23 juillet 2020 – Après le Ségur de la Santé, des menaces grandissantes sur la prime de service

La prime au mérite des fonctionnaires

Sous prétexte de quelques avancées salariales, induites par la mobilisation des hospitaliers depuis de nombreux mois, et matérialisées sous la forme du Ségur de la santé, show médiatique avec des moyens très importants, le gouvernement en profite pour continuer de pilonner le mur de notre statut et de l’hôpital public afin de continuer à le fissurer toujours plus fort.

La volonté d’en finir avec la prime de service telle qu’on la connait va dans ce sens et constitue un exemple très révélateur de la situation. En effet, leur volonté est la transformation de la prime de service actuelle en prime au mérite afin de mettre toujours plus de pression aux personnels, continuer à renforcer la productivité à l’hôpital qui a augmenté de 15% depuis 2008 alors que les effectifs n’ont augmenté que de 2%, et donc compresser la masse salariale. Il s’agit également de renforcer la mise en concurrence des personnels comme la casse des collectifs de travail en appliquant les méthodes de management du secteur privé. Augmenter la part variable et réduire la part fixe du salaire va dans ce sens.

Comment évalue-t-on des personnels hospitaliers dans un contexte où la perte de sens au travail se généralise induite notamment par la politique du chiffre dans un cadre où les moyens largement insuffisants permettent de moins en moins de réaliser son travail correctement ? Est-ce que le mieux évalué sera celle ou celui qui sera le plus docile ? Celle ou celui qui serrera les dents les plus forts en se taisant ? Des points en plus seront-ils accordés pour la délation ?

Pour avoir conscience de ce que la prime au mérite entraine Il faut s’intéresser à l’expérimentation réalisée il y a quelques années au sein de l’hôpital de Loches.

C’est le seul endroit, à notre connaissance, où l’expérimentation sur suppression de note au profit de l’évaluation au mérite a été menée jusqu’au bout :
Résultat 49 % des agents ont vu leur prime baissée et pour certains cela a entraîné une perte de 50 % de cette prime !
51 % ont gardé leur prime à l’identique ou avec une petite augmentation.

Les syndicats de l’hôpital avait accepté au départ l’expérimentation car on leur avait vendu le fait qu’elle inclurait les contractuels. Mais rapidement, la CGT a compris la supercherie et la manipulation de la part de la direction.

Ensuite, une lutte importante a été menée pour arrêter ce massacre et permettre à tout le monde de sortir de ce piège. Suite à la mobilisation (soutenue par la fédération nationale CGT Santé) sur ce département, à l’ARS et au ministère (Touraine à l’époque), les pouvoirs publics ont été contraints de stopper l’expérimentation qui devait s’étendre pour déboucher sur un décret.

Nous savions qu’ils n’avaient pas abandonné ce projet, le revoilà réintégré dans des négociations du moment qui sont censées améliorer la situation de chaque agent.

La CGT dénonce la colonisation du management de l’entreprise dans nos structures publiques et continue de revendiquer un 13ème mois pour tous !