20 avril 2015 – Capital santé – Quand le patient devient client

Capital santé - Quand le patient devient client

Essai : Capital santé. Quand le patient devient client
Auteur : Philippe Batifoulier
Éditions La Découverte, 2014

Selon le baromètre Domplus BVA publié par le Figaro, la santé devient la préoccupation n°1 des Français devant même leur situation financière et l’emploi. L’enquête précise que 8 sur 10 d’entre eux s’en inquiètent, qu’il s’agisse des conséquences d’une maladie, des dépenses nécessaires pour rester en bonne forme ou du niveau de remboursement des soins. Capital santé, l’ouvrage que vient de publier Philippe Batifoulier, maître de conférence à l’université de Paris Ouest Nanterre la Défense et membre du collectif des économistes atterrés, permet de comprendre l’ampleur prise par ces préoccupations.

Il résume lui-même ainsi la trame de son analyse : « Le système français de protection maladie dépérit lentement mais sûrement. En se retournant contre le patient, il satisfait les intérêts du capitalisme sanitaire et de la médecine à identité libérale, conduit au développement d’un nouveau modèle et de son cortège d’inégalités, sans pour autant être plus efficace dans la maîtrise des dépenses ni améliorer la qualité des soins ».

Soulignant la contradiction originelle d’un système de soins socialisé, mais largement ouvert aux intérêts privés (médecine libérale, laboratoires pharmaceutiques, hospitalisation privée), il décrit de manière concrète les divers mécanismes de la pénétration du capital dans le secteur.

Pour Batifoulier, la nature même des soins et la relation médecin malade doit être transformée en profondeur pour permettre la pénétration du capitalisme sanitaire : « pour instituer le marché », il est nécessaire « d’inciter patients comme médecins à se conduire comme des acteurs marchands », ce qui n’est en rien « naturel »…

Enfin, loin de se clore sur un constat fataliste, l’ouvrage se conclut sur une ouverture militante : l’appel à « l’insurrection du patient » pour se rapproprier une Sécurité sociale remboursant les soins à 100 %, pour reconquérir le médicament, les stratégies de santé, l’hôpital public et le système de soins sur le territoire. « Des alternatives politiques sont possibles à condition de considérer que le destin du système de santé n’est pas déjà écrit. »

Une perspective qui est aussi la nôtre !