8 juillet 2013 – Les 12 heures à l’hôpital

Nous pouvons dire que fumer est dangereux, mais nous ne sommes pas là pour vous interdire de fumer. Nous pouvons dire que l’alcool au volant est très dangereux, mais chacun est libre de ses actes. Nous ne sommes pas là pour juger mais simplement pour informer des risques.

Nous sommes conscients que le travail en 12 heures par jour est une façon d’échapper aux mauvaises conditions de travail à l’hôpital : « Moins on y est, mieux on se porte ! ». Les personnels expriment donc davantage une fuite du service pour limiter le nombre de jours de présence plutôt qu’une véritable adhésion à cette forme d’organisation.

Cependant, les établissements qui ont mis en place les 12h observent un taux de fuite des soignants beaucoup plus importants qu’ailleurs. Le personnel infirmier (recherché) a la possibilité de partir ailleurs, mais les aides soignants et les ASQ n’ont pas cette possibilité. On observe une augmentation des arrêts maladie des personnels contraints.

Organiser le remplacement d’un personnel en 12 heures n’est pas facile et l’enthousiasme de cette nouvelle organisation diminue vite.

Les 12 heures ne sont autorisées par la loi que par « dérogation ». Par exemple, au cours d’une pandémie grippale qui causerait un fort taux d’absentéisme, le recours aux 12 heures se justifierait pour assurer le présentéisme soignant 24h/24. Mais ce recours est provisoire et ne peut devenir un mode de management du personnel comme les autres.

La base du « volontariat » est requise (notion qui est souvent détournée) et les changements d’affectation assujettis aux 12 heures ne répondent plus à un choix mais à une obligation. De plus, le temps partiel, la mise en place de mi-temps thérapeutique, l’aménagement de poste pour femmes enceintes sont souvent incompatibles avec les 12 heures.

Le cycle de travail ne doit pas excéder 48 heures : heures supplémentaires comprises, sur une période de sept jours consécutifs (et non une semaine). Dans le cas contraire, l’inspection du travail et le CHSCT sont informés de la situation et les Accidents du Travail liés à la fatigue et les risques d’erreurs n’incombent plus qu’au seul salarié mais également à l’administration.

De nombreuses études ont montré que travailler plus que la normale expose à des risques pour la santé. L’étude Whitehall II a suivi plus de 6000 fonctionnaires britanniques durant une dizaine d’années, en examinant l’association entre leur temps de travail et leur risque d’avoir une crise cardiaque. Au cours de l’étude, 192 d’entre eux ont eu une crise cardiaque et parmi ces participants, ceux qui travaillaient plus de 11 heures par jour présentaient 67% de risque supplémentaire de connaître un événement cardiaque en comparaison des personnes qui travaillent 7 à 8 heures par jour.

Cette étude a été réalisée sur un groupe de “travailleurs à faible risque”, cela signifie que ses conclusions ne s’appliquent pas à l’ensemble de la population, mais pourraient s’avérer encore plus significatives sur des métiers à plus forte pénibilité ou à stress plus élevé.

Tentons plutôt d’améliorer les conditions de travail qui sont le réel garde fou de cette mesure essentiellement économique.