21 juillet 2018 – Infirmier en pratique avancée ( IPA ) : les textes viennent de sortir

982. Infirmier infirmière en pratique avancée IPA

Deux décrets et trois arrêtés relatifs à l’IPA (Infirmière en pratique avancée) ont été publiés le 19 juillet au Journal Officiel.

Le décret relatif à l’exercice définit ainsi l’infirmier exerçant en pratique avancée (IPA) comme un professionnel qui « dispose de compétences élargies par rapport à celle de l’infirmier diplômé d’État (IDE), validées par le diplôme d’État d’infirmier en pratique avancée délivré par les universités » qui recevront prochainement l’accréditation nécessaire.

Les IPA auront par exemple le droit de prescrire mais en restant sous tutelle de médecins.

La question des pratiques avancées est un sujet qui fait débat à l’extérieur comme à l’intérieur de la CGT.

Certains médecins trouvent qu’il y a certaines tâches moins intéressantes, et ils souhaiteraient se concentrer sur des tâches mettant davantage en valeur leur formation. Par exemple, ce qui revient souvent c’est que tout ce qui relève des pathologies chroniques pourrait être géré par des infirmières comme la diabéto etc…

Et donc, selon certains médecins, l’IPA pourrait être un moyen de faire évoluer les choses vers le haut. Il faudrait ainsi faire avancer la pratique infirmière vers la pratique médicale… Mais aussi faire avancer la pratique aide-soignante vers la pratique infirmière… Et cela pourrait être intéressant professionnellement parlant à condition que la rémunération suive, qu’il y ait une reconnaissance salariale substantielle.

On voit aussi des infirmières qui nous disent la « pratique avancée », on la fait souvent déjà, sans la nommer, sauf qu’il n’y a rien dans le statut et la rémunération.

Pour autant, la majorité des infirmières que nous croisons, comme la majorité des organisations syndicales sont contre les « pratiques avancées ».

D’ailleurs lors de la réunion du mois de mai 2018, le HCPP (Haut Conseil des Professions Paramédicales) a largement voté contre ces textes.
Le HCPP est composé d’associations, syndicats, médecins…
Mais le gouvernement Macron n’en a aucunement tenu compte.

L’une des raisons premières des votes « contre », c’est que le gouvernement a refusé d’aborder la question salariale lors des réunions de concertation. Un argument qui revient souvent également est le fait de vouloir créer un statut de sous-médecin pour faire des économies.

Rappel :
Au départ la raison première affichée du gouvernement pour la mise en place des pratiques avancées était la volonté d’avoir des infirmières évoluant sur des territoires fragiles, c’est à dire des déserts médicaux, uniquement pour les personnes âgées et les personnes atteintes de pathologies chroniques.

Autrement dit : si tu es une personne âgée, avec une maladie chronique, vivant à la campagne, alors tu seras soignée par un sous-médecin qui sera sous-payé.

Concernant la formation, concrètement, pour une infirmière c’est :
3 ans de formation
+ 3 ans de pratique (à temps plein)
+ 2 ans de pratique avancée
Si on additionne tout, cela fait 8 ans (au minimum) au total de formation pour être IPA.

>> Il faudrait donc partir a minima par exemple sur une grille salariale d’ingénieur hors classe pour avoir une réelle reconnaissance des qualifications. Ce que le gouvernement ne veut pas bien entendu. D’ailleurs, il a fait sortir 5 textes pour officialiser la pratique avancée sans vouloir aborder la question de la rémunération. Elle est belle la démocratie ! Et elle est belle la reconnaissance des qualifications !

Ce texte n’est pas anodin, il est fait dans un contexte où le gouvernement souhaite davantage développer la polyvalence des personnels et faire des économies sur leur dos.

Ces textes seront effectifs dès la rentrée de septembre 2018. Pourtant, ils n’ont pas prévu de budget, ils n’ont pas prévu de projet pédagogique, tout se fait en force et dans la précipitation. C’est du Macron : une « révolution » dans chaque secteur d’activité.

La CGT a pris le temps de réfléchir, a analysé les projets. C’est la seule organisation qui a fait une déclaration liminaire lors de la réunion du HCPP.

Si vraiment il est question d’améliorer la situation des infirmiers, alors pourquoi ne pas simplifier les passerelles pour devenir médecin généraliste plus facilement ? Et notamment dans les zones où il y a de réels besoins. Cela serait une réelle avancée.

Textes :

* Décret 2018-629 du 18 juillet 2018 relatif à l’exercice infirmier en pratique avancée : CLIQUER ICI

* Décret 2018-633 du 18 juillet 2018 relatif au diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée : CLIQUER ICI

* Arrêté du 18 juillet 2018 relatif au régime des études en vue du diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée : CLIQUER ICI

* Arrêté du 18 juillet 2018 fixant la liste des pathologies chroniques stabilisées prévue à l’article R. 4301-2 du code de la santé publique : CLIQUER ICI

* Arrêté du 18 juillet 2018 fixant les listes permettant l’exercice infirmier en pratique avancée en application de l’article R. 4301-3 du code de la santé publique : CLIQUER ICI