11 décembre 2012 – Un point sur les absences au travail pour raison de santé

Une étude de la SOFCAH vient de sortir sur les Absences au travail pour raison de santé dans les établissements hospitaliers en 2011 :

L’augmentation des absences pour raison de santé des agents titulaires dans les établissements hospitaliers, constatée depuis 2007, s’est poursuivie en 2011. Les premières tendances relevées début 2012 sont donc confirmées : l’an dernier, les agents ont été plus nombreux à s’arrêter, et leurs arrêts ont été plus fréquents et plus longs que les années précédentes.

Dans un contexte de vieillissement de la population employée, de pénibilité des métiers hospitaliers et de recul progressif de l’âge de départ à la retraite à taux plein, les politiques de gestion des ressources humaines et la promotion des actions de santé au travail constituent des enjeux majeurs pour les établissements de santé. D’autant que le coût annuel moyen et direct des absences pour raison de santé demeure élevé (il est estimé entre 2 589 et 3 640 euros par agent titulaire employé, selon la taille de l’établissement).

Fait nouveau en 2012, les modalités de prise en charge statutaire des absences pour raison de santé ont évolué, avec l’entrée en application du “jour de carence” en cas d’arrêt pour maladie ordinaire. Si la proportion des journées d’arrêt concernées par une telle mesure peut d’ores et déjà être évaluée, il est encore prématuré d’en estimer l’impact sur les absences pour raison de santé.

1. DES INDICATEURS D’ABSENCE QUI SE DÉGRADENT DEPUIS 5 ANS

L’augmentation des absences pour raison de santé constatée depuis 2007 s’est poursuivie en 2011.

Depuis 5 ans, toutes natures d’arrêts confondues :
• la gravité des absences (c’est-à-dire leur durée) a augmenté de 10 % ;
• l’exposition (soit la proportion des agents arrêtés au moins une fois dans l’année) a augmenté de 7 % ;
• la fréquence (équivalente au nombre d’arrêts) affiche une hausse de 12 %.

En 2011, les agents hospitaliers sont plus nombreux à s’arrêter (+ 7 %), plus souvent (+ 12 %) et pour des durées d’arrêts plus longues (+ 10 %) qu’en 2007, et ce, quel que soit le motif d’absence pour raison de santé.

Parmi les indicateurs analysés, c’est la gravité des accidents du travail qui connaît la plus forte croissance, avec une hausse de 24 % depuis 2007.

Les arrêts maladie (maladie ordinaire, congés longue maladie et longue durée) augmentent également de manière régulière et significative, de 10 % depuis 2007.
Les absences pour maternité restent, quant à elles, globalement en baisse sur les cinq dernières années.

De fait, en dépit des progrès accomplis en matière de prévention des risques professionnels et de l’essor des démarches de santé au travail, les absences ont continué à se dégrader sensiblement en 2011.

2. UN TAUX D’ABSENTÉISME VARIABLE SELON L’EFFECTIF

En 2011, le taux d’absentéisme a varié entre 10,1 et 13,9 % selon la taille de l’établissement. Ainsi, une structure qui emploie 100 agents titulaires a en moyenne constaté sur l’année, l’absence de 10 d’entre eux pour raison de santé.

Le taux d’absentéisme diminue avec l’effectif employé. C’est particulièrement le cas pour les arrêts en longue maladie/longue durée, dont le taux d’absentéisme est 1,8 fois plus important dans les établissements de plus petite taille. En accident du travail, cet écart est de 1,5 fois plus entre les deux strates.

De manière comparable, la part du temps de travail perdu pour cause de maladie ordinaire est supérieure de plus de 10 % dans les plus petits établissements par rapport aux plus grands.

3. LA FRÉQUENCE ET L’EXPOSITION DES ARRÊTS LIÉES À LA TAILLE DE L’ÉTABLISSEMENT

La fréquence des arrêts (le nombre d’arrêts pour 100 agents employés, toutes natures d’arrêts confondues) dépend tout particulièrement de l’effectif des établissements : dans les structures employant moins de 50 agents, cette fréquence est plus de 1,3 fois supérieure à celle des établissements de plus de 100 agents.

L’accident du travail explique en grande partie cet écart, puisque sa fréquence est 1,7 fois plus importante dans les petites structures que dans les plus grandes. De même, cet écart est de 1,5 fois en maternité et en longue maladie/longue durée. En revanche, en maladie ordinaire, cause d’arrêt la plus fréquente, l’influence de l’effectif employé est moindre, 1,2 fois plus.

La proportion d’agents absents connaît une évolution similaire à celle de la fréquence. Toutes natures d’arrêts confondues, les agents sont 1,2 fois plus nombreux à s’arrêter dans les petites structures que dans les grandes.

Dans les établissements de moins de 50 agents titulaires, ceux qui s’absentent sont 1,7 fois plus nombreux en longue maladie/longue durée que dans les établissements employant plus de 100 agents. Ils sont 1,5 fois plus nombreux en accident du travail et en maternité. La proportion d’agents absents en maladie ordinaire, quant à elle, n’est pas influencée par l’effectif employé (+1,07 %).

4. LE COÛT MOYEN PAR AGENT EMPLOYÉ AUGMENTE AVEC L’EFFECTIF EMPLOYÉ

Toutes natures d’arrêts confondues, le coût moyen annuel des absences par agent employé a augmenté de près de 10 % depuis 2007.

En 2011, le coût moyen des absences pour raison de santé par agent titulaire varie entre 2 589 et 3 640 euros (charges patronales incluses, hors frais médicaux), selon la taille de l’établissement.

Tout comme les autres indicateurs d’absence, le coût est lié à l’effectif et varie avec lui.

C’est la maladie ordinaire qui représente globalement la part la plus importante des dépenses (soit 34 à 43 % de l’ensemble).

Les congés longue maladie/longue durée représentent entre 25 et 34 % de ce coût total et les accidents du travail, de 14 à16 %, selon la taille de la structure.

5. ZOOM SUR L’ACCIDENT DE TRAJET

Chaque jour, les agents qui se rendent à leur travail sont exposés au risque d’accident de trajet. Celui-ci survient lors du parcours normal entre le lieu de travail et la résidence habituelle de l’agent ou entre son lieu de travail et le lieu où l’agent prend habituellement ses repas.

Même si globalement les accidents sont rarement graves, dans certains cas ils peuvent avoir des conséquences importantes pour l’agent et son employeur.

ILLUSTRATION :
Un agent qui se rend au travail à pied en empruntant son trajet quotidien est percuté par une voiture.
L’agent victime de multiples fractures et d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance devient finalement paraplégique. L’arrêt de travail dure plus de trois ans avant mise à la retraite pour invalidité imputable au service. Cet agent, âgé de 35 ans au moment de l’accident, est aujourd’hui paralysé et nécessite une prise en charge à 100 % dans une structure spécialisée. Celle-ci reste à la charge de son établissement employeur et a atteint un coût total qui dépasse à ce jour le million d’euros.