26 juillet 2013 – Hôpitaux de Marseille : couacs en série sur la plus grande plate-forme logistique hospitalière de France

Produits médicaux, compresses, pansements, draps, blouses : « les livraisons ont du retard, ou ne correspondent pas aux commandes, ou ne sont pas acheminées dans le bon service », résume Danielle Ceccaldi, secrétaire générale CGT AP-HM. Du coup, certains matériels viennent à manquer… quand d’autres unités sont approvisionnées en trop grande quantité. « Il est parfois sorti davantage de repas des cuisines que de malades hospitalisés. À la Timone, certains plateaux n’arrivent qu’à 14h, et pas dans les bons services ». Ailleurs, ce sont les blouses médicales qu’on cherche, et certaines tailles qui sont introuvables. Craignant la pénurie, certains cadres commenceraient même à faire des stocks (de sacs poubelles, de papier toilette…).

Des bugs informatiques expliquent cela…Mais pas seulement. Ces couacs en série ont commencé il y a près de trois mois, à l’ouverture de la nouvelle plate-forme logistique de l’AP-HM. Cette énorme structure construite au chemin du Ruisseau Mirabeau (Mourepiane) centralise désormais toute l’intendance hospitalière : restauration (11 000 repas par jour), blanchisserie (17 tonnes de linge lavées quotidiennement), stérilisation (18m3 d’instruments traités en 4h), magasins centraux (70 caisses par jour de fourniture, 1 000 références gérées), logistique de transport (20 camions et 80 rotations quotidiennes).

Ces tâches, naguère éparpillées sur les différents sites hospitaliers, sont désormais regroupées au sein de cette « usine », qui bénéficie des dernières nouveautés technologiques: automatisation (notamment pour le dressage des plateaux-repas), traçabilité, gestion des stocks en dynamique.

Bref, sur le papier, la plus grande plate-forme logistique hospitalière de France est censée faire « mieux et moins cher ».

Encore faut-il que les 450 agents qui y travaillent se rodent aux nouvelles méthodes de travail. Ils ont découvert une nouvelle organisation et de nouveaux appareils.

L’enjeu est considérable car tout dysfonctionnement de cette plateforme centralisée impacterait les quatre hôpitaux.

Danielle Ceccaldi (responsable CGT) et David Carayol, chef cuisinier, membre du CHSCT, ont quand même pointé – à l’extérieur du site – une ouverture « improvisée » et des effectifs « sous-dimensionnés ». « Les draps ne sont plus sous film plastique sauf pour la réanimation. On a jeté hier 200 kg de courgettes, le pire étant la restauration et le magasin. On arrête pas les convois d’urgence. Par exemple, aujourd’hui nous n’avons même plus d’eau en stock. Toujours pas de raclettes, de bottes, de sièges hauts. » Les syndicalistes sont remontés : « Au début on attendait que ça se mette en place. Mais c’est pire. On veut que ça fonctionne, que les hôpitaux qui doivent être desservis le soient réellement. » Et de citer après stérilisation des « ustensiles de bloc manquants ou cassés » car « les personnels ne sont pas assez formés ».

De plus, le personnel – 290 salariés encadrement compris – travaille à flux tendu : « On en est à 2000 heures supplémentaires sur tous les process dont 1000 pour la restauration. L’investissement humain n’est pas reconnu. La direction a gelé les RTT et le DG a dit qu’il mettrait les heures sur le compte épargne temps ».

L’AP-HM a investi 80 millions d’euros. La CGT s’interroge : « On va payer 13 millions d’euros par an pendant 25 ans » et « pour faire des économies, ils veulent supprimer 135 postes. Ils en sont à la moitié ».