour l’hôpital public qui se résume à sa privatisation et à son dépeçage, permettant aux requins de la finance de s’accaparer les morceaux les plus rentables.
Je vous ai écouté, Monsieur le Président, lors de votre discours de Mulhouse. J’étais sceptique face à vos promesses mais il me restait un espoir qu’en insistant un peu, finalement vous alliez commencer à répondre aux revendications que nous défendons depuis plus d’un an. Là, c’est la douche froide. Quelle écœurante duplicité ! Vous nous mentez en pleine tempête et je ne peut plus faire confiance au capitaine du bateau.
Nous allons continuer à nous battre pour nos patients puis viendra le temps du bilan. Aujourd’hui mes journées sont longues à l’hôpital et j’utilise mes rares heures disponibles pour poursuivre mon activité syndicale car mes collègues me demandent d’être leur porte-parole pour demander des moyens et exprimer leur désarroi et leurs inquiétudes.
Mais demain, nous nous mobiliserons pour un changement radical de politique pour que par exemple les agents de la Caisse des dépôts travaillent dans l’intérêt des services publics, notamment l’hôpital public, et pas pour celui du monde de la finance.

* Billet d’humeur du jour – L’urgence : la réquisition des entreprises
Nous subissons depuis le début de l’épidémie le manque de moyens de protection, notamment de masques, non seulement à l’hôpital mais aussi en ville où nos collègues médecins, infirmières, ambulanciers, etc.travaillent dans des conditions indignes qui les mettent en danger.
Aujourd’hui, la situation devient plus grave avec un début de rupture d’approvisionnement en médicaments essentiels, notamment les anesthésiques absolument indispensables pour endormir les patients intubés et ventilés en réanimation. Nous sommes là face à une mise en danger immédiate de la vie des patients. Cette situation était prévisible et rien n’a été fait. Depuis plusieurs années, nous avons été nombreux à protester et à demander au gouvernement de prendre des mesures face aux ruptures d’approvisionnement qui augmentent d’année en année dans les pharmacies. Il s’agit là de la conséquence directe des choix de l’industrie pharmaceutique qui a privilégié sa rentabilité financière au détriment de la sécurisation de sa production. Tout cela est connu et a été largement analysé par des associations comme l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament dont les appels auprès des pouvoirs publics sont restés sans réponse.
Il n’est plus possible face à cette crise dans la crise de se contenter de faire appel à la bonne volonté des entreprises et d’organiser des visites à visée médiatique, monsieur le Président de la République. L’urgence est à la réquisition immédiate des entreprises pour que la priorité soit donnée à la fabrication des produits indispensables au bon fonctionnement de notre système de santé. Le bricolage, c’est fini ! Seule la réquisition permet de prioriser les productions, de les répartir en fonction despriorités et de contrôler les prix.
Il est par ailleurs insupportable de constater que la Communauté européenne ne sert à rien aujourd’hui. Chaque pays mène sa propre politique, s’est replié derrière ses frontières et il existe même un concurrence brutale pour s’approprier les rares moyens disponibles sur place où qui sont commandés à l’étranger.
L’inhumanité de l’organisation de notre économie dans le cadre de la mondialisation libérale est mise en pleine lumière. Monsieur le Président, vos belles paroles sur le thème « Demain, tout ne pourra plus être comme hier » ne peuvent suffire. L’urgence est immédiate et c’est maintenant que les choses doivent changer avec une première étape : la réquisition par l’Etat des entreprises indispensables pour sauver des vies aujourd’hui. Demain, nous compterons les morts qui auraient pu être évités.

* Billet d’humeur du jour
Des doutes légitimes existent sur la gestion de la crise par le gouvernement actuel avec en arrière plan les responsabilités des gouvernements précédents.
Dès le mois de janvier, nous avions été un certain nombre à souligner le fait que notre système hospitalier était à la limite de la rupture et qu’en cas d’épidémie sévère il risquait de ne pas être capable de gérer une augmentation brutale du nombre de malades. Par ailleurs, nous dénonçons depuis plus d’un an le manque de lits, de personnels, de matériel et de médicaments trop souvent en rupture de stock. La situation de tension, notamment en lits de réanimation, était prévisible. En effet, si nous étions parti « en guerre » avec le même nombre de lits rapporté à la population qu’en Allemagne, nous aurions disposé au départ de 10 000 lits, et non pas de 5000. Face à cette situation, le choix des TGV sanitaires interroge. Ne serait-il pas plus simple de rapatrier du matériel et d’affecter du personnel dans des locaux disponibles sur place, notamment à l’Hôtel-Dieu, en plein centre de Paris où les locaux de la réanimation fermée il y a quelques années sont encore en état avec les alimentations en oxygène notamment. N’en déplaise à certains qui n’aiment visiblement pas les syndicalistes, notamment de la CGT, ces critiques sont légitimes et doivent être faites car il n’est pas question que sous couvert d’unité nationale, tout débat soit étouffé.

* Billet d’humeur du jour – Urgence pour les EHPAD
À ce stade de l’épidémie, la priorité doit être les 700 000 résidents en EHPAD. Pour éviter le confinement total qui risque d’augmenter encore les difficultés, il est nécessaire que nos collègues bénéficient en urgence de matériel de protection et surtout de renforts en personnel. Il faut des masques et des surblouses, car cela fait pleurer de voir ces professionnelles être obligées de bricoler elles-mêmes des masques en tissu ou d’utiliser des sacs poubelle comme protection.
Cette situation était prévisible. Il y a deux ans, un grand mouvement à agité les EHPAD avec une revendication de création de 200 000 emplois en urgence pour pouvoir avoir un ratio d’un agent par résident. Taux d’encadrement nécessaire pour avoir le temps de donner à manger aux résidents dépendants, de pouvoir donner plus d’une douche par semaine et surtout de pouvoir disposer de temps pour les écouter, leur parler et les réconforter. Or, là aussi, le gouvernement n’a pas répondu aux revendications et seuls quelques milliers d’emplois ont été promis. Par contre les groupes privés lucratifs qui gèrent une bonne partie de ces établissements ont continué à engranger de confortables bénéfices leur permettant de se développer dans de nombreux pays, y compris la Chine où un marché s’ouvrait.
Alors aujourd’hui exigeons un soutien massif aux aides-soignantes, infirmières et autres personnels des EHPAD.
Dr Christophe Prudhomme