22 janvier 2015 – Boris Cyrulnik : Point de vue sur les récents actes terroristes en France

Nous vous recommandons l’excellent entretien du neuropsychiatre Boris Cyrulnik sur la plateau de TV7.

Le neuropsychiatre Boris Cyrulnik estime que les terroristes islamistes sont volontairement façonnés selon une mécanique identique à celle qui a amené au régime nazi
Terroristes islamistes : « C’est la même mécanique que pour les nazis »

De passage à Bordeaux pour la parution de son dernier livre « Les âmes blessées » (Odile Jacob) et la commémoration de la rafle des juifs, le neuropsychiatre Boris Cyrulnik a participé à l’émission « Point de vue » sur TV7. Il y a longuement commenté l’actualité, le dramatique attentat de Charlie Hebdo et la prise d’otages de Vincennes.

Ci-joint quelques extraits de l’interview :

« Au sujet de la violence semblable au nom d’une religion, il explique que cela s’est déjà vu dans le passé. Cela existe depuis longtemps. On met la haine dans des quartiers en difficulté, on repère les enfants, on leur offre des stages de formation. Ce sont des groupes politiques qui utilisent le terrorisme comme une arme. Quand la haine est semée, on repère les enfants les plus faciles à fanatiser et on les envoie au sacrifice. Cette organisation est financée par les gens du pétrole et de la drogue, qui ont des intentions politiques sur le Moyen-Orient et l’Occident. »

« L’inquisition chrétienne relève du même processus. Le nazisme est parti de la belle culture germanique allemande, et en quelques années a mis le feu au monde. Des slogans sont entrés petit à petit dans la culture commune. La population s’est soumise à une représentation dépourvue de jugement. La société s’est imprégnée de ces idées. »

« On peut faire de cette tragédie une solidarité ou un massacre. Les musulmans français sont en danger. Ils risquent d’être agressés. 99% des arabes tués dans le monde le sont d’ailleurs par d’autres arabes. Ces phénomènes se sont produits dans l’histoire et se reproduiront. »

« Ces terroristes ne sont pas des fous, ni des monstres. Ce sont des enfants normaux et en détresse, façonnés intentionnellement par une minorité qui veut prendre le pouvoir. Ces enfants sont abandonnés, en difficulté psychosociale et éducative, et il faudrait d’abord les éduquer. Ils le sont par les réseaux sociaux qui sont une arme pour façonner ces jeunes. Internet véhicule une représentation facile de la réalité, une pensée paresseuse à l’origine de toutes les théories totalitaires. Avec une minorité d’hommes formés, payés et armés, manipulés et fabriqués, on peut détruire une civilisation. Cela a été fait. L’inquisition et le nazisme l’ont fait. »

« Je veux parler de la responsabilité de nos gouvernants qui ont abandonné culturellement les gosses de nos quartiers et les ont soumis à des manipulateurs. L’Allemagne nazi était très cultivée, mais la base de la société ne l’était pas du tout. C’est exactement la même chose dans les pays du Moyen-Orient. »

« C’est la même mécanique dans la tête d’un nazi et d’un fondamentaliste islamiste.
Freud disait les mots désignent des choses au début, puis des choses qui ne sont pas là et c’est la fonction du symbole, et enfin ils finissent par ne plus rien désigner du réel. A ce moment là, on se soumet à un slogan. Quand une culture ne permet pas la rencontre et le débat, on est des proies et internet démultiplie le pouvoir de ces manipulateurs. »

21 janvier 2015 – La CGT en première ligne de l’ANFH – Mireille Stivala élue Présidente nationale de l’ANFH

Mireille Stivala Présidente ANFH

Le syndicat CGT a toute sa légitimité dans la défense des revendications du personnel au sein de l’élaboration des plans de formation.

L’enveloppe budgétaire allouée à la formation continue, qui représente 2,1% de la masse salariale, appartient aux salariés et reste insuffisante face à vos besoins…

• Le Comité Technique d’Établissement, examine le plan de formation présenté par la direction. Vous souhaitez suivre une formation, l’ANFH peut répondre à vos besoins :

1. Formation promotionnelle :
• Vous êtes ASH vous envisagez de suivre la formation AS.

2. Formation CFP (Congé de Formation Professionnelle).
• Vous êtes ambulancier vous souhaitez devenir coiffeur.
• Vous êtes administratif vous voulez devenir soignant etc.…

Dans le CTE comme à l’ANFH, la CGT joue entièrement son rôle afin de garantir le droit de chacun à la formation continue, promotionnelle ou reconversion professionnelle. Les délégué-es CGT défendent avec force les intérêts individuels et collectifs des salarié-es à travers les valeurs d’équité et d’égalité d’accès, et ce quelles que soient leurs catégories professionnelles (ouvriers, techniques, administratifs, soignants) et leurs situations statutaires (titulaire, contractuel, contrat précaire).

Au niveau national, Mireille Stivala, membre de la commission exécutive fédérale nationale de la CGT santé et action sociale, a été élue lors du conseil d’administration du 12 décembre, présidente de l’ Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH). Au titre des présidences tournantes, L’ancien président Jean-François Lanot, président de la fédération hospitalière de France (FHF), prend la vice présidence.

Aide-soignante au Centre Hospitalier de Sarreguemines (Moselle) depuis 1993, elle siège au Conseil supérieur de la fonction publique hospitalière et au Conseil d’administration de l’ANFH depuis 2009.

Dans un communiqué diffusé sur le site de l’organisme collecteur, la nouvelle présidente indique que 2015 serait une année « charnière » avec le vote du projet stratégique 2016-2019. Elle entend agir « avec comme volonté de poursuivre et d’améliorer l’accès à la formation pour les publics fragiles, de sécuriser l’accès aux études promotionnelles, de faciliter la formation certifiante et qualifiante pour les filières techniques, logistiques ainsi qu’administratives de catégorie C, le prolongement du DPC médical et paramédical des hospitaliers… autant de chantiers pour lesquels l’ANFH a pleinement son rôle à jouer », a-t-elle indiqué.

20 janvier 2015 – Ouvrons le débat sur le travail et sur quelle organisation nous voulons !

Le constat c’est le même partout : public ou privé. Les méthodes de management sont les mêmes en France, et dans le monde entier, à quelques exceptions près. Cependant, c’est quelque chose qui ne s’est jamais discuté, comme s’il n’y avait qu’une seule façon d’aborder le travail. On voit des tickets Psy, des formations sur la gestion du stress. : mais là on gère les conséquences mais non les causes. Le travail tel qu’il est organisé rend malade les gens et les empêche de bien travailler : c’est cela la cause. Soit les salariés en souffrent soit ils se désengagent. Des études montrent que le présentéisme pose autant de problème que l’absentéisme. La souffrance est individuelle, le salarié se culpabilise. Ce qui va mobiliser, c’est changer la façon de travailler, pour transformer le travail.

Lors d’une réunion au mois d’octobre, une camarade a dit :
« On voit de plus en plus de plans sociaux, de réduction d’effectifs, d’augmentation de la charge de travail, et donc de plus en plus de mal être au travail. On veut comprendre ce mal être au travail, échanger avec les autres collègues et autres professions, pour travailler sur le thème du sens du travail et de la santé au travail, et améliorer notre travail au sein des CHSCT ». A mon sens, cela résume bien la position de nombreux militants.

La question du travail n’est jamais discutée. L’organisation du travail, qu’elle soit appelée fordisme, Taylorisme, ou Lean Management aujourd’hui, c’est la même. Elle n’est pas discutée et elle n’est pas discutable. C’est très difficile d’expliquer aux patrons ou dans les négociations que l’organisation du travail doit également être discutée avec les salariés. On ne peut pas demander aux salariés d’être toujours plus réactifs, adaptables, productifs, et en même de se taire quand il s’agit de parler de l’organisation du travail. Ce n’est plus possible. La CGT porte l’idée, et notamment depuis le dernier Congrès, que transformer le travail permettra de transformer la société.

Transformer le travail : ce doit être une stratégie du syndicat. Ce ne doit pas être porté uniquement par les membres CGT au CHSCT, si non cela ne marchera pas. Il faut que ce soit discuté, débattu dans les syndicats et se poser la question : « Est-ce que la stratégie de notre syndicat va être d’affronter le patron sur l’organisation du travail ? ». Les CHSCT ou les experts qu’on peut mobiliser ne sont que des outils au service de la stratégie choisie. On voit trop souvent l’inverse : des CHSCT demandent des expertises, et ensuite une fois les résultats obtenus, le syndicat CGT se pose la question : « Qu’est-ce qu’on en fait maintenant? », « Quelles stratégie adoptée? ». Cela est une erreur, c’est avant qu’il faut se poser la question : « Quelle stratégie a le syndicat? »… »Vers quoi veut aller le syndicat? »…et à partir de cela, comment s’appuyer sur le CHSCT et éventuellement sur une expertise. Mais avant, il faut avoir réfléchit à ce qu’on fera de cette expertise, avec les salariés, pour créer un rapport de force. De plus, on n’y arrivera pas si les salariés n’ont pas été associés à la démarche.

Le droit d’expression des salariés est essentiel.
Quand il y a eu la vague de suicide à France Télécom, François Fillon a demandé à 3 personnes d’étudier ce qui s’est passé. Ils ont élaboré un rapport « Bien être et efficacité » (Henri Lachman, Christian Larose et Muriel Pénicard) où ils ont fait 10 propositions. L’une de ces propositions était de faire en sorte que les décisions remontent et qu’elles soient prises à partir du travail. Les décisions prises d’en haut ont un impact très négatif sur les salariés. Personne n’est plus expert dans son travail que la personne qui le réalise au quotidien. Il faut écouter les agents.

Il faut mener une réflexion sur la question : « comment on fait remonter les décisions ? ». Comment faire en sorte que le salarié ne soit pas absent du processus? Il faut s’appuyer sur cette capacité à agir et à penser des salariés.

A l’heure où de plus en plus de directeurs parlent de Lean Management à l’hôpital, un article est paru dans un magazine au mois de juillet 2014 concernant General Motors.
Au mois de juillet, General Motors avait rapatrié 28 millions de voitures pour malfaçons sur les 6 premiers mois de l’année. 28 millions de voitures rapatriés aux Etats-Unis parce qu’elles ont été mal faites. Voilà les résultats du Lean Management. « Zéro temps mort, zéro défaut »…c’est du pipeau ! Comme il y a des zéro partout, du coup les voitures, elles sont mal faites, elles sont zéro aussi.
Il faut nous appuyer sur les contradictions de ce système. Quand on voit qu’on parle de plus en plus de Lean Management à l’hôpital, ça fait peur. Nous devons contester l’organisation du travail. Et nous devons contester la qualité du travail.

14 janvier 2015 – Rassemblement vendredi 16 janvier à 9h00 devant l’hôpital de Sisteron afin de refuser la mutualisation du SAMU 04 avec le 05

Rassemblement le vendredi 16 janvier à 9h00 devant l’hôpital de Sisteron. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit de refuser la mutualisation du SAMU 04 avec le 05. La CGT rappellent que les populations des zones rurales ne sont pas des « sous-citoyens » qui n’auraient pas les mêmes droits et les mêmes possibilités d’accès aux soins que ceux des zones urbaines. La CGT réclame une concertation avec les différents acteurs locaux et demande l’arrêt d’un projet qui n’est pas acceptable ni sur le fond ni sur la forme.

Mutualisation des SAMU 04 et 05

13 janvier 2015 – Ne pas payer la dette est une solution

Ne pas payer la dette est une solution

Nous sommes satisfaits de voir des organisations qui résistent et qui refusent de se laisser convertir au néolibéralisme. C’est le cas de Syrisa, au seuil du pouvoir en Grèce, qui prône la sortie de l’austérité, veut guérir la crise humanitaire, renégocier la dette, investir dans l’économie réelle et faire le choix de l’humain contre les diktats de la finance.

Cela inquiète le FMI et les marchés financiers qui ont réussi en quelques années à dévaster économiquement et démolir socialement la Grèce. La dette publique grecque est passée de 115% du PIB en 2009 à 175% aujourd’hui. Illustration de l’absurdité des politiques de compression des dépenses publiques et sociales dictées par la troïka.

Ne pas payer la dette est une solution. Certains pays comme l’Islande l’ont fait mais ne font pas partie de l’Europe, cela a donc été peu popularisé. Pour la Grèce l’événement est plus médiatisé du fait de son intégration dans l’union européenne. L’évolution de la situation de la Grèce risque d’impacter la politique européenne et permettre d’envisager de nouvelles perspectives aux politiques d’austérité.

Effacer cette dette reste la seule solution économiquement pertinente. Ce principe est déjà appliqué pour les citoyens surendettés, pourquoi ne pas faire de même pour les états.
Nous avons pu constater que lorsqu’il a été question de « renflouer » les banques, les milliards ont été trouvés et la solidarité a été de mise.

30% du chiffre d’affaire des banques résulte de la facturation de frais bancaires appliqués pour la plupart aux citoyens aux revenus modestes … Argent facile, scandaleusement gagné.
Pour exemple les banques rejettent et/ou sanctionnent pécuniairement (agios) un prélèvement refusé et majorent l’autorisation de découvert pour récupérer encore plus de frais.

Nous devons travailler afin de permettre à chacun de continuer à cultiver et développer l’esprit critique que les pouvoirs publics aidés par certains médias tentent de faire disparaitre.
Les médias appartenant pour la majorité à des grands groupes financiers, vident l’information de son réel contenu occultant ainsi toute analyse et évitant toutes possibilités de débats contradictoires.

12 janvier 2015 – Organisation des carrières des fonctionnaires hospitaliers de catégorie C : décret 2014-1587 du 23 décembre 2014

Le décret n° 2014-1587 du 23 décembre 2014 modifie le décret n° 2006-227 du 24 février 2006 relatif à l’organisation des carrières des fonctionnaires hospitaliers de catégorie C.

Publics concernés : fonctionnaires hospitaliers de catégorie C.

Objet : classement des fonctionnaires relevant d’un grade doté de l’échelle 5 de rémunération promus dans un grade doté de l’échelle 6 de rémunération.
Entrée en vigueur : le présent décret entre en vigueur le 1er janvier 2015, à l’exception de l’article 2, qui entre en vigueur le lendemain du jour de sa publication.

Notice : le décret modifie le II de l’article 3 du décret du 24 février 2006 en instaurant un tableau d’avancement de grade.
Il prévoit également le reclassement des agents qui ont été classés au 3e échelon d’un grade doté de l’échelle 6 de rémunération en application des dispositions du décret n° 2014-71 du 29 janvier 2014 modifiant divers décrets relatifs aux carrières des fonctionnaires des catégories C et B de la fonction publique hospitalière.

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7 janvier 2015 – Attentat contre Charlie Hebdo – Communiqué de presse de la CGT

La CGT horrifiée par l’attentat meurtrier à Charlie-Hebdo

Après l’odieux attentat ayant fait plus d’une dizaine de morts et plusieurs blessés au siège de l’hebdomadaire Charlie-Hebdo, ce mercredi matin, la direction confédérale de la CGT, son journal La Nouvelle Vie Ouvrière, et le SNJ-CGT, horrifiés, tiennent à assurer l’ensemble des journalistes et des personnels du journal, ainsi que tous leurs proches, de leur totale solidarité.

Profondément choquée par cet acte odieux, attristée et en colère, la CGT rappelle et salue le courage de ces hommes et ces femmes qui chaque jour, chaque semaine, malgré les intimidations et les menaces, défendent la liberté de pensée et la liberté d’expression dans notre pays.

Elle souhaite que les assassins soient au plus vite arrêtés et jugés, et que toute la lumière soit faite sur leurs motivations, ainsi que sur les conditions ayant permis que le siège de l’hebdomadaire ait pu être ainsi attaqué.

La CGT appelle à un rassemblement, ce mercredi 7 janvier, à 17 heures, Place de la République, à Paris.

Montreuil, mercredi 7 janvier 2015

7 janvier 2015 – Le profit est un rapport social

Nous avons vu, il y a quelques jours, un article expliquant que le fait de s’attaquer aux profits était une attitude de justice sociale mais ne répondait pas à une efficience économique. Cet article nous a obligé à faire des recherches et ainsi a participé à renforcer notre réflexion sur les réponses qu’il convient de donner pour changer les choses.

Nous répondrons sur deux plans.

1 – SUR LE PLAN ECONOMIQUE

Ci-dessous une explication sur les travaux de Laurent Cordonniers et d’autres économistes à la demande de la CGT et de L’IRES.

« En 2013, une étude réalisée par des économistes du Centre lillois d’études et de recherches sociologiques et économiques (Clersé), à la demande de la Confédération générale du travail (CGT) et de l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES), a démontré que la mondialisation financière en route depuis trente ans a provoqué un autre coût, ou plutôt un surcoût, non pas du travail, mais du capital.

Les auteurs de l’étude démontrent que ce surcoût rend largement compte des piteuses performances des économies depuis une trentaine d’années : un chômage de masse qui ne cesse d’augmenter, le creusement des inégalités, le rythme poussif d’accumulation du capital, le creusement des inégalités, l’explosion des revenus financiers pour certains…

Comme le précise l’économiste Laurent Cordonnier, maître de conférences à l’université Lille-I qui a participé à l’étude,

Il faut distinguer entre deux notions de coût du capital : le coût économique et le coût financier. Le coût économique est l’effort productif nécessaire pour fabriquer les outils et, plus largement, l’ensemble des moyens de production : machines, immeubles, usines, matériels de transport, infrastructures, brevets, logiciels… Cet effort productif représente en quelque sorte le « vrai » coût du capital, celui qu’il faut nécessairement dépenser en travail pour fabriquer ce capital, entendu ici dans le sens « capital productif ». La mesure de cet effort (sur une année, par exemple) représente ce qu’on appelle plus couramment les dépenses d’investissement, et que les comptables nationaux nomment la formation brute de capital fixe (FBCF). Ces dépenses représentent à peu près 20 % de la production annuelle des entreprises françaises.

Or, ce que montre l’étude, c’est qu’au « vrai » coût légitime du capital, s’ajoutent de plus en plus des intérêts versés aux prêteurs et les dividendes versés aux actionnaires qui en grande partie « ne correspondent à aucun service économique rendu, que ce soit aux entreprises elles-mêmes ou à la société dans son entier ».

Pour les auteurs, en imaginant un système uniquement à base de crédit bancaire, facturé au plus bas coût possible, il serait possible de se dispenser de cette partie du coût financier totalement improductif.

Pour connaître la proportion de ce « surcoût du capital »,

Il suffit de retrancher des revenus financiers la part qui pourrait se justifier… par de bonnes raisons économiques. Certains de ces intérêts et dividendes couvrent en effet le risque encouru par les prêteurs et les actionnaires de ne jamais revoir leur argent, en raison de la possibilité de faillite inhérente à tout projet d’entreprise. C’est ce que l’on peut appeler le risque entrepreneurial. Une autre partie de ces revenus peut également se justifier par le coût d’administration de l’activité financière, laquelle consiste à transformer et aiguiller l’épargne liquide vers les entreprises.

L’étude du Clersé montre que ce surcoût est considérable. Par exemple, en 2011, il représentait en France, pour l’ensemble des sociétés non financières, 94,7 milliards d’euros. En le rapportant au « vrai » coût du capital, c’est-à-dire à l’investissement en capital productif de la même année (FBCF), qui était de 202,3 milliards d’euros, on obtient un surcoût du capital de 50 %… Et si l’on rapportait ce surcoût à la seule partie de l’investissement qui correspond à l’amortissement du capital — laquelle représenterait mieux, aux yeux de nombreux économistes, le « vrai » coût du capital —, on obtiendrait une surévaluation encore plus étonnante : de l’ordre de 70 % !

En clair, cela signifie que lorsque les travailleurs français sont capables de produire leurs machines, leurs usines, leurs immeubles, leurs infrastructures, etc., à un prix total de 100 euros par an (incluant la marge de profit), il en coûte en pratique entre 150 et 170 euros par an aux entreprises qui utilisent ce capital productif, du seul fait qu’elles doivent s’acquitter d’une rente, sans justification économique, aux apporteurs d’argent.

Et comme le souligne Laurent Cordonnier :

Un tel surcoût du capital n’a rien de nécessaire ni de fatal. Durant la période 1961-1981, qui a précédé le « big bang » financier mondial, il était en moyenne de 13,8 %. Il était même devenu négatif à la fin des « trente glorieuses » (1973-1974), du fait de la résurgence de l’inflation.

Pour l’économiste, l’explosion du surcoût du capital au cours des trente dernières années est la conséquence directe de l’élévation de la norme financière, c’est-à-dire l’exigence d’un retour sur fonds propres de 15 % par an, imposée aux entreprises avec l’aide de leurs dirigeants, dont les intérêts ont été alignés sur ceux des actionnaires. De telles exigences correspondent en pratique à un surcoût imposé à tout projet d’investissement de l’ordre de 50 à 70 % !

Ces transferts de richesse vers les prêteurs et les actionnaires représentaient 3 % de la valeur ajoutée française en 1980 et 9 % aujourd’hui. « Mais il y a plus : qui peut dire en effet l’énorme gaspillage de richesses jamais produites, d’emplois jamais créés, de projets collectifs, sociaux, environnementaux jamais entrepris du seul fait que le seuil d’éligibilité pour les mettre en œuvre est d’atteindre une rentabilité annuelle de 15 % ? (…) La bonne question est donc la suivante : dans un monde où ne sont mises en œuvre que les actions, individuelles ou collectives, qui rapportent entre 15 % et 30 % par an, quelle est la surface du cimetière des idées (bonnes ou mauvaises, il faut le déplorer) qui n’ont jamais vu le jour, parce qu’elles n’auraient rapporté qu’entre 0 et 15 % ? »

Quand le fardeau qui pèse sur toute entreprise, publique comme privée, en vient à majorer son coût réel de 50 à 70 %, faut-il s’étonner du faible dynamisme de nos économies, soumises au joug de la finance ? Seul un âne peut supporter une charge équivalente à 70 % de son propre poids. »

Cette réponse est sans ambigüité : La casse économique ne provient pas de ce qui est réalisé, mais des investissements non réalisés, c’est-à-dire, que le caractère économique néfaste du capitalisme financiarisé se situe dans le non visible. On voit une fois de plus l’importance d’une pensée qui atteint à l’essence des choses, ce n’est pas pour rien que Marx expliquait que si le phénomène et l’essence coïncidaient, alors à quoi bon la science ?

Qui peut mesurer l’impact économique de décisions qui ne sont pas prises parce que la profitabilité du capital serait entre 0 et 15% ? Et il ne s’agit pas des seules multinationales, car comme vous le savez, une majorité de petites et moyennes entreprises souffrent de la mainmise des ces multinationales avec la sous-traitance.

Juste pour le plaisir intellectuel, je vous reporte aux travaux de Yves Clos, psychologue du travail qui explique que ce qui plombe le travail vivant, créateur de richesses, ce qui est à la source du stress des salariés, ce n’est pas le travail qu’on leur demande, ce ne sont pas tant les cadences (certes, c’est aussi cela) mais c’est le travail empêché, le travail non fait. On les empêche de faire du bon boulot.

C’est toujours la véritable provenance des problèmes, souvent masquée, souvent invisible qu’il faut rechercher, pour saisir l’essence même du stress dans le travail.

Le profit n’est pas une chose comme le sous-entendait l’article, c’est un rapport. Et un rapport est quelque chose de non tangible, qui ne se voit pas immédiatement, mais qui constitue de rapport-producteur de la chose au cours d’un processus.

2 – SUR LE PLAN POLITIQUE

A côté de la question strictement économique, le profit est un rapport de domination. S’attaquer aux profits, ce n’est pas s’attaquer aux ressources de l’entreprise, mais au travail non payé, non rémunéré. S’attaquer donc au coût du capital constitue une donnée fondamentale de la lutte pour la transformation sociale. On est loin d’une vue sur la simple « justice sociale » comme l’article le prétendait. Il s’agit donc d’une lutte politique.

5 janvier 2015 – Le journal de l’UD CGT 04 du mois de décembre 2014

Journal UD CGT 04 décembre 2014


Sommaire :

Page 1 : Edito du Collectif élections CGT 04

Page 2 : Territoriaux – Des résultats époustouflants

Page 3 : Résultats élections :
* INDECOSA CGT
* ARKEMA Saint Auban
* CPAM
* ADSEA

Pages 4 et 5 : Santé – Un résultat historique !!! 20 points devant FO et 35 points devant la CFDT.

Page 6 : Le bulletin de salaire – Pourquoi les différentes branches ?

Page 7 : Un peu d’humour

Page 8 : Projet de fusion SAMU 04 et 05

Pour consulter le journal, CLIQUER ICI