20 janvier 2015 – Ouvrons le débat sur le travail et sur quelle organisation nous voulons !

Le constat c’est le même partout : public ou privé. Les méthodes de management sont les mêmes en France, et dans le monde entier, à quelques exceptions près. Cependant, c’est quelque chose qui ne s’est jamais discuté, comme s’il n’y avait qu’une seule façon d’aborder le travail. On voit des tickets Psy, des formations sur la gestion du stress. : mais là on gère les conséquences mais non les causes. Le travail tel qu’il est organisé rend malade les gens et les empêche de bien travailler : c’est cela la cause. Soit les salariés en souffrent soit ils se désengagent. Des études montrent que le présentéisme pose autant de problème que l’absentéisme. La souffrance est individuelle, le salarié se culpabilise. Ce qui va mobiliser, c’est changer la façon de travailler, pour transformer le travail.

Lors d’une réunion au mois d’octobre, une camarade a dit :
« On voit de plus en plus de plans sociaux, de réduction d’effectifs, d’augmentation de la charge de travail, et donc de plus en plus de mal être au travail. On veut comprendre ce mal être au travail, échanger avec les autres collègues et autres professions, pour travailler sur le thème du sens du travail et de la santé au travail, et améliorer notre travail au sein des CHSCT ». A mon sens, cela résume bien la position de nombreux militants.

La question du travail n’est jamais discutée. L’organisation du travail, qu’elle soit appelée fordisme, Taylorisme, ou Lean Management aujourd’hui, c’est la même. Elle n’est pas discutée et elle n’est pas discutable. C’est très difficile d’expliquer aux patrons ou dans les négociations que l’organisation du travail doit également être discutée avec les salariés. On ne peut pas demander aux salariés d’être toujours plus réactifs, adaptables, productifs, et en même de se taire quand il s’agit de parler de l’organisation du travail. Ce n’est plus possible. La CGT porte l’idée, et notamment depuis le dernier Congrès, que transformer le travail permettra de transformer la société.

Transformer le travail : ce doit être une stratégie du syndicat. Ce ne doit pas être porté uniquement par les membres CGT au CHSCT, si non cela ne marchera pas. Il faut que ce soit discuté, débattu dans les syndicats et se poser la question : « Est-ce que la stratégie de notre syndicat va être d’affronter le patron sur l’organisation du travail ? ». Les CHSCT ou les experts qu’on peut mobiliser ne sont que des outils au service de la stratégie choisie. On voit trop souvent l’inverse : des CHSCT demandent des expertises, et ensuite une fois les résultats obtenus, le syndicat CGT se pose la question : « Qu’est-ce qu’on en fait maintenant? », « Quelles stratégie adoptée? ». Cela est une erreur, c’est avant qu’il faut se poser la question : « Quelle stratégie a le syndicat? »… »Vers quoi veut aller le syndicat? »…et à partir de cela, comment s’appuyer sur le CHSCT et éventuellement sur une expertise. Mais avant, il faut avoir réfléchit à ce qu’on fera de cette expertise, avec les salariés, pour créer un rapport de force. De plus, on n’y arrivera pas si les salariés n’ont pas été associés à la démarche.

Le droit d’expression des salariés est essentiel.
Quand il y a eu la vague de suicide à France Télécom, François Fillon a demandé à 3 personnes d’étudier ce qui s’est passé. Ils ont élaboré un rapport « Bien être et efficacité » (Henri Lachman, Christian Larose et Muriel Pénicard) où ils ont fait 10 propositions. L’une de ces propositions était de faire en sorte que les décisions remontent et qu’elles soient prises à partir du travail. Les décisions prises d’en haut ont un impact très négatif sur les salariés. Personne n’est plus expert dans son travail que la personne qui le réalise au quotidien. Il faut écouter les agents.

Il faut mener une réflexion sur la question : « comment on fait remonter les décisions ? ». Comment faire en sorte que le salarié ne soit pas absent du processus? Il faut s’appuyer sur cette capacité à agir et à penser des salariés.

A l’heure où de plus en plus de directeurs parlent de Lean Management à l’hôpital, un article est paru dans un magazine au mois de juillet 2014 concernant General Motors.
Au mois de juillet, General Motors avait rapatrié 28 millions de voitures pour malfaçons sur les 6 premiers mois de l’année. 28 millions de voitures rapatriés aux Etats-Unis parce qu’elles ont été mal faites. Voilà les résultats du Lean Management. « Zéro temps mort, zéro défaut »…c’est du pipeau ! Comme il y a des zéro partout, du coup les voitures, elles sont mal faites, elles sont zéro aussi.
Il faut nous appuyer sur les contradictions de ce système. Quand on voit qu’on parle de plus en plus de Lean Management à l’hôpital, ça fait peur. Nous devons contester l’organisation du travail. Et nous devons contester la qualité du travail.