30 juillet 2013 – La « méthode Clerc » ou comment lutter contre les discriminations

Dans cette période où l’on parle de plus en plus de discriminations, comme celles à l’égard des syndicalistes ou encore celles à l’égard des femmes, c’est l’occasion de revenir sur les apports d’un homme dans cette lutte contre des attaques moins visibles mais tout aussi présentes.

En effet, François Clerc, syndicaliste CGT chez PSA en 1995, élabore une démarche afin de lutter contre les discriminations, appelée désormais la « méthode Clerc ».

Avant les discriminations étaient frontales : menaces, pneus crevés, agressions. Puis, elles sont devenues davantage pernicieuses et moins facile à prouver : attaque sur l’avancement de grade ou mise au « placard » par exemple.

C’est également l’occasion de rappeler aux salariés, que notre engagement syndical et notre combat pour la défense des droits des salariés n’est pas sans risques et représailles. Nous devons sans cesse lutter contre des directions qui essaient de nous piéger et au moindre faux pas nous serons pénaliser 10 fois plus que n’importe quel autre salarié. Quelque fois même des traquenards nous sont tendus. Mais, ce que n’ont pas compris certaines directions, c’est que chaque attaque et chaque coup bas renforcent notre détermination et nous rend plus fort.

Il y a un paradoxe que montrent certaines études : c’est que là où il y a des délégués syndicaux, les salariés sont mieux traités et ont plus d’avantages que là où la CGT n’est pas présente. Les délégués syndicaux CGT sont bons pour négocier. Mais en même temps, ces études montrent également, que les délégués CGT sont plus attaqués (carrière, salaire, poste de travail…). Tout cela à travail égal, à âge, sexe, catégories socioprofessionnelles, ancienneté égaux également.

Pour en revenir à la « méthode Clerc », cette méthode a contribué à faire évoluer les mentalités au sein de notre syndicat. A la CGT, avant et même encore maintenant, nous considérons que nous devons privilégier le rapport de force plutôt que l’aspect juridique. François Clerc a considéré en 1995, qu’il fallait dépasser le fait qu’il y a un prix à payer pour notre engament et qu’il fallait effectuer un travail de fourmi afin de rassembler des preuves et prouver ces traitements discriminatoires.

Un gros travail de réflexion a été mené en comparant les fiches de paies et l’évolution de carrière des collègues CGT, des salariés non syndiqués et des collègues d’autres syndicats. Cette méthode a montré des écarts de coefficient et de rémunération afin de permettre une indemnisation des préjudices.

Après avoir rassemblé de nombreuses preuves, François Clerc a porté l’affaire devant le conseil de prud’hommes de Paris.

La direction de PSA Peugeot Citroën est condamnée en 1998 et cette méthode fait jurisprudence. Suite à cette victoire, de très nombreux salariés de l’entreprise ont bénéficié d’accords après négociation avec une direction craintive face à l’idée de se retrouver devant les tribunaux et par crainte que son image soit davantage ternie.

La « méthode Clerc » est désormais utilisée dans de nombreuses actions en justice et notamment dans les dossiers sur la discrimination à l’égard des femmes dans le monde du travail. En effet, à compétences égales et à diplômes équivalents, les femmes connaissent des évolutions de carrières moins favorables que celles des hommes.

Cette méthode, pratique et objective, sert aussi bien à la cour de cassation qui s’y réfère, qu’à certains syndicats qui l’utilisent lors de négociations.

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