16 juillet 2018 – La gagne s’étend à l’hôpital : Les perchés de l’hôpital du Havre… Encore une victoire

Les perchés de l'hôpital du Havre (1)

Les perchés de l'hôpital du Havre (2)

Les perchés de l'hôpital du Havre (3)

« La gagne s’étend à l’hôpital »
>> Article de L’Humanité du vendredi, 13 Juillet, 2018, Sylvie Ducatteau

Après leurs collègues du Rouvray, les « perchés » de l’hôpital psychiatrique Pierre-Janet, au Havre, ont décroché 34 postes et l’ouverture d’une unité temporaire d’accueil.

Enfin ! « J’espère que notre victoire, comme celle de nos collègues de l’hôpital du Rouvray, lèvera un vent d’espoir dans tous les hôpitaux, que la résignation, la fatalité vont reculer car, vraiment, lutter pour gagner est possible », se réjouit Nathalie Sellier, l’une des sept « perchés » de l’hôpital psychiatrique du Havre (Seine-Maritime).

Après 16 jours d’occupation des toits de l’établissement et 26 jours de grève des soignants, soutenus par les médecins, les personnels sont parvenus à se faire entendre. Le protocole de sortie de crise établi entre l’intersyndicale SUD, CGT, CFDT et la direction du groupe hospitalier a finalement été accepté par l’assemblée générale du personnel, mercredi en fin d’après-midi, en l’absence de la directrice de l’agence régionale de santé (ARS) de Normandie, Christine Gardel, qui, du début à la fin du conflit, a toujours refusé de se rendre sur place pour y rencontrer les grévistes.

« Certes, tout n’a pas été réglé. Nous savons que d’autres combats nous attendent très rapidement. Mais après la lutte de Saint-Étienne-du-Rouvray – après deux mois de mobilisation et 18 jours de grève de la faim, ces salariés ont obtenu la création de 30 postes et de deux unités de soins pour adolescents et détenus –, la lutte des “perchés” montre que des victoires sont possibles dans cette période de reculs sociaux sans précédent et de destruction massive de tous les services publics », a commenté l’intersyndicale.

Quatre semaines de mobilisation

Ainsi, 34 postes ont été « arrachés ». Deux sont destinés aux urgences psychiatriques, 13 postes vont permettre de constituer un pool de remplacement de nuit et presque 20 postes (13,5 d’infirmiers et 6 postes d’aides-soignantes) sont affectés à une unité temporaire de prise en charge de 22 patients chroniques et stabilisés en attente d’être accueillis dans des établissements adaptés. Cette unité fonctionnera jusqu’au 30 novembre dans l’enceinte de l’hôpital général, situé dans un autre quartier du Havre, ce que regrette l’intersyndicale puisque les malades seront éloignés du plateau psychiatrique. Les syndicalistes ont tout de même accepté cette concession après avoir obtenu l’assurance que les 20 postes débloqués seront déployés en psychiatrie après la fermeture de la structure d’attente. « Cette ouverture temporaire nous permettra d’accueillir dignement les patients, ne serait-ce que quatre mois, autrement qu’en chambres multiples, où nous étions parfois contraints d’installer des matelas à même le sol », commente Jennifer Bouder, infirmière CGT, encore animée par l’intensité de ces quatre semaines de mobilisation « historiques ».

Elle évoque l’engagement très fort des jeunes professionnels, des élèves infirmiers venus apporter leur soutien dès le premier jour de grève. Les formes d’action auxquelles la déléguée syndicale n’aurait pas pensé, comme la « haie du déshonneur », réservée aux membres du conseil de surveillance de l’établissement avant que la réunion ne soit envahie. Ou encore l’occupation du toit des urgences psy, faisant d’eux les premiers « perchés » d’un mouvement social. « Nous étions les perchés du haut mais, sans les perchés du bas, présents 24 h/24, nous n’aurions pas tenu. Du matin au soir, ils organisaient la solidarité. » De l’émotion dans la voix, Jennifer Bouder raconte la toute dernière manifestation, lundi dernier. « Les gens sur les trottoirs laissaient tomber ce qu’ils étaient en train de faire pour rejoindre le cortège. D’autres saluaient de leurs fenêtres. Vraiment. Nous n’avions jamais vu cela. »