4 août 2020 – Reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle : « Tout est fait pour limiter le nombre de bénéficiaires »

1280. Reconnaissance du Covid comme maladie professionnelle


Reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle : « Tout est fait pour limiter le nombre de bénéficiaires »

Par Louis Naudau
Article publié dans le journal « Marianne » le 30/07/2020 :

Représentants syndicaux et associatifs ne cachent pas leurs inquiétudes après la révélation d’un projet de décret concernant la prise en charge du Covid-19 en tant que maladie professionnelle, bien en deçà des premières annonces du gouvernement.

Auront-ils droit à davantage que des médailles et des applaudissements aux fenêtres ? Alors que la publication du décret définissant les contours de la prise en charge du Covid-19 en tant que maladie professionnelle se fait encore attendre ce mercredi 29 juillet, représentants syndicaux et associatifs ne cachent pas leurs inquiétudes après la révélation d’un projet de texte revenant en grande partie sur les premières annonces du gouvernement.

Le 30 juin dernier, le ministère du Travail semblait s’orienter vers une indemnisation large, obtenue automatiquement pour le personnel médical ayant été malade, et de manière facilitée pour le reste des travailleurs en première ligne pendant l’épidémie. Au lieu de cela, un projet de décret, révélé début juillet par Le Monde et que Marianne a pu consulter, introduit une conditionnalité pour les « soignants » et préfigure une usine à gaz administrative pour les salariés souhaitant faire reconnaître « leur » Covid-19 comme une maladie professionnelle. « Il y a une distorsion considérable entre les annonces et le dispositif que dessine ce projet de décret », explique à Marianne Morane Keim-Bagot, Professeure de droit à l’Université de Bourgogne et auteure de la thèse De l’accident du travail à la maladie : la métamorphose du risque professionnel.

Les intentions de l’exécutif à l’égard des soignants semblaient pourtant claires. Le 23 mars, le ministre de la Santé, Olivier Véran déclarait devant la presse : « Pour tous les soignants qui tombent malades, le coronavirus sera reconnu comme maladie professionnelle. » Et d’insister : « C’est la moindre des choses, il n’y a aucun débat là-dessus. » L’enjeu pour les médecins et infirmières, comme pour le reste des travailleurs, est de taille : la reconnaissance d’une maladie professionnelle permet en effet une prise en charge des frais de soins totale par l’assurance maladie, de meilleures indemnités journalières – 60% du salaire journalier de base entre le 1er et le 28ème jours d’arrêt, puis 80% à partir du 29ème jour – et l’attribution d’une indemnisation, sous forme de rente ou de capital, en cas d’incapacité permanente ou décès pour les ayants droit. En outre, la maladie professionnelle permet au salarié de demander des dommages et intérêts à son employeur pour faute inexcusable.


>> « UN SIGNE DE MÉPRIS »

Le 30 juin, le ministère du Travail a repris la promesse d’Olivier Véran à son compte, en introduisant cependant la notion de « sévérité » : « Les soignants atteints du Covid-19 dans sa forme sévère verront leur maladie systématiquement et automatiquement reconnue comme une maladie professionnelle », peut-on lire sur le site Internet du ministère. Pour mémoire, la sécurité sociale tient un tableau de pathologies, chacune accompagnées de critères : délais maximum de prise en charge, durées minimales d’exposition au risque et listes d’activités concernées.

Un salarié remplissant ces critères n’a pas à prouver le lien entre son activité et sa maladie : « Est présumée d’origine professionnelle toute maladie désignée dans un tableau de maladies professionnelles et contractée dans les conditions mentionnées à ce tableau », prévoir en effet l’article L461-1 du code de la sécurité sociale. En revanche, si la maladie ne figure pas dans l’un de ces tableaux, c’est au salarié qu’incombe la charge de la preuve.

Or, à lire le projet de décret du gouvernement, ce dernier souhaiterait retenir une définition très restrictive du Covid-19 dans un nouveau tableau dédié spécifiquement au coronavirus. Dans la colonne « désignation des maladies », on peut en effet lire : « Affections respiratoires aigües causées par une infection au SARS-CoV2, confirmée par examen biologique ou scanner ou, en leur absence, par une histoire clinique documentée (compte-rendu d’hospitalisation, documents médicaux) et ayant nécessité une oxygénothérapie, attestée par des compte-rendus médicaux, ou ayant entraîné le décès. »

Autrement dit, la prise en charge automatique du Covid-19 en tant que maladie professionnelle se limiterait pour les soignants aux cas ayant nécessité une assistance respiratoire. « C’est un signe de mépris pour ceux qui se sont exposés au danger », s’indigne Nadine Herrero, présidente de la Fédération nationale des accidentés du travail et des handicapés (Fnath), auprès de Marianne. « C’est un projet de décret très restrictif, qui sera source de recours en justice en raison du flou entourant la notion de sévérité. Devant un tribunal, ça ne résistera pas à une expertise médicale », renchérit Christophe Prudhomme, porte-parole de l’association des médecins urgentistes français et syndicaliste CGT, regrettant que le gouvernement soit revenu sur sa promesse d’automaticité : « Nous la demandions également en raison de la surcharge de travail subie par les services administratifs au gros de la première vague. Ils n’ont pas toujours pu suivre », précise le médecin.

La définition étroite retenue dans cette ébauche de décret est d’autant plus incompréhensible pour lui que la connaissance scientifique du Covid-19 est encore floue : « On ne connaît pas les effets à long terme du Covid-19 sur les poumons par exemple », avance Christophe Prudhomme. « Certains de mes collègues ont été malades, se sont soignés avec les moyens du bord sans avoir besoin d’assistance respiratoire, mais ressentent encore aujourd’hui de la fatigue ou souffrent d’essoufflements. » Nadine Herrero abonde en ce sens : « Les critères sont beaucoup trop limitatifs pour des séquelles dont on ne connaît pas encore l’étendue, explique-t-elle, on prend le même chemin que pour l’amiante. » Autre motif d’inquiétude pour la Fnath : le délai 14 jours prévu par le décret pour faire constater sa maladie après la fin de l’exposition au risque. Trop court selon l’association, puisque, même si la durée d’incubation moyenne du Covid-19 est de 3 à 5 jours, les premiers symptômes peuvent apparaître jusqu’à deux semaines après la contamination.


>> « COMPLEXITÉ BYZANTINE »

Pour les salariés n’appartenant pas à la catégorie des « soignants » – livreurs, caissiers et autres véritables « premiers de cordée » – ou ne remplissant pas les conditions fixées par le tableau de l’assurance maladie, la partie s’annonce encore plus compliquée. Ils devront saisir, selon le texte du projet de décret, « un comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles unique, dédié aux maladies liées au Covid-19, afin d’en harmoniser le traitement ». « Ces comités vont être immédiatement surchargés », s’inquiète Nadine Herrero. De son côté, le ministère du Travail assurait le 30 juin que « des recommandations seront adressées [au comité] pour faciliter la reconnaissance de maladie professionnelle pour les salariés atteints de la Covid-19 dans sa forme sévère, pour les activités réalisées en présentiel pendant la période de confinement ».

Reste que, comme expliqué plus haut, c’est le salarié qui devra faire la démonstration du lien entre sa contamination par le Covid-19 et son travail dans cette procédure. Plutôt coton, dans le cas d’une épidémie si largement répandue et difficile à pister. « La meilleure stratégie sera peut-être de faire jouer les présomptions, en réunissant un faisceau d’indices », avance Morane Keim-Bagot. « Il faudra montrer qu’il y a eu tant de personnes contaminées sur le lieu de travail, éventuellement produire les sérologies des autres membres de la famille pour exclure cette origine… ». La professeure de droit est toutefois dubitative : « Je pense que ça va être d’une complexité byzantine, sauf hélas pour les ayants droits de victimes décédées. Beaucoup de salariés n’arriveront pas à prouver ce lien. En tout cas tout est fait pour… »

Morane Keim-Bagot alerte également sur un autre recul discret entre les annonces gouvernementales et le texte en préparation : initialement, la reconnaissance du Covid-19 comme maladie professionnelle ne devait pas être conditionnée, comme c’est le cas d’ordinaire pour les autres pathologies, par la constatation d’un taux d’incapacité permanente d’au moins 25% des salariés. « Dans le cadre de cette procédure simplifiée, aucun taux d’incapacité permanente ne sera notamment exigé », peut-on encore lire sur le site du ministère du Travail. « Cette disposition a purement et simplement disparu dans le projet de décret », constate la juriste.

« Tout est fait pour limiter le nombre de bénéficiaires », soupire lui aussi Christophe Prudhomme. « C’est un gouvernement de boutiquiers, qui fait des promesses tant que nous sommes au front, le nez dans le guidon », ajoute le médecin, pour qui la différence entre les annonces initiales et le projet de décret n’a pas d’autre raison que l’application d’une logique comptable. En effet, si l’employeur ne financera pas directement l’indemnisation d’un salarié atteint de Covid-19, ce sont bien ses cotisations à la branche dite « AT-MP » (accident du travail et maladie professionnelle) de la sécurité sociale qui serviront à payer. « Un arrêté prévoira la mutualisation de cette dépense entre tous les employeurs dans la part mutualisée de leur cotisation accidents du travail et maladies professionnelles », explique le site du ministère du Travail. In fine, ce sont donc les employeurs qui paieront. Une contribution que le gouvernement semble vouloir limiter le plus possible. « On a préféré l’aide aux entreprises à l’aide aux victimes », grince Nadine Herrero.

24 juillet 2020 – Annonce de la fermeture puis du maintien des Urgences de nuit à l’hôpital de Pertuis

Bonjour,
Le 22 juillet, la direction de l’hôpital d’Aix-en-Provence/Pertuis a annoncé la fermeture provisoire des Urgences de nuit à Pertuis.

>> Voir ci-dessous le communiqué de la direction du CH d’Aix/Pertuis du 22 juillet.

>> Ensuite voir ci-dessous également le communiqué du 23 juillet de la Coordination Régionale CGT Santé et Action Sociale PACA relatif à cette fermeture dite « provisoire » : CLIQUER ICI

Cette annonce inacceptable n’était pas sans rappeler celle de Sisteron où la fermeture « temporaire » dure depuis plus d’un an et dont la mobilisation citoyenne et syndicale continue toujours (200 personnes étaient encore rassemblées lundi 13 juillet devant les Urgences dont une dizaine de maires de communes voisines pour le 365ème jour de lutte).

>> Aujourd’hui, 24 juillet, l’ARS PACA, souhaitant éviter une nouvelle zone de tensions dans la région, après notamment celle de Sisteron, vient de publier un communiqué (voir ci-dessous) en expliquant que les Urgences resteraient finalement ouvertes 24h/24 à Pertuis. Juste avant le communiqué de l’ARS de cet après-midi, deux médias nationaux et France 3 région ont contacté la CGT Santé PACA pour qu’elle les mette en lien avec le syndicat CGT de l’hôpital d’Aix/Pertuis. Sentant le vent se lever, l’ARS a vite réagi.

Cela témoigne premièrement que la fermeture n’était pas justifiée et qu’en faisant preuve d’un minimum de bonne volonté et de coopération des solutions immédiates sont possibles. Cela témoigne deuxièmement des tentatives permanentes contre l’établissement de Pertuis, puisque déjà pendant la période de confinement la direction de l’établissement avait souhaité fermer la maternité mais l’ARS s’y était là aussi opposée. Et cela témoigne enfin, que sous la pression citoyenne, syndicale et politique, l’ARS peut sortir de l’impuissance publique généralisée et peut prendre ses responsabilités. Cela va dans le bon sens mais ne doit pas s’arrêter là et maintenant des efforts doivent être faits pour rouvrir les urgences de Sisteron 24h/24 et 7 jours/7 !

>> Ci-joint enfin ci-dessous l’article d’Hospimédia de ce jour.

Nous restons mobilisés !

1277. Communiqué 22 juillet 2020 CH Aix Pertuis fermeture Urgences

1277. Communiqué CGT Santé PACA Urgences de Pertuis

1277. Communiqué 24 juillet 2020 Urgences Pertuis ARS PACA

1277. Article Hospimédia Urgences de Pertuis du 24 juillet 2020

14 juillet 2020 – Ségur de la santé – Billet d’humeur de Christophe Prudhomme

1274. Ségur de la santé Christophe Prudhomme

Billet d’humeur : Politique spectacle

Le protocole d’accord du Ségur de la santé a été signé en grande pompe, sous les ors de la République, par une partie des représentants syndicaux habillés en dimanche et visiblement très fiers d’être invités par le Premier ministre.

Le spectacle a continué le soir même avec une sauterie au Grand Palais où le ministre de la Santé avait invité quelques personnels hospitaliers. Puis le 14 juillet, le monarque républicain a voulu aussi mettre soi-disant à l’honneur des soignants en les mélangeant aux militaires pour la parade traditionnelle, tandis que d’autres hospitaliers manifestent sur le parcours symbolique République-Bastille.

En effet, sur le terrain, l’insatisfaction et la déception dominent. Si les augmentations de salaires chichement octroyées vont certes améliorer l’ordinaire, les calculs sont vites faits : les 180 euros permettent juste de rattraper la perte de pouvoir d’achat accumulée depuis 2010 du fait du blocage des salaires dans la Fonction publique. Nous sommes très loin d’atteindre le niveau de rémunération moyen des pays de l’OCDE. Par ailleurs, le volet emploi promet des embauches à hauteur d’à peine 3 % de nos demandes ! Et toujours rien sur les fermetures de lits, de services et d’hôpitaux.

Nous ne pouvons en rester là et les actions du 14 juillet ne sont qu’une étape supplémentaire d’une mobilisation qui va se poursuivre.

Notre système de santé va mal et nécessite des réformes profondes tant au niveau de son organisation que de son financement et ce n’est pas la récente loi « Ma santé 2022 » qui va apporter des réponses adéquates. Il ne s’agit que de la continuité de la politique libérale mise en place depuis les ordonnances Juppé en 1995, puis par les lois Bachelot et Touraine.

Il faut bien comprendre que ce qui coûte cher dans notre système de santé actuel et le rend complexe ainsi que peu efficient, est le maintien d’une mixité public/privé, tant au niveau de son organisation que de son financement. Nous avons besoin de reconstruire un véritable service de santé et d’action sociale qui s’appuie sur le service public, dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire, qui permette à tout un chacun de pouvoir consulter un médecin dans la journée en cas de besoin et avoir accès à un hôpital dans un délai maximum de 30 minutes. Cela passe par l’élimination de toute active privée lucrative dans les activités sanitaires et sociales, qui a montré toute son inhumanité lors du pic de la crise du coronavirus, notamment dans les EHPAD. Il s’agit aussi de construire la véritable Sécurité sociale dont nous avons besoin pour assurer nos besoins en termes de santé et de protection sociale de la naissance à la mort. Il faut pour cela qu’elle devienne collecteur unique des cotisations et financeur unique des prestations, en supprimant toutes les assurances privées complémentaires.

Ce qui peut paraître impensable à un instant donné peut devenir la réalité le lendemain. La crise du coronavirus nous a montré que les lignes peuvent très rapidement bouger. A nous de continuer à nous mobiliser afin que ce que pour quoi nous luttons devienne le plus rapidement possible une réalité. C’est cela faire de la politique au sens propre du terme, à l’opposé total du triste spectacle offert aujourd’hui par nos gouvernants.

Dr Christophe Prudhomme

1er mai 2020 – Journée internationale des travailleuses et des travailleurs

1er mai 2020 CGT

MARIA BLONDEAU (jeune fille assassinée par l’armée, lors d’une marche ouvrière le 1er mai 1891 dans la ville de Fourmies). Pour voir la vidéo, cliquer sur ce lien :

Le Billet d’humeur du jour de Christophe Prudhomme :

« Travailleur.euse

Avant la presse, oubliant l’histoire, désignait le 1er mai comme la Fête du travail alors qu’il s’agit de la Journée internationale des travailleur.euse.s. Pour certains, l’idée qu’il pouvait s’agir d’un gros mot pointait ses oreilles. Mais c’est un joli mot travailleur.euse. D’ailleurs je suis fier d’être un travailleur de la santé en tant que médecin. Le terme salarié.e nous réduit à la rémunération du travail, alors que notre travail ne se limite pas à cela. Nos activités, qu’elles soient rémunérées ou non, participent au fait que nous puissions vivre ensemble en société car le modèle ne peut être l’autarcie de l’ermite.

La crise due au coronavirus semble avoir fait découvrir à certains – au moins dans les discours – qu’un certain nombre de travailleur.euse.s qui constituaient pour eux des coûts avec des charges qu’il fallait réduire, leur étaient indispensables au quotidien. Cela met en lumière ce qu’est la valeur du travail. Certaines tâches sont plus utiles que d’autres, il faut donc d’elles retrouvent leur vraie valeur dans notre société. Qui dit valeur renvoie à une hiérarchie. Alors qui est plus utile dans la période ? Le banquier spécialiste de l’évasion fiscale ou bien la caissière de supermarché, l’infirmière ou le consultant missionné pour restructurer l’hôpital. Aujourd’hui la réponse semble claire et il ne faudra pas l’oublier.

A l’hôpital, dans les EHPAD, dans les établissements accueillant des handicapés et plus généralement dans tout le secteur médicosocial, nous avons besoin de travailleur.euse.s qualifiées car l’essentiel de l’activité repose sur le travail de femmes et d’hommes qui doivent s’occuper d’autres femmes et d’autres hommes qui ont besoin d’eux.

Pour ce 1er mai, encore plus que les autres années, nous manifestons pour réclamer des effectifs supplémentaires pour et de meilleurs salaires pour pouvoir mieux travailler, donc pouvoir mieux vivre.

Dr Christophe Prudhomme »

Pour consulter l’appel commun du 1er mai « Plus jamais ça ! » : CLIQUER ICI

4 avril 2020 – L’unité nationale contaminée et confinée

1251. Coronavirus préfet de Paris Lallement

>> Le Préfet de Paris a expliqué que les patients en réanimation sont ceux qui n’ont pas respecté le confinement (voir l’article ci-dessous d’hier).

C’est très révélateur de leur conception de l’unité nationale !!! Une unité nationale qui ne va que dans un sens est en fait une désunion nationale !!! Tous ensemble, avec le gouvernement, contre le covid, non merci !!! Ils en profitent pour déréglementer le travail… ils envoient les personnels soignants se faire dégommer sans protection… Pour une union nationale, il faudrait qu’ils fassent le maximum mais c’est loin d’être cas. Et même le minimum, qui est le respect de base, ils en sont incapables !

Quand on voit tous les contaminés en ce moment qui sont notamment des collègues qui travaillent dans les hôpitaux, les EHPAD, le commerce, le transport, la poste… on se rend compte à quel point ces gens là sont ignobles !!! Dans le département, il y a une quinzaine de collègues de la poste convoqués au tribunal… elle est où l’unité nationale ? Je crois qu’elle est aussi en Réa !!!

L’unité nationale ce n’est pas profiter de la situation pour museler toute l’opposition parlementaire et rester dans un monologue rassurant !
L’unité nationale ne doit pas simplement consister en un recul des conditions de travail, des droits des travailleurs, de toutes les protections et des libertés individuelles !
L’unité nationale ce n’est pas d’un côté quelques uns qui comptent les sous et tous les autres qui comptent les morts !

L’unité nationale doit se faire au travers d’une politique nationale cohérente et elle doit être juste envers celles et ceux qui sont en première ligne !
L’unité nationale c’est revenir à l’humilité et c’est faire confiance à l’intelligence populaire !
L’unité nationale c’est revenir à un état régulateur et planificateur (c’est d’ailleurs la première leçon à tirer de cette crise) !
L’unité nationale c’est la nationalisation des entreprises de fabrication des fournitures et matériels médicaux avec la mise en place d’un grand pôle public du médicament !
L’unité nationale c’est prendre beaucoup de recul avec toutes les recommandations et directives de l’union européenne !
L’unité nationale passe aussi par un arrêt des mensonges d’état qui sont quasi-journaliers !

Pour voir l’article d’hier matin, cliquer sur ce lien : CLIQUER ICI

>> Les derniers billets d’humeur de Christophe Prudhomme :

* Billet d’humeur du jour – Colère noire
Alors que nous nous battons face à la pénurie au quotidien pour sauver des patients, une note commandée par Emmanuel Macron à la Caisse des dépôts et consignations me met dans une colère noire. Cet outil financier de l’Etat créé par Napoléon nous propose un plan pour l’hôpital public qui se résume à sa privatisation et à son dépeçage, permettant aux requins de la finance de s’accaparer les morceaux les plus rentables.
Je vous ai écouté, Monsieur le Président, lors de votre discours de Mulhouse. J’étais sceptique face à vos promesses mais il me restait un espoir qu’en insistant un peu, finalement vous alliez commencer à répondre aux revendications que nous défendons depuis plus d’un an. Là, c’est la douche froide. Quelle écœurante duplicité ! Vous nous mentez en pleine tempête et je ne peut plus faire confiance au capitaine du bateau.
Nous allons continuer à nous battre pour nos patients puis viendra le temps du bilan. Aujourd’hui mes journées sont longues à l’hôpital et j’utilise mes rares heures disponibles pour poursuivre mon activité syndicale car mes collègues me demandent d’être leur porte-parole pour demander des moyens et exprimer leur désarroi et leurs inquiétudes.
Mais demain, nous nous mobiliserons pour un changement radical de politique pour que par exemple les agents de la Caisse des dépôts travaillent dans l’intérêt des services publics, notamment l’hôpital public, et pas pour celui du monde de la finance.

* Billet d’humeur du jour – L’urgence : la réquisition des entreprises
Nous subissons depuis le début de l’épidémie le manque de moyens de protection, notamment de masques, non seulement à l’hôpital mais aussi en ville où nos collègues médecins, infirmières, ambulanciers, etc.travaillent dans des conditions indignes qui les mettent en danger.
Aujourd’hui, la situation devient plus grave avec un début de rupture d’approvisionnement en médicaments essentiels, notamment les anesthésiques absolument indispensables pour endormir les patients intubés et ventilés en réanimation. Nous sommes là face à une mise en danger immédiate de la vie des patients. Cette situation était prévisible et rien n’a été fait. Depuis plusieurs années, nous avons été nombreux à protester et à demander au gouvernement de prendre des mesures face aux ruptures d’approvisionnement qui augmentent d’année en année dans les pharmacies. Il s’agit là de la conséquence directe des choix de l’industrie pharmaceutique qui a privilégié sa rentabilité financière au détriment de la sécurisation de sa production. Tout cela est connu et a été largement analysé par des associations comme l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament dont les appels auprès des pouvoirs publics sont restés sans réponse.
Il n’est plus possible face à cette crise dans la crise de se contenter de faire appel à la bonne volonté des entreprises et d’organiser des visites à visée médiatique, monsieur le Président de la République. L’urgence est à la réquisition immédiate des entreprises pour que la priorité soit donnée à la fabrication des produits indispensables au bon fonctionnement de notre système de santé. Le bricolage, c’est fini ! Seule la réquisition permet de prioriser les productions, de les répartir en fonction despriorités et de contrôler les prix.
Il est par ailleurs insupportable de constater que la Communauté européenne ne sert à rien aujourd’hui. Chaque pays mène sa propre politique, s’est replié derrière ses frontières et il existe même un concurrence brutale pour s’approprier les rares moyens disponibles sur place où qui sont commandés à l’étranger.
L’inhumanité de l’organisation de notre économie dans le cadre de la mondialisation libérale est mise en pleine lumière. Monsieur le Président, vos belles paroles sur le thème « Demain, tout ne pourra plus être comme hier » ne peuvent suffire. L’urgence est immédiate et c’est maintenant que les choses doivent changer avec une première étape : la réquisition par l’Etat des entreprises indispensables pour sauver des vies aujourd’hui. Demain, nous compterons les morts qui auraient pu être évités.

* Billet d’humeur du jour
Des doutes légitimes existent sur la gestion de la crise par le gouvernement actuel avec en arrière plan les responsabilités des gouvernements précédents.
Dès le mois de janvier, nous avions été un certain nombre à souligner le fait que notre système hospitalier était à la limite de la rupture et qu’en cas d’épidémie sévère il risquait de ne pas être capable de gérer une augmentation brutale du nombre de malades. Par ailleurs, nous dénonçons depuis plus d’un an le manque de lits, de personnels, de matériel et de médicaments trop souvent en rupture de stock. La situation de tension, notamment en lits de réanimation, était prévisible. En effet, si nous étions parti « en guerre » avec le même nombre de lits rapporté à la population qu’en Allemagne, nous aurions disposé au départ de 10 000 lits, et non pas de 5000. Face à cette situation, le choix des TGV sanitaires interroge. Ne serait-il pas plus simple de rapatrier du matériel et d’affecter du personnel dans des locaux disponibles sur place, notamment à l’Hôtel-Dieu, en plein centre de Paris où les locaux de la réanimation fermée il y a quelques années sont encore en état avec les alimentations en oxygène notamment. N’en déplaise à certains qui n’aiment visiblement pas les syndicalistes, notamment de la CGT, ces critiques sont légitimes et doivent être faites car il n’est pas question que sous couvert d’unité nationale, tout débat soit étouffé.

* Billet d’humeur du jour – Urgence pour les EHPAD
À ce stade de l’épidémie, la priorité doit être les 700 000 résidents en EHPAD. Pour éviter le confinement total qui risque d’augmenter encore les difficultés, il est nécessaire que nos collègues bénéficient en urgence de matériel de protection et surtout de renforts en personnel. Il faut des masques et des surblouses, car cela fait pleurer de voir ces professionnelles être obligées de bricoler elles-mêmes des masques en tissu ou d’utiliser des sacs poubelle comme protection.
Cette situation était prévisible. Il y a deux ans, un grand mouvement à agité les EHPAD avec une revendication de création de 200 000 emplois en urgence pour pouvoir avoir un ratio d’un agent par résident. Taux d’encadrement nécessaire pour avoir le temps de donner à manger aux résidents dépendants, de pouvoir donner plus d’une douche par semaine et surtout de pouvoir disposer de temps pour les écouter, leur parler et les réconforter. Or, là aussi, le gouvernement n’a pas répondu aux revendications et seuls quelques milliers d’emplois ont été promis. Par contre les groupes privés lucratifs qui gèrent une bonne partie de ces établissements ont continué à engranger de confortables bénéfices leur permettant de se développer dans de nombreux pays, y compris la Chine où un marché s’ouvrait.
Alors aujourd’hui exigeons un soutien massif aux aides-soignantes, infirmières et autres personnels des EHPAD.
Dr Christophe Prudhomme