30 septembre 2020 – Des renforts ? Le billet d’humeur de Christophe Prudhomme

1274. Ségur de la santé Christophe Prudhomme

Le billet d’humeur de la semaine

Des renforts ?

Olivier Véran en visite dans les hôpitaux de Marseille lance un appel à des personnels soignants pour venir en renfort pour accueillir les malades atteints de la COVID-19 dont le nombre augmente depuis quelques semaines. Mais pourquoi sommes-nous dans cette situation alors qu’il était prévisible qu’avec le déconfinement nous aurions besoin de lits supplémentaires. La réponse est simple : rien n’a été prévu et nous sommes revenus aux capacités hospitalières d’avant le pic de l’épidémie, voire même dans certains établissements, inférieures, du fait du manque de personnels. Le meilleur exemple est le CHU de Besançon qui annonce la fermeture de 28 lits car il n’arrive pas à recruter des infirmières.

Depuis plus d’un an, le mouvement des hospitaliers a posé comme première revendication la nécessité d’embauches massives pour soulager le travail du personnel présent, arrêter de fermer des lits et en ouvrir pour pouvoir répondre aux besoins. Pendant les quatre mois de répit que nous a laissé le coronavirus, rien n’a été fait : aucune embauche et aucune ouverture de lits en prévision de l’automne et de l’hiver, périodes habituelles de tension dans les hôpitaux depuis plusieurs années avec même le déclenchement chaque année de plans blancs locaux.

Le problème actuel n’est pas que nous ayons une « seconde vague » mais bien que nos hôpitaux ne sont pas en capacité de gérer à la fois le flux de patients habituels et les malades atteints la COVID-19 qui occupent aujourd’hui environ 20 % des lits de réanimation au niveau national. Si nous avions été entendus, au mois de mai quand nous réclamions le maintien d’un nombre de lits, notamment de réanimation, supérieur à celui du mois de février, nous ne serions pas dans cette situation de perte de confiance de la population vis-à-vis de mesures imposées autoritairement sans arguments vraiment convaincants.

Alors monsieur Véran, il va falloir changer de logiciel et écouter les personnels de terrain que vous avez refusé de recevoir lors de votre passage à Marseille, visiblement trop occupé par vos soucis de communication. Il semble plus important pour vous de parader devant les journalistes des chaînes d’information en continu, plutôt que de vous préoccuper de donner les moyens à l’hôpital de fonctionner. Il n’y a aujourd’hui qu’une seule solution face à l’urgence : il ne s’agit pas de faire appel à des « renforts » qui n’existent pas, mais de mettre en œuvre immédiatement un plan d’embauches et de formation massif.

Dr Christophe Prudhomme

18 septembre 2020 – La marchandisation de nos données de santé continue… même en période de Covid

1294. BD sur la plateforme des recueils de données de santé

Ils sont en train de transformer rapidement, et sans débat, la médecine et notre système de santé en souhaitant faire de chacun d’entre nous « des patients connectés » en mettant par exemple en place le passage du dossier numérique de santé à la e-consultation avec « Le rendu obligatoire des prescriptions dématérialisées » ou bien en ayant un dossier médicalisé accessible par les différents acteurs de la santé. C’est le début de nouveaux marchés très juteux, de profonds changements… mais également d’un risque important de dérives…

C’est pourquoi nous devons réinterroger la place de l’humain (soignants, patients…) dans notre société. Dans ce contexte, la question du stockage, de la gestion des données est majeure. Nous aurions besoin de mettre en place un pôle publique de la collecte des données !

Pourtant, ce n’est pas le chemin que prend le gouvernement actuel, on l’a encore vu cet été avec la décision de confier l’hébergement de nos données de santé au géant américain Microsoft. Cela pose notamment de sérieuses questions de souveraineté… mais pas que.

Il y a un Blog très intéressant sur ces questions là qui essaie d’expliquer ce sujet de manière accessible sous forme de bande dessinée. Nous vous conseillons la lecture de l’article « Ecran bleu… de la santé ».

POUR LE CONSULTER : CLIQUER ICI

15 septembre 2020 – Billet d’humeur de Christophe Prudhomme – Des emplois

1274. Ségur de la santé Christophe Prudhomme

Billet d’humeur de Christophe Prudhomme

Des emplois

Après une préparation médiatique intense qui nous avait déjà annoncé ce qu’allait dire le premier Ministre, nous ne pouvons que rester très critique sur la prestation de Jean Castex vendredi dernier. La seule annonce concrète faite lors de cette intervention est la création de 2 000 emplois dans les ARS et l’Assurance maladie pour assurer le traçage. Mais ce ne sont pas de contrôleurs dont nous avons besoin, monsieur Castex mais de personnels pour ouvrir rapidement des lits de réanimation dans les hôpitaux. Il s’agit là d’une nouvelle illustration d’une orientation axée autour du contrôle et de la restriction des libertés, alors que notre problème principal pour gérer l’épidémie avec un nombre de malades graves qui augmente, mais heureusement de manière limitée pour l’instant, sont les capacités hospitalières. Or nous sommes en situation de tension car nous sommes revenus au monde d’avant avec un nombre de lits de réanimation insuffisant déjà pour prendre en charge les malades liés à l’activité classique des hôpitaux qui a repris depuis la fin du déconfinement. Activité dense car il a fallu rattraper le retard pris lors du pic de l’épidémie. Il est évident que dans ces conditions de fonctionnement à flux tendu, les quelques dizaines de malades de la COVID-19 supplémentaires engendrent une situation de crise.

Il est urgent pour les semaines qui viennent et pour l’hiver prochain, mais aussi pour les années à venir au regard de l’évolution des besoins, d’augmenter très rapidement nos capacités en lits de réanimation d’au moins 50 %. Ce n’est pas excessif car même avec ces environ 8 000 lits nous serions encore en-dessous de ce qui existe de manière permanente en Allemagne par exemple. Le personnel formé existe, ce sont les volontaires qui ont permis d’armer les lits supplémentaires au pic de l’épidémie. Il faudra bien entendu le remplacer dans leurs services et des embauches sont donc nécessaires immédiatement bien au-delà de ce qui a été promis lors du Ségur de la santé. Gouverner, c’est prévoir. Il est donc essentiel de répondre dès maintenant à cette exigence d’augmentation capacitaire, seule mesure qui nous permettra d’éviter une situation de rupture, comme en mars et avril, qui a été à l’origine d’une surmortalité évitable pour les patients réanimatoires.

Dr Christophe Prudhomme

8 septembre 2020 – Réanimation – Billet d’humeur de Christophe Prudhomme

1274. Ségur de la santé Christophe Prudhomme

Billet d’humeur de la semaine

« Réanimation »

Le virus circule toujours et le nombre d’hospitalisations qui était très faible, notamment en réanimation, augmente légèrement nationalement et de manière un peu plus marquée dans les Bouches-du-Rhône. Mais pourquoi cette inquiétude de la part du gouvernement ? La réponse est facile à trouver. Après la crise, nous sommes revenus à notre nombre très réduit de lits de réanimation, soit 5 500 nationalement. Ce qui représente un chiffre rapporté à la population très inférieur à ce qui existe dans d’autres pays qui, face à un nombre de patients similaire, n’ont pas connu la crise que nous avons subie avec la nécessité de stopper quasiment toute activité hospitalière pour ouvrir en catastrophe des lits de réanimation.

Le ministre de la Santé après le pic de l’épidémie s’était félicité du fait que « l’hôpital avait tenu » et que le concept de « lits saisonniers » était la bonne solution. Et bien, monsieur le ministre la vie vous donne tort. Il était prévisible que, sans parler de « deuxième vague », le nombre de malades atteints de la COVID-19 nécessitant une hospitalisation allait augmenter du fait du retour à une vie économique et sociale proche de la normale. Sans vaccin, avec uniquement les masques et une capacité à tester insuffisante et désorganisée, il était évident qu’il fallait mettre nos hôpitaux en situation de pouvoir augmenter leurs capacités en cas de besoin. Or rien n’a été fait, aucune ouverture de lits, pas de recrutement de personnel et un Ségur de la santé qui a largement déçu les professionnels. Alors, oui, il manque des lits de réanimation à Marseille comme il en manque dans toute la France. Il y a urgence à former et à embaucher du personnel pour augmenter de manière conséquente nos capacités hospitalières. La politique du flux tendu, de l’ambulatoire et de la diminution des durées moyennes de séjour montre ici ses limites. Un hôpital doit toujours disposer de capacités en réserve pour justement être prêt à gérer les situations de tension qui surviennent maintenant régulièrement, chaque hiver car il y a la grippe et chaque été car il fait chaud ! La logique productiviste doit cesser et il faut accepter qu’il y ait des lits vides avec du personnel qui a le temps de se former, de prendre ses vacances et aussi parfois de prendre des pauses.

Il s’agit de revenir au bon sens pour les services publics essentiels pour la population. L’application aux services d’incendie de la même logique qu’à l’hôpital signifierait la fermeture de nombreux centres de secours et l’envoi à la casse de nombreux engins car ils ne servent que trop peu souvent. Serait-ce acceptable ? Non, comme cela ne doit pas l’être pour les hôpitaux face à des situations de crise récurrentes et donc prévisibles.

Dr Christophe Prudhomme

24 août 2020 – Note du Ministère de la santé du 20 août 2020 sur les tests Covid

Note ministère de la santé tests Covid


Ci-joint une note du Directeur Général de la Santé à l’adresse des professionnels de santé précisant les modalités des tests Covid.


POUR CONSULTER LA NOTE : CLIQUER ICI

Plusieurs éléments sont à retenir :
– il est recommandé de faire un test à la fin de son congé avant sa reprise du travail ainsi que dans d’autres cas (symptômes, participation à des rassemblements…)

– quel que soit l’endroit où ce test est réalisé (établissement ou laboratoire privé), les résultats doivent être transmis à la médecine du travail (et pas à la Direction).

– Certains Directeurs outrepassent aujourd’hui allègrement leurs prérogatives :
* en imposant depuis quelques semaines des tests à des cadences soutenues
* en exigeant directement des laboratoires les résultats de ces tests au mépris du secret médical et du rôle de la médecine préventive

Nous gérons cette problématique avec la plus grande vigilance. Merci de nous informer de tout problème sur le sujet.

17 août 2020 – Covid-19 : une possible pénurie de gants inquiète les professionnels de santé

1283. Covid-19 pénurie de gants (1)

1283. Covid-19 pénurie de gants (2)


Publié le 11/08/2020 – Le Point

Après le gel hydroalcoolique et les masques jetables, un autre produit indispensable à la lutte contre l’épidémie de coronavirus se raréfie progressivement : les gants. France Info a ainsi recueilli les témoignages de professionnels de santé inquiets.

En cause, notamment, « les tests PCR à domicile [qui] s’accélèrent », selon Jean-Michel Elvira, ancien président de l’Onsil, l’Organisation nationale des syndicats d’infirmiers libéraux. Ce dernier prévient d’ailleurs : « Si nous n’avons plus de gants, nous arrêterons de faire des tests PCR. » Et d’ajouter : « Nos fournisseurs habituels sont en rupture de stock et les prix explosent. » L’infirmier détaille aussi qu’il avait l’habitude de se procurer des gants à un prix compris « entre quatre et cinq euros la boîte de 100. Aujourd’hui, ils coûtent entre 13 et 15 euros… Quand on en trouve. »


Le risque d’un « mésusage des gants »

Les autorités ont elles aussi constaté cette pénurie à venir. La Direction générale de la santé (DGS) évoque ainsi une « hausse de la consommation, entre cinq et 20 fois la demande normale selon le type d’EPI (équipement de protection individuelle) ». Du côté des producteurs, la Malaysian Rubber Glove Manufacturers Association (Margma), un regroupement de fabricants de gants en caoutchouc malaisien qui produit environ 20 % des gants en latex vendus dans le monde, anticipe une hausse de 20 % de la demande mondiale.

En France, la DGS a donc sollicité la Société française d’hygiène hospitalière (SF2H) afin qu’elle dresse une série de « mesures d’utilisation de gants à mettre en place dans le cas d’une éventuelle pénurie », selon le Dr Bruno Grandbastien, président de la SF2H. Le médecin précise que « la réalisation d’un test PCR est un geste qui nécessite le port de gants, car il y a un contact avec la muqueuse nasale. Tout comme la prise de sang ». En revanche, « il n’est pas utile de porter des gants pour la prise en charge d’un patient ou d’un résident d’un Ehpad par exemple », rappelle-t-il. « Un mésusage des gants à usage unique contribue à augmenter les risques d’autocontamination. Le recours à la friction hydroalcoolique est à privilégier », alerte encore le président de SF2H.