19 février 2015 – Contre la loi santé : alors on fait quoi ? – Interview de Delphine Girard, secrétaire générale USD CGT Santé et Action Sociale des Alpes Maritimes (06)

« Sur la question de la loi Santé, quelques voix s’élèvent pour proposer des amendements plutôt qu’un rejet complet de cette loi. Cela nous parait très compliqué de ne pas être contre cette loi qui va en contradiction complète avec notre volonté d’un grand service public, dans sa philosophie, comme dans ses aspects techniques, tout est fait dans ce projet pour favoriser le développement du privé. Après, cela n’empêche pas un travail, des initiatives auprès des député(e)s sur certains points en particulier, comme cela a pu être fait avec succès au sujet du « secret des affaires » que voulait introduire la loi Macron. Ce qu’on peut faire avancer, faisons le avancer, cela ne nous empêche pas d’être globalement contre une loi qui va à l’encontre de nos propositions.

Il y a un 4 pages très bien fait, sur la loi santé, pour le consulter, CLIQUER ICI

Par contre, nous avons du mal à avoir des expressions sur l’activité privée. Pourtant, nous en avons besoin afin que les salarié(e)s du privé se reconnaissent aussi dans les revendications que l’on porte. On peut parler des difficultés d’accès conditionnées à la solvabilité des patient(e)s devenus client(e)s, des conditions de travail, de l’exploitation maximale que l’on trouve dans le secteur lucratif, de la rémunération des actionnaires. Il nous faut aussi remettre en avant une orientation prise au 9ème congrès fédéral, par laquelle nous refusons la présence du lucratif dans le secteur sanitaire : la sécurité sociale ne doit pas servir à rémunérer des actionnaires.

Nous sommes favorables à une grande journée de mobilisation dans toutes les ARS (Agences régionales de santé) en France comme proposé lors du CNF des 5 et 6 février 2015, mais il nous faut aller plus loin, réfléchir sur la façon de travailler un processus de mobilisation sur un plus long terme. Il nous faut davantage faire le lien entre le local et le national, le national et les questions européennes. Il faut faire le lien avec le TAFTA (le traité transatlantique) également qui veut remettre en cause toutes les normes du travail, environnementales etc…

Faire le lien aussi entre les mobilisation professionnelles et interprofessionnelles qui ne doivent pas venir s’opposer mais se compléter, dans ce processus global et pour cela il nous faut rendre visible le lien qui existe entre les mobilisations des Cheminots, d’EDF, du commerce, de la santé…
Ce n’est pas forcément tous, toujours ensemble le même jour, mais il faut qu’on crée un lien entre les mobilisations. Cela demande de mettre en place un véritable calendrier qui lie les appels à mobilisation, les initiatives de débats, de consultations, avec un axe fort qui est le cout du capital et la place du travail. C’est cela qui doit nous réunir tous. Nous devons réfléchir, au niveau national et en territoires, à quelles initiatives nous prenons afin de travailler en coopération avec les autres professions.

Une autre question se pose aujourd’hui, devant le manque de prise en compte, les dénis de démocratie, les choix anti sociaux du gouvernement et du patronat, celle de notre participation aux négociations et aux IRP. La CGT n’a jamais fait la politique de la chaise vide, on fait tout pour continuer le débat. Mais force est de constater que l’été dernier, malheureusement, la CGT a été contrainte de quitter la table des négociations nationales, c’est une idée qui revient de plus en plus aussi localement : les camarades en ont « marre » de siéger dans des instances ou le point de vue des salarié(e)s n’est pas pris en compte, ou les représentant(e)s eux mêmes sont de moins en mois respecté(e)s. Le sentiment que l’on veut nous « occuper » en multipliant les réunions stériles se développe. C’est aussi un moyen de dénoncer le déni de démocratie et ce qui peut se dire dans les instances.

Nous avons besoin de clarifier dans nos établissements et entreprises ce qu’on met au débat avec les salarié(e)s. Il nous faut aussi harmoniser ce que l’on porte dans nos instances CTE, les CE afin de coordonner nos revendications. Car les directeurs, eux sont plutôt bien coordonnés.

Soyons ambitieux et recherchons l’efficacité ! »